FNH N° 1014 HD

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SOCIÉTÉ

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 12 MARS 2021

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après, il décéde. Frustré, mon père adop- tif repart à l’assaut d’un autre bébé et m’échange contre ce mort-né. 10 ans plus tard, je tombe sur des articles du journal Le Parisien et je découvre qu'un juge à Valence, en Espagne, avait affirmé que dans le Nord du Maroc (durant les années 70-80), il y avait une association de malfaiteurs constituée d’infirmières, de médecins et de sœurs religieuses qui volaient des bébés à l'hôpital pour les revendre à l’étranger. Et c'est à partir de là que j’ai entamé mes recherches. F.N.H. : Après tant de souf- france et d’interrogations, vous avez décidé d’écrire votre his- toire. C’est toujours difficile de raconter sa vie, était-ce bien le cas pour vous ? B. K. : C’est toujours difficile de raconter son histoire et son vécu. Une peur qui te prend aux tripes, parce que c'est intime. Etaler sa vie dans un livre, avec des confessions intimes, il faut du courage pour dépasser le stade du tabou et, surtout, si on est de sexe masculin. Mais il fallait assumer pour me libérer de cette souffrance. Mon vécu est un cri du cœur, je voulais le partager, pour ne pas sombrer… et aussi venir en aide aux autres victimes qui optent pour le silence et les non-dits. F.N.H. : Le trafic de bébés volés est universel. Vous avez entrepris un voyage en vélo de la France au Maroc pour sensibiliser les gens à cette cause et faire bouger les choses au Maroc. Racontez-nous votre périple ? B. K. : J’ai entrepris un périple fou. Je ne suis pas fort en vélo, j'ai même risqué ma vie pour faire entendre ma voix. Je voulais être le porte-parole des milliers de mes semblables. Pour me faire entendre, j'ai eu l'idée de faire le trajet Paris-Rabat en vélo, l’occasion aussi de solliciter la bienveillance de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Pour aller jusqu’au bout de mon périple, il fallait trouver des sponsors. J’ai donc réalisé des vidéos via les réseaux sociaux à la recherche de dons pour mener à bien ma mission. En créant le compte «Letchi», j'ai eu des donateurs et des amis qui ont participé à mon projet. Il me fallait un peu plus de 5.500 euros, un vélo à 2.000 euros, en plus des équipements et de l'hébergement. Un jour, on m'invite à

Mon vécu est un cri du cœur, je voulais le partager, pour ne pas sombrer… et aussi venir en aide aux autres victimes qui optent pour le silence et les non- dits.

Brahim multiplie les sorties médiatiques : ci-dessus dans l’émission «Hondelatte raconte».

au Maroc. Expliquez-nous votre démarche ? B. K. : En effet, je me suis toujours dit que seul sa Majesté pouvait m’aider. J’ai l’intime conviction qu’il est le seul à pouvoir le faire, puisque toutes les démarches n’avaient pas abouti. J'avais sollicité des avocats à Berkane et à Oujda pour faire les démarches, mais ils ont décliné ma demande sous prétexte qu’ils ne pouvaient pas faire grand- chose, parce qu’il y a des milliers de personnes dans mon cas. Il est vrai qu’à une certaine époque, beaucoup de bébés avaient été volés et soustraits à leurs mères biologiques. En 2016, j’ai été invité à l’émission «Moukhtafoun» de 2M, qui aide à retrou- ver des enfants ou des proches dispa- rus. A la suite de cette émission, j'ai reçu de nombreux messages de com- passion, mais aussi de personnes qui souhaitaient retrouver les leurs, notam- ment leurs enfants. Le gouvernement marocain est dans l’obligation de venir en aide à ces gens en détresse et en mal de repère. Je souhaite qu’un jour, on puisse ouvrir un bureau dédié à cette cause et par la même occasion, créer une banque d'ADN pour pouvoir retrou- ver nos parents et reconstituer notre histoire. Le Maroc possède une grande histoire, son peuple aussi. Je reste atta- ché à mon pays et à mes racines, d’où ma quête de chercher mon identité et rétablir la vérité. Merci à Sa Majesté Mohammed VI et au peuple marocain… ◆

une association, Kafala.fr, pour parler de mon histoire. Le débat a été partagé sur la toile. Touchés par mon vécu, Hassna et Abdel Moummad me contactent et participent grandement à la réalisation de mon projet. Le 31 juillet 2018, c’était le grand départ. Le premier jour, c’était très dur physi- quement car je n’avais effectué aucun entraînement et personne ne croyait que j'allais réussir. J'ai eu beaucoup de sou- tien, notamment de mes filles, mes amis, mon sponsor Abdel. Il fallait défier les collines, les montagnes, la chaleur, éviter les ravins et les collisions sur les routes… J’effectuais entre 90 à 170 kilomètres par jour. Le périple a duré 23 jours et, une fois à Tarifa, des larmes et de belles émotions m’ont envahi, ravi de faire un retour au pays et qu’enfin mon histoire allait tou- cher plus d’un… A mon arrivée à Tanger, il n’y avait per- sonne pour m’accueillir. Pourtant, on m’avait promis que des officiels seraient là. Heureusement que mes amis étaient présents. A Rabat, même constat : seul le journaliste français Oliver Delagarde, qui relate mon histoire, et son épouse étaient présents. Submergé par l’émotion, j'étais triste de constater que personne n’avait pris la peine de se déplacer. En France, je pense qu’au moins un maire m'aurait accueilli. F.N.H. : Vous avez même sollicité le soutien du Roi Mohammed VI pour ouvrir une enquête et créer pourquoi pas une banque d’ADN

Je souhaite qu’un jour, on puisse ouvrir un

bureau dédié à cette cause et par la même occa- sion, créer une banque d'ADN pour pouvoir retrouver nos parents et reconstituer notre histoire.

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