Ère magazine édition aout 2021

QUESTIONS EXPRESS À FRÉDÉRIQUE PERLER

Votre retraite idéale? Je n’en sais encore rien… Dans ma vie, les choses arrivent comme elles doivent arriver. Le porte-bonheur qui ne vous quitte pas? C’est une boule d’ambre. Je devais avoir une vingtaine d’années quand je l’ai reçue. Elle symbolise l’éternité, l’énergie solaire, les liens forts qu’on peut avoir. Je l’ai toujours avec moi dans mon sac. Votre surnom quand vous étiez petite, et pourquoi ? Mon surnom, c’était « la grande », car j’étais plus grande que les autres, mais aussi parce que j’avais déjà beaucoup d’ambition. Votre gros mot favori ? Cratapox ! Cela peut prendre tous les noms d’oiseaux que vous pouvez imaginer, rassemblés en un seul terme que personne ne comprend sauf moi ! Votre dernier coup de cœur ? C’est quand je suis allée visiter Oerlikon, à Zurich. Ils ont imaginé une construction végétalisée spectaculaire sur l’espace occupé autrefois par l’usine Maschinenfabrik Oerlikon. C’est très beau et apprécié autant par les touristes que par la population. Si vous ne deviez manger qu’un seul aliment pendant un mois? La spiruline. Au moins, cela me maintiendrait en santé. Il paraît qu’il y a tout dans la spiruline.

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Quels sont les projets en cours qui vous sont chers en matière de mobilité et d’aménagement, vous qui êtes en charge de ce département ? Je voudrais achever un véritable maillage cyclable pour qu’on puisse se déplacer en toute sécurité sur des pistes cyclables de qualité, c’est-à-dire suffisamment larges, et non pas ces petites bandes ridicules qu’on a connues jusqu’à présent. Dans les projets en cours, je songe aussi à ce qu’on appelle un «maillage piétons ». Il s’agit d’une carte qui permet de se déplacer en ville sur des trottoirs suffisamment confortables pour qu’on s’y sente en sécurité, une carte qui indique comment se rendre d’un point à un autre, si possible à l’ombre, par le chemin le plus simple ou le plus rapide. Le trajet n’est en effet pas le même que pour les voitures. Jusqu’ici la ligne droite était privilégiée pour ces dernières. Je souhaite que la ligne droite soit aussi possible pour les cyclistes et les piétons. Avec le 30 km/h, il y aura également moins de bruit, ce sera donc plus agréable de se déplacer en ville à pied ou à vélo. Ce sera aussi naturellement moins bruyant pour les habitants. On n’a pas idée de ce que représente le coût de la voiture pour les collectivités publiques, en termes d’entretien des routes, mais aussi de nuisances, de pollution et de santé publique. Quand on est soucieux de l’environnement et du bien-être de la population, il est normal de revendiquer ce droit à la santé, au sommeil, ce droit à une ville apaisée. Il y aura cependant toujours quelques véhicules automobiles, par exemple pour les personnes à mobilité réduite, pour les artisans ou encore les livraisons. D’autres projets? Oui, Genève a lancé plusieurs grands projets avec des enjeux importants pour la population et la région. L’agrandissement de la gare Cornavin, par exemple. L’ambition est d’y créer un espace public de qualité qui doit permettre le passage quotidien de 100 000 voyageurs et qui sera aussi un lieu de rencontre, un lieu agréable pour les habitants des quartiers environ- nants. La place Cornavin sera notamment libérée des voitures. Ce qui est loin d’être le cas actuellement. Et puis, en matière de logement, il y a le vaste projet Praille-Acacias-Vernets, projet qui est en train de dé- marrer et qui va nous occuper jusqu’en 2050, au moins. Là, mon ambition est de réaliser d’abord des espaces

Frédérique Perler, Maire de Genève, démontre que l’écologie est faite d’actes concrets et non pas de paroles en l’air.

publics et de construire des logements ensuite. On fait l’inverse, d’habitude. Les futurs habitants verront donc les espaces publics avant les bâtiments. Votre entrée en fonction à la mairie a eu lieu quelques jours à peine avant la venue à Genève des présidents Biden et Poutine. Et vous vous êtes retrouvée sur le tarmac de l’aéroport parmi les prin- cipaux membres du comité d’accueil du président américain! Quelle entrée en matière ! C’était un grand honneur, une chance, une fierté d’avoir pu représenter Genève à cette occasion. Quand on at- tend sur le tarmac et qu’on voit atterrir Air Force One, on prend la mesure de l’importance de l’événement : c’est le président des Etats-Unis qui va descendre de son avion et que nous allons donc accueillir. C’est une émotion, forcément ! Pour moi, le temps s’est suspen- du durant quelques minutes. Quelle serait, à part cela, la plus belle chose qui puisse vous arriver durant cette année que vous allez passer à la mairie? C’est que les citoyens aient du bonheur à vivre dans cette ville de Genève! J’aimerais que la population puisse dire : voilà, la ville est en train de changer et les autorités tiennent compte de notre avis et de nos attentes.

Deux lieux réaménagés «nature» prisés par Frédérique Perler

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