Ère magazine édition aout 2021

FOCUS PRODUITS

COMMENT PARLER DE PRÉVOYANCE AUX JEUNES ADULTES?

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DE NOMBREUX OBSTACLES

Entrer dans l’âge adulte et débuter une activité rémunérée impliquent de nouvelles responsabilités. Les jeunes qui quittent le domicile familial doivent entreprendre de nombreuses démarches : trouver un logement et le meubler, établir un budget, remplir une déclaration fiscale, etc. Dans le même temps, ils souhaitent profiter de la vie et ont de nombreuses envies : sortir, voyager, consommer, s’engager. Dans le tourbillon de cette nouvelle existence, économi- ser n’est souvent pas à l’ordre du jour et préparer sa retraite reste une lointaine perspective.

Un des principaux obstacles au fait de cotiser pour sa retraite est bien entendu la faiblesse des revenus des jeunes qui débutent leur vie professionnelle et les frais importants auxquels ils doivent faire face pour commen- cer à vivre de manière indépendante. Cependant, par- mi les jeunes travailleurs ayant les capacités financières de constituer une épargne-retraite, peu nombreux sont ceux qui le font effectivement. Les raisons de bouder la prévoyance sont à chercher ailleurs. Certains évoquent leur volonté de ne pas se priver et de profiter de leur jeunesse. Ils estiment que, plus tard, ils gagneront da- vantage et pourront alors économiser. Il s’agit d’un biais cognitif théorisé par Daniel Kahneman, selon lequel les individus préfèrent les gains faibles et immédiats (le plai- sir de dépenser), au détriment de gains futurs, même plus importants. Le deuxième phénomène qui empêche le passage à l’acte est l’absence de sentiment d’urgence. Lorsqu’un jeune débute sa carrière, il a devant lui environ quarante ans durant lesquels il pourra cotiser. De ce point de vue, commencer le financement de sa prévoyance un an plus tôt ou un an plus tard ne semble pas faire de diffé- rence. C’est ainsi que de nombreuses personnes sont conscientes qu’elles devraient conclure un 3 e pilier A, mais procrastinent d’année en année. Le troisième phénomène à prendre en compte est le manque de connaissances, réel ou perçu. Le thème de la prévoyance est très peu, voire pas du tout abordé dans les cursus scolaires. Ce que les jeunes adultes connaissent, ils l’ont souvent appris par petites touches au gré des occasions. Ils ne savent donc pas avec cer- titude comment préparer leur retraite, quels produits choisir et avec quel partenaire. Cette méconnaissance conduit à l’inaction.

UNE VRAIE PRÉOCCUPATION MAIS PEU D’IMPACT

Contrairement aux apparences, les jeunes adultes sont sensibles au thème de la prévoyance. Le Baromètre des jeunes, réalisé par le Credit Suisse en juin et juil- let 2020, montre que la prévoyance vieillesse est la principale préoccupation des Suisses de 16 à 25 ans. 47% des répondants ont identifié le financement de la retraite comme l’un des cinq problèmes les plus importants pour eux. Ce sujet passe devant la crise de la Covid-19 et ses conséquences ! Pourtant, selon différentes études, seuls 20 à 30% des 18-24 ans ali- mentent régulièrement un 3 e pilier A. Il n’existe pas de statistiques pour le 3 e pilier B, mais ce pourcentage est certainement beaucoup plus bas. Comment expliquer que, malgré leur conscience de la problématique, si peu de jeunes investissent dans un produit de prévoyance ? Notamment dans le 3 e pilier A qui permet pourtant à son détenteur de bénéficier d’avantages fiscaux? Les réponses sont multiples.

èremagazine | août 2021

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