FNH N° 1112

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 8 JUIN 2023 28

DEVELOPPEMENT DURABLE

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Hydrogène

◆ La certification hydrogène sera exigée aux exportateurs locaux vers l’UE. En atten- dant le démarrage de la production marocaine, il est recommandé de se faire pré-certi- fier. Présentation d’une exigence qui risque de peser sur la compétitivité du Maroc. Il va falloir se faire certifier pour exporter vers l’UE

C'est du moins ce qui ressort du mas- terclass organisé dernièrement par le cluster Green H2 à Casablanca, en col- laboration avec l’AMDIE, sur la certi- fication de l’hydrogène et des e.fuels. «La certification sera obligatoire pour exporter vers le nouveau marché qui se crée actuellement en Europe autour de l’utilisation de l’hydrogène renouvelable dans le secteur des transports» , a expli- qué Mathieu Boisson, Manager France chez Hinicio, qui a animé le séminaire. Et d’ajouter qu’ «il faudra en moyenne entre 45.000 et 60.000 euros par pré-certifica- tion» , en réponse à l’interrogation d’un des acteurs de la filière verte au Maroc, venu se former aux enjeux concrets de la certification Green H2 et aux normes applicables à cette énergie d’avenir.

Par A. Diouf

Ç a se corse pour les acteurs du marché naissant de l’hydro- gène vert au Maroc ! Disons pour les futurs producteurs et exportateurs de power- to-x installés dans le Royaume. En plus du passage obligé par le des- salement d’eau de mer pour produire massivement cette énergie bas carbone qui, semble-t-il, offre de belles pers- pectives d’avenir, il va falloir, en effet, passer par la case «certification» pour exporter vers l’UE, le principal marché visé par le pays. Et la compétitivité de l’hydrogène vert «Made in Morocco» risque d’en prendre un sérieux coup !

La tutelle s’est déjà saisie de la question

«Ce n’est pas sûr que ce soient ces prix-là qui seront appliqués au Maroc. Sinon, il y a très peu de chance que les PME investissent ce créneau» , com- mente un des participants. En tous cas, le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable se serait déjà saisi de la question. Pour mettre en place un système de certification hydrogène adapté au contexte maro- cain, le département de Leïla Benali aurait mandaté la GIZ pour mener une

Trois questions à Mathieu Boisson, Manager France chez Hinicio

Finances News Hebdo : Pourquoi parler de la certi- fication hydrogène maintenant au Maroc ? N’est-ce pas prématuré ? Mathieu Boisson : La certification, c’est le miroir d’un mar- ché. Elle répond à la question : que va-t-on pouvoir vendre en Europe ? A ce titre, il faut prendre en considération toutes les règles liées à la certification. Et il faut le faire le plus tôt possible dans le développement des projets. C’est ce que nous conseil- lons, parce que cela va influer la manière dont le projet est conçu et la manière dont il est produit. A notre sens, c’est quelque chose qui doit être pris en compte le plus tôt possible. Cela ne veut pas dire forcément qu’il faut être certifié, mais plutôt qu’il faut comprendre les règles du jeu pour être capable de jouer.

ment dans sa troisième phase de développement. Alors qu’au Maroc, il n’existe pas encore de marché de l’hydrogène. La pré-certification va donc permettre aux futurs produc- teurs d’hydrogène vert dans le pays destiné à l’exportation d’être sur la bonne trajectoire dès l’entame de leurs projets. Ils gagneront ainsi énormément de temps pour décrocher la certification dès que le marché le permettra. F.N.H. : Y a-t-il un lien entre l’initiative CertifHy et le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières ? M. B. : En effet, cette démarche peut être, plus tard, rebou- clée avec le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). Mais ce qu’il faut retenir, c’est que la certification

hydrogène est rendue obligatoire pour exporter vers le nouveau marché qui se crée actuellement en Europe autour de l’utilisation de l’hydrogène renou- velable dans le secteur des transports (bateaux, avions, etc.) et de l’industrie (raffinerie), conformément à la directive européenne sur les énergies renou- velables. ◆

F.N.H. : En Europe, vous parlez de certification alors qu’au Maroc vous utilisez le terme de pré-certification. Peut-on savoir pour- quoi ? M. B. : L’initiative CertifHy existe en Europe depuis 2017 et se trouve actuelle-

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