FNH N° 1054

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 10 FÉVRIER 2022

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Réseaux sociaux

◆ L’activité a connu un essor important et a besoin d’un cadre juridique dédié. ◆ L’objectif est de mieux contrôler le contenu diffusé et avoir la traçabilité des recettes générées. Faut-il un statut spécifique pour les influenceurs ? I nstagrammeur, blogueur, youtubeur, tiktokeur, twitteur, facebookeur…, ces termes étaient qua- siment inconnus il y a Par C. Jaidani

notoriété internationale. Ce sont le plus souvent des per- sonnes qui ont su capter l’at- tention grâce à une audience plus large autour de certaines thématiques (cuisine, mode, politique, criminologie, sport, religion…). D’autres sont plus généralistes et abordent les sujets au gré de l’actualité. Ils sont rémunérés par le nombre de clics, de visionnages, d’abonnés ou de followers. Synonyme de plus de recettes, la course aux clics et aux nombres d’abonnés est cepen- dant source de dérapages. Plusieurs personnes ont été poursuivies en justice à cause de la diffusion de fakenews, d’injures ou de diffamations. Ce phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur. Contrairement au secteur de la presse et des médias qui est réglementé, où les règles d’éthique et de déontologie

doivent être respectées, la plu- part des influenceurs opèrent dans l’informel et se livrent à des dérives. L’on se rappelle de l’af- faire de la youtubeuse « Mi Naima Badawya», qui a été condamnée en 2020 à 18 mois de prison avant que sa peine ne soit réduite en appel à 3 mois seulement. Les chefs d’inculpation sont «la diffusion de faux propos et allégations portant atteinte à la vie pri- vée des personnes et violation d’une décision administrative rendue légalement» . Ses avo- cats ont avancé comme argu- ments pour sa défense son ignorance et son analphabé- tisme. «Avec leur popularité, ces influenceurs sont devenus très concurrentiels des médias conventionnels. Victimes de leur succès, ils dérapent à tra- vers la multiplication de fake news ou la diffusion de discours haineux, cho- quants ou inappropriés. Excepté les conditions imposées par le réseau social concerné, il n’y a aucune restriction particu- lière pour exercer le métier d’influenceur. Il n’existe également aucune autorité de contrôle dédiée. Alors que pour les médias, la loi est très stricte à ce niveau. Les socié- tés de presse doivent répondre à un cahier des charges bien précis et les journalistes avoir le niveau et la capacité

requises. Pour les radios et les télévisions, c’est la HACA qui a les attributions du contrôle, et pour la presse c’est le Conseil national de la presse (CNP). Il est temps d’imposer un statut d’influenceur, surtout lorsque la personne concernée exerce l’activité à titre professionnel», souligne Nabil Haddaji, avocat au barreau de Casablanca. Outre les revenus générés via les réseaux sociaux et qui font l’objet de virements, les influenceurs perçoivent des recettes de sponsoring et de publicité au niveau national. Ces recettes échappent au fisc car ces personnes exigent qu’elles soient rémunérées en espèce. «Ces influenceurs génèrent également des recettes impor- tantes. Il est donc primordial tracer ces revenus. Car cer- tains d’entre eux peuvent percevoir des fonds de par- ties hostiles à notre pays et diffuser un contenu qui porte atteinte à la nation. Sur le plan fiscal, une fois leur statut fixé, ils seront dans l’obligation de déclarer leurs revenus et payer les impôts» , ajoute Haddaji. Il est à rappeler qu’en 2019, l’Office des changes avait, dans le cadre de sa mission de contrôle, adressé des lettres aux personnes physiques et morales qui exportent des ser- vices et reçoivent des devises de façon informelle pour qu’elles se conforment à la réglementation en vigueur. ◆

peu. Mais au fil du temps, les réseaux sociaux ont connu une forte ascension tant par le nombre de personnes qui s’y intéressent que par leur utilité et leur popularité. Certaines personnes pra- tiquent ces activités pour le plaisir, d’autres comme métier. Grâce aux recettes qu’elles assurent, c’est toute une économie qui a émergé dans un laps de temps réduit, au point qu’elle a été investie par les superstars, notamment les sportifs, les artistes et les hommes politiques. Comme tout secteur, ce domaine a généré des «cham- pions» , dont certains ont une

Synonyme de plus de recettes, la course aux clics et aux nombres d’abonnés a engendré quelques dérapages.

Évoquant le prin- cipe de la liberté d’expression, cer- tains influenceurs peuvent diffuser un contenu choquant ou inapproprié.

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