FNH N° 1041

F OCUS AGRICOLE

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MERCREDI 27 OCTOBRE 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Poulets de chair

◆ Le prix du poulet a quasiment doublé par rapport à la normale. ◆ Les professionnels appellent à l’instauration d’un système de régulation de l’offre produit en amont de la filière. La pénurie de poussins dévoile un problème structurel du secteur

mais cela n’explique pas totalement cette flambée des prix. «A cause du manque de visibilité, les accouveurs n’ont pas jugé opportun d’augmenter la production de poussins. Leur offre a

département de tutelle d’interve- nir auprès des accouveurs. Ces derniers, au nombre d'une qua- rantaine seulement, sont regrou- pés au sein d’une association en amont de la chaîne et sont donc plus faciles à contrôler. Pour l’intérêt des producteurs et aussi des consommateurs, ils doivent produire le poussin en fonction des besoins du pays. Malheureusement, depuis plus de 6 ans, les accouveurs n’ont jamais trouvé une formule d’en- tente pour réguler le marché. Parfois, ils se livrent une bataille acharnée en cassant les prix dans le seul dessein d’évincer leurs concurrents et monopoli- ser le marché. Les autorités refusent d’interve- nir, arguant que s'agissant d’un problème interprofessionnel, il faut trouver un terrain d’entente. L’absence d’une solution pérenne crée une alternance de cycles de surproduction et d’autres de sous-production. Résultat : des pertes considé- rables sont à déplorer pour tous les intervenants (accouveurs, éleveurs, consommateurs ainsi que l’Etat). Reste à signaler que lors des périodes de surproduction, les accouveurs produisent beau- coup plus que les besoins du pays. Bien qu'obligés d’alimen- ter les poussins avec du soja et du maïs importés et payés en devises, ils sont contraints par- fois de détruire les œufs dans les incubateurs. ◆

L’absence d’une solution pérenne crée une alternance de cycles de surproduc- tion et d’autres de sous-productions.

sensiblement baissé, générant une hausse du prix des pro- duits. Il a atteint un pic de 7 DH/ unité, dépassant largement la moyenne de 2 DH. Etant donné que la période d’engraissement des poussins est de 45 jours au minimum, cela nécessite donc des charges importantes. Au final, le coût de production grimpe considérablement, sans qu’il y ait une garantie concer- nant la marge bénéficiaire. Du coup, de nombreuses exploi- tations, notamment celles de petites et moyennes tailles, ne voient pas d’intérêt à investir. Seuls les grands exploitants qui possèdent une assise finan- cière solide peuvent prendre ce risque» , souligne un profession- nel de la filière avicole. La pénurie de poussins a mis l’accent sur une problématique structurelle du secteur avicole, marquée par de fortes fluctua- tions de l’offre. Un système de régulation s’impose. Car il est difficile de mettre en place une stratégie efficace en aval de la chaîne tant que la filière regroupe plus de 6.000 exploitants répar- tis dans toutes les régions agricoles. Les professionnels de l’activité ont demandé au

«L’offre est faible par rapport à la normale. Sous l’effet de la crise, de l’endettement et du renchérissement des intrants, plusieurs fermes ont cessé leurs activités. Par le passé, le secteur avait connu de tels phénomènes, mais pas de cette ampleur. La hausse semble durer dans le temps. Cela a eu un impact direct sur notre commerce, avec une baisse notoire du volume vendu», témoigne Abdallah Lahrizi, marchand de poulets au marché Jmiaâ de Derb Soltane. En effet, le secteur avicole est victime d’une fluctuation de la production. En dépit de plu- sieurs mesures prises dans le cadre du contrat-programme signé entre les professionnels et l’Etat, la filière n’arrive toujours pas à stabiliser l’offre. Certes, les cours du soja, du maïs et du colza (principaux pro- duits utilisés dans les aliments composés) ont plus que dou- blé dans les marchés mondiaux,

D epuis l’été, les prix du poulet de chair ont connu une nette flam- bée. Actuellement, ils se situent, selon les régions, dans une fourchette comprise entre 16 et 18 DH (départ ferme). A titre d'exemple, à Casablanca, ils s'affichent à 16 DH, 17 DH à Rabat et Marrakech, 18 DH à Nador, Oujda et Laâyoune. Pour les prix de gros, ils évo- luent entre 17 et 20 DH. Au final, du côté des consommateurs, les prix atteignent de 18 à 22 DH, soit quasiment le double en comparaison à la période du printemps. En dépit des appels des associa- tions de protection des consom- mateurs au gouvernement pour une intervention, la situation semble perdurer et il est difficile d’imaginer un retour à la nor- male dans les jours à venir. Par C. Jaidani

Les autorités refusent d'in- tervenir, arguant que s'agis- sant d'un problème interprofes- sionnel, il faut trouver

un terrain d’entente.

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