Ère magazine édition aout 2021

TRIBUNE LIBRE

Frédérique Perler a étrenné sa fonction de maire de Genève en accueillant Joe Biden et Vladimir Poutine lors du sommet du 16 juin dernier. Evénement planétaire pour celle qui pense d’abord local. MIEUX VIVRE ENSEMBLE

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différents, qui ont leur identité propre et qui témoignent aussi de l’histoire de la ville. Il s’agit donc de construire la ville nouvelle en harmonie avec la ville existante, en développant le potentiel des espaces publics avec des aménagements conviviaux et mieux végétalisés, pour le bénéfice de la population. Est-ce que l’on roulera tous à 30 km/h, cyclistes compris, comme à Fribourg où cette limitation de vitesse va toucher 75% du réseau routier com- munal d’ici la fin de l’année ? Depuis mon entrée en fonction au sein de l’exécutif de la Ville, je revendique une circulation apaisée et je me bats pour le 30 km/h de jour comme de nuit sur l’ensemble du territoire communal. J’ai fait valider cet objectif par le Conseil administratif et ce thème figure parmi mes principaux points de discussion avec l’Etat de Genève. Pourquoi ? Parce que Genève souffre des phénomènes que sont le bruit et la pollution, avec une circulation beaucoup trop importante en comparaison avec d’autres villes suisses. Cela fait plus de soixante ans que la voiture est reine à Genève. La ville actuelle, la ville contemporaine s’est construite autour des véhi- cules automobiles et je considère qu’il est aujourd’hui essentiel de laisser la place aux piétons et aux cyclistes, à des moyens de locomotion qui sont non polluants, bénéfiques pour la santé et qui ont été laissés pour compte jusqu’à présent. C’est une ville de courtes distances et ce n’est que justice que tout le monde puisse s’y déplacer à vélo, à pied ou en utilisant les transports publics. Ces derniers étant un secteur dans lequel l’Etat investit énormément. La mobilité douce est donc un point très important à mes yeux. C’est l’avenir ! La priorité est de donner de la place et des moyens aux modes de déplacement sobres en carbone qui n’en ont pas eu jusqu’ici. Cela doit faire grincer des dents du côté des motards et des automobilistes ! Bien sûr qu’ils grincent des dents et je les comprends ! Mais c’est toujours la même chose… Quand on laisse un espace vide, il y a quelqu’un qui s’en empare alors que d’autres ont de la peine à revendiquer leur place. Or une ville adaptée aux enjeux environnementaux et de santé publique doit être conçue prioritairement pour les piétons, les cyclistes et les transports publics.

Son bureau au rez-de-chaussée donne sur une ter- rasse dont le gravier a été remplacé par des carrés de prairie. Frédérique Perler y a aussi aménagé un hôtel pour insectes et des pierres pour les lézards. Ainsi, dit-elle, les papillons reviennent. La maire de Genève est une fervente adepte de la biodiversité et de la mobilité douce. Frédérique Perler, vous inscrivez votre année de mairie dans une thématique très positive : «Rêver et habiter la ville de demain ». Comment la voyez-vous, comment la rêvez-vous, la Genève de demain ? Je rêve d’une ville apaisée. Genève est une très belle ville d’eau, bien arborisée, même si je souhaite qu’elle le soit toujours davantage. Il y a une qualité de vie bien réelle, mais qui doit être renforcée en termes d’aménagement, de construction et de mobilité pour que chacun et chacune puisse y trouver davantage de sérénité.

«J’aimerais que la population puisse dire : voilà, la ville est en train de changer et les autorités tiennent compte de notre avis et de nos attentes. »

Frédérique Perler, Maire de Genève

Donc une Genève plus végétale? Certains quartiers sont, il est vrai, un peu arides, comme les Pâquis par exemple, même si le lac est proche. Mon ambition est de pouvoir faire le lien entre l’eau, la vé- gétation et les immeubles existants. Afin qu’on puisse déambuler, travailler, vivre, élever ses enfants, promener son chien sans être importuné par le trafic, le bruit et la pollution. J’aimerais souligner l’importance des espaces publics de qualité dans une ville construite, parce qu’ils permettent la rencontre, les marchés, les rassemble- ments, les spectacles, en somme le vivre-ensemble. Cela peut être une place comme la plaine de Plainpalais ou un parc comme celui des Bastions. Des lieux très

èremagazine | août 2021

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