ARTS ET CULTURE
Poésie et francophonie avec Éric Charlebois
STÉPHANE LAJOIE stephane.lajoie@eap.on.ca
le jeune homme qui s’est donné naissance, et qui doit laisser aller l’enfant en question. Il n’a plus le choix, l’enfant est révolu, parti, trucidé. Il y a ce compostage à savoir que lorsque l’on donne naissance, instantané- ment on donne la mort, avec la naissance d’un être inévitablement mortel.» Poète de chaque jour et grand amateur des Bruins, Éric Charlebois invite la popula- tion à franchir lemur invisible qui la sépare des livres, question de dépoussiérer de vieux
De l’enseignement à l’équipement de sports en passant par la traduction et l’écri- ture narrative, Éric Charlebois a plusieurs cordes à son arc de création. Accoucher de son dernier recueil n’a pas été une tâche facile pour celui qui s’était lancé le défi d’écrire un manuscrit en un mois. «Du 1 er au 31 janvier 2013, j’ai écrit chaque jour et en a découlé le manuscrit en ques- tion, qui était crissement rough , a-t-il dit sans retenue. Compost-Partum n’a pas été le plus difficile des recueils à écrire, mais bien le plus difficile à relire et à ajuster, un exercice que je fais rarement. Je suis un gars, même si je n’aime pas le mot car il est galvaudé, de
classiques ou de découvrir ceux à l’encre plus fraîche, voir virtuelle. «Au salon, je déteste être assis à une table et signer des dédicaces, car ça fait vitrine d’Amsterdam et c’est dégueulasse, a-t-il conclu. J’invite les gens à prendre le livre et à le feuilleter, pas besoin de l’acheter. Sachant que tu peux prendre un livre et que l’auteur ne va pas t’achaler et qu’il est content que tu aies eu l’audace de prendre son livre, c’est ça que l’on recherche.»
L’écrivain de Hawkesbury, Éric Charle- bois, sera l’invité d’honneur représentant l’Ontario français lors du Salon du livre de l’Outaouais, qui aura lieu le 26 février pro- chain au Palais des congrès de Gatineau. Un habitué des salons du livre avec ses huit recueils de poésie, dont son tout dernier Compost-Partum , publié à l’automne 2014, le poète compte bien faire la promotion de la littérature à samanière, avec une touche sociale, sans prétention et qui fait grincer pour le meil- leur et pour le pire. «J’ai pour mon
dire qu’il faut être plus en faveur de ce qu’on est que contre ce que l’on n’est pas, a-t-il indiqué. Je suis pro-franco, mais
manière surréa- liste, mais réglée. Cela a fait du bien à écrire, mais pas du bien à relire.» Abordant les rapports
je ne suis pas anti-anglais pour autant. Je suis parfaite-
mère-fils enfant, mère-ado- lescent et enfin le rapport entre l’homme et l’enfant qu’il était,
Compost-Partum
ment bilingue, je travaille même en tra- duction. Très jeune, j’ai commencé à lire des textes de chansons en anglais et, je n’ai pas honte de le dire, la vaste majorité de ce que j’écoute est en anglais. Mes bands, c’est les Pink Floyd des années 1970. Et après les épisodes de Paris, ne croyez-vous pas que nous avons besoin d’un certain discours d’inclusion? Il ne faut pas flipper.»
Compost-Partum est un recueil qui frappe par son pouvoir de réflexion, son humour à plusieurs niveaux et ses vers qui font grincer des méninges et des dents. «Pourquoi Compost-Partum ? À cause de la douleur d’avoir donné naissance, du vide qui est là, a-t-il expliqué. Et ce n’est pas uniquement pour la mère, mais aussi pour
Même s’il est un amateur des Bruins qui déteste le Canadien jusqu’au plus profond de son âme, l’écrivain Éric Charlebois est le bienvenu au Québec pour le Salon du livre de l’Outaouais, où il est l’invité d’honneur cette année.
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