Hors-serie 38

communications (ANRT) ont lancé le m-wallet en novembre 2018. Cette co- entreprise est un partenariat entre des banques, d’autres institutions finan- cières et des opérateurs de télécommu- nications. En plus d’offrir les services de base que sont le retrait et le dépôt d’argent, elle permet à ses clients d’ef- fectuer des paiements et des virements bancaires. Cette initiative a pour but de stimuler l’inclusion financière, qui reste inférieure à celle d’autres économies comparables ». Mais les paiements mobiles ne consti- tuent que la première étape. Forts de leur succès en Afrique, les opéra- teurs télécoms commencent désormais à proposer des services bancaires plus sophistiqués, tels que les comptes de dépôt et d’épargne, le prêt entre parti- culiers et le microcrédit, et même des produits de placement et d’assurance. Pour ce faire, ils concluent des par- tenariats avec des institutions finan- cières et, dans certains cas, envisagent même d’obtenir une licence bancaire. Le même cas se retrouve au Maroc où Bank Al-Maghrib délivre des agréments d’établissements de paiement pour les opérateurs télécoms. Au final, les services financiers mobiles ont facilité la vie des clients et, pour certains, leur ont même donné accès à des services qui leur étaient auparavant inaccessibles. Néanmoins, il y a encore du chemin à parcourir avant que les clients puissent avoir accès à des services parfaitement fluides et intégrés. u

Lancé en mars 2007, le ser- vice M-Pesa a révolutionné la manière dont les Kenyans gèrent leur argent. Dix ans après son lancement, M-Pesa comptait 30 millions de clients dans 10 pays.

et la Côte d’Ivoire, respectivement hui- tième et neuvième du classement en matière d’utilisation des services finan- ciers mobiles (voir graphe). De nombreux gouvernements africains reconnaissent désormais l’impact des services financiers mobiles sur la trans- formation de la société et lancent des initiatives pour accompagner leur déve- loppement. Dans le même temps, ils doivent faire en sorte que les consommateurs bénéfi- cient d’une protection adéquate et d’un système stable. Comme l’explique Abdou Diop, « au Maroc, la Banque centrale et l’Agence nationale de réglementation des télé-

indique le cabinet.

Royaume-uni : Un leader européen

L’indice des paiements mobiles de Mazars présente le Royaume-Uni comme un véritable pionnier à l’échelle de l’Eu- rope. Un résultat qui s’explique surtout par le score élevé du pays en matière de réglementation et d’infrastructures. L’approche par « Sandbox » promue par les organes de réglementation britan- niques semble favoriser efficacement l’innovation. « L’adoption des terminaux de paiement mobile par les commer- çants est rapide. Dans certaines zones commerciales prestigieuses, des com- merçants acceptent même Alipay et WeChat Pay pour faciliter la vie à leur clientèle asiatique. En parallèle, les clients désertent peu à peu les agences bancaires, préférant la simplicité des services financiers mobiles », lit-on dans le rapport. Afrique : Terre d’opportunités Au cours de la dernière décennie, l’Afrique est devenue un leader mon- dial en matière de services financiers mobiles. De fait, plus de la moitié des entreprises mondiales de services financiers mobiles sont présentes sur le continent, indique-t-on dans l’étude. L’indice de Mazars reflète ce phéno- mène : plusieurs pays obtiennent de bons scores concernant les infrastruc- tures, la réglementation et la culture numérique. En tête de file, le Kenya

Le cas M-Pesa

Lancé en 2007 par le principal opérateur de téléphonie mobile Safaricom, M-Pesa est immédiatement devenu populaire et a augmenté considérablement l’accès des Kenyans aux services financiers. C’est en partie grâce au succès de ce service de paiement mobile que le taux d’inclusion financière des Kenyans est passé de 27% en 2006 à plus de 75% en 2018. «Le cas du Kenya est très particulier. Quand M-Pesa, la plateforme de services financiers de l’opérateur kényan Safaricom s’est installée, le taux de bancarisation au Kenya était de l’ordre de 3 ou 4%. En face, une large partie de la population possédait un téléphone mobile. Ce sont les principales raisons derrière cette success-story», nous expliquait Samira Khamlichi, PDG de Wafacash et présidente de l’Association professionnelle des établissements de paiement. Il faut souligner un autre élément qui a favorisé le succès de ce système : il s’agit de la position réglementaire adoptée par la Banque centrale du Kenya, qui a décidé de ne pas s’opposer à l’arrivée de l’opérateur téléphonique dans le secteur financier, du moment qu’il offrait des garanties suffisantes. Plus de dix ans après son lancement, M-Pesa comptait 30 millions de clients dans 10 pays. Aujourd’hui, 96% des familles vivant en dehors de la capitale, Nairobi, ont au moins un compte M-Pesa.

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FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°38 ]

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