FNH N° 1014 HD

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TRIBUNE LIBRE

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 12 MARS 2021

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En outre, si ceux qui sont retenus au concours rejoignent la formation au COPE, ils vont être libérés des classes en milieu d’année et leurs élèves res- pectifs ne bénéficieraient pas de leur enseignement. Ils auraient une for- mation qui est actuellement dimen- sionnée pour une promotion de 30 stagiaires en orientation (gonflée pour 380 et sans moyens additionnels). Il faut dire aussi que ces 380 prévus admis vont laisser leurs classes à juste trois mois de la fin de l’année scolaire. En fait, l’enseignement sera principalement à distance et pour à peine la moitié de la durée normale de formation. Un minimum d’organisation aurait permis l’orga- nisation (justement la planification qui manque) du concours à un moment plus adéquat. La multiplication des effectifs de recrutés par 12 sans moyens conséquents ! Il n’y a pas si longtemps, nous avons connu un ministre de l’Education qui, pratiquement, considérait que les orienteurs ne «faisaient rien» et leur formation n’est pas une priorité. Nous avons, aussi, vécu des tenta- tives de déplacer» la formation du COPE vers des institutions à vocation pédagogique sans expérience avec le domaine de la planification ou de l’orientation, etc. Aujourd’hui, nous avons affaire à un département de l’Education qui considère qu’il existe un déficit en cadres de l’orientation, au point de multiplier les effectifs des recrutés par 10. Formidable ! Sur la valorisation de l’orientation ou la pla- nification un consensus existe. Après beaucoup d’incertitudes, le COPE a entamé une discussion avec le ministère (l’Unité de coordination). Une longue période de débat et de discussions a été couronnée par un séminaire sur la réforme du COPE le 3 et 4 mars 2020. Ce séminaire a connu la participation d’un grand nombre de professionnels, non seulement dans les domaines de la planification et l’orientation, mais aussi de certains centres de formation des cadres affi- liés au ministère et des décideurs des niveaux provincial, régional, central. Les principes et les composantes de la réforme ont été consignés dans

Comment expliquer que malgré les efforts dans la conception des politiques éducatives et les moyens plus ou moins importants mobilisés, les objectifs de la réforme sont restés hors de portée ?

une synthèse mise à la disposition du ministère. Les modalités de la réforme ont été détaillées, mais résu- més en quatre axes : i. La consolidation des ressources humaines mises à la disposition de la formation au COPE - pas les doubles emplois ! –, dans les disciplines qui portent sur le cœur des métiers de l’orientation et de la planification de l’éducation. ii. L’engagement de l’amélioration qualitative et le côté pratique de la formation au COPE (stages, situation de formation pratiques…). iii. L’adoption d’un statut qui permet de promouvoir l’autonomie de gestion de l’établissement et ses ressources financières. L’efficacité de la gestion éducative ne peut être assurée par une gouvernance basée sur des circu- laires, pas toujours pertinentes et bien informées. iv. Autoriser et permettre au COPE de se situer à une économie d’échelle plus large et travailler pour l’ensemble des besoins du secteur éducatif et de la formation. Une première conséquence de ce qui a été adopté suppose un travail fin et approfondi sur les profils à recruter. Ceci a été ignoré et les premières mesures prises par le ministère au niveau central vont à l’encontre de la réforme et des orientations adoptées collectivement. La multiplication des effectifs des recrutés sans moyens

conséquents fait courir de grands risques de détérioration de la qua- lité de la formation des planificateurs et orienteurs. Ceci comporte égale- ment le risque de casser le poten- tiel d’une institution unique dans le monde arabe et que de nombreux pays auraient bénéficié de l’existence de son équivalent. Qui sera responsable des dégâts de ces dispositions et mesures précipi- tées ? Quels enseignements faut-il tirer de cette gestion centralisée ? Est-elle guidée par un agenda poli- tique spécifique, individuel ou caté- goriel ? L’intérêt du pays est de ren- forcer, de consolider des formations qui jouent un rôle central dans le développement du système éducatif, de doter l’institution de formation des attributions qui assurent son déve- loppement. Le COPE aurait pu être chargé de former pour tout le secteur éducatif, ce qui peut constituer une option stratégique pour l’ensemble du secteur éducatif; mais cette perspec- tive suppose l’adoption d’une gouver- nance qui favorise l’autonomie et la responsabilité. ◆ 1- CSEFRS, 2014, La mise en œuvre de la charte nationale d'éducation et de formation 2000-2013. Acquis, déficits et défis. 2- Rapport relatif à l’évaluation du programme d’urgence -Ministère de l’éducation nationale- 3- Une situation qui ressemble à celle que la Cour supérieure des comptes a identifié – au sein de l’éducation nationale - comme le paradoxe du défi- cit et de l’excédent des enseignants.

Au niveau pratique, les responsables administra- tifs et les enseignants au COPE se sont heurtés de manière récurrente à de nombreux problèmes.

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