Ère magazine, édition avril 2021

TRIBUNE LIBRE

L’UNI FAIT LA FORCE

Pour rester compétitives, les Hautes écoles doivent continuer à collaborer entre elles et participer aux programmes européens, estime Yves Flückiger.

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à celles et ceux qui travaillent pendant leurs études ou qui ne peuvent pas être présents à Genève.

Le recteur de l’Université de Genève est aussi, de- puis février dernier, président de swissuniversities, l’organisation faîtière des Hautes écoles suisses. A ce titre, il a une connaissance approfondie du sys- tème universitaire du pays. En ces temps de Covid-19, comment l’Université de Genève (UNIGE) s’est-elle organisée? L’année 2020 a été très difficile pour les étudiantes et étudiants qui, du jour au lendemain, ont dû basculer d’un enseignement en présentiel à des cours à dis- tance, d’abord en mars puis, à nouveau, en novembre. Elle l’a aussi été pour le corps enseignant qui a déployé des trésors de créativité pour réinventer les contenus de ses cours et trouver de nouvelles manières d’en- seigner afin de pouvoir donner ses cours à distance. Quant aux chercheuses et chercheurs de nombreuses disciplines, ils ont été très sollicités en tant qu’experts pour conseiller les autorités sanitaires et politiques. J’ai été très impressionné par la capacité de résilience dont les uns et les autres ont fait preuve.

En tant que président de swissuniversities, quelle est votre vision du monde universitaire suisse aujourd’hui ? Le système de formation suisse est remarquable. Il a pu se construire sur différents piliers : les HES (Hautes écoles spécialisées), les HEP (Hautes écoles profes- sionnelles), les universités et les EPF (Ecoles polytech- niques fédérales). Ces institutions sont complémen- taires et elles offrent en outre une grande fluidité, car il existe de nombreuses passerelles permettant de pas- ser de l’une à l’autre. Le système suisse est aussi très ouvert – c’est l’une de ses forces – ce qui lui permet d’affronter la concurrence à l’échelle internationale et de chercher des financements européens. La Suisse, en proportion de sa population, a d’ailleurs obtenu beaucoup plus de financements de ce type que bien des pays de l’Union européenne. La place des universités suisses en Europe et dans le monde est donc bonne? Elle est excellente. La preuve en est donnée par le clas- sement de Shanghai qui établit un palmarès des cent meilleures universités du monde. Depuis 2016, cinq des Hautes écoles suisses se trouvent dans ce top 100 : l’EPFZ, en tête, les universités de Zurich et de Genève, au coude à coude parmi les 60 premiers, et légèrement en retrait, l’EPFL et l’Université de Bâle. Globalement, cela signifie que quasiment les deux tiers des étudiants suisses, qui suivent des cours dans ces cinq institutions, sont formés dans l’une des meilleures universités au monde (alors qu’aux Etats-Unis, les meilleures univer- sités n’accueillent que 5 à 6% des étudiants du pays). Ils ont donc la chance de pouvoir accéder à une très bonne formation, tout en payant des taxes qui restent très modestes, en comparaison internationale. On voit aussi qu’en ces temps de pandémie, le modèle suisse résiste bien mieux que d’autres, car il est basé sur des financements publics. Comment les universités doivent-elles évoluer pour rester compétitives? La première condition est de pouvoir rester dans les pro- grammes européens de recherche. Ils permettent aux

«Cinq des Hautes écoles suisses, dont l’Université de Genève, se trouvent dans le top 100 des meilleures universités du monde. »

Yves Flückiger, Recteur de l’Université de Genève

Pensez-vous qu’à l’avenir, l’enseignement à dis- tance pourrait se généraliser ? Les universités ont pour vocation d’être des lieux de rencontres entre les étudiants et leurs enseignants et entre les chercheurs. Ces contacts ne pourront jamais être remplacés. Toutefois, la situation que nous avons traversée laissera sans doute des traces. Dans l’ensei- gnement à distance, il y a des éléments positifs que l’on pourra retenir et qui seront utiles pour enrichir en- core l’apprentissage des étudiants. Je pense surtout

èremagazine | avril 2021

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