CardioH no. 60

I N T E R V I E W

CARDIO H - N°60 / DÉCEMBRE 2022

Ce sont des malades de centres hospi- taliers, des malades du quotidien, avec le plus de pathologies qu’il soit et c’est vraiment le cas de la fibrillation atriale. Face à la question de l’efficacité de ces scores en cas de cancer, cette étude donne un peu cet éclairage. Les limites sont notamment l’absence d’implication pratique. L’étude ne nous nous dit pas ce qu’il faut faire de ces ré- sultats. Je ne pense pas que le message soit de ne pas donner de traitement an- ticoagulant mais plutôt, en cas de score de risque hémorragique élevé, d’être prudent dans la surveillance. Peut-être qu’il faudrait revoir les gens plus sou- vent, rappeler à nouveau l’importance d’éviter les co-médications, surveiller plus souvent l’absence de saignement. Deuxième message : les scores HAS- BLED et ORBIT sont un petit peu plus performant, en particulier HAS- BLED pour la prévision du saignement intracrânien. C’est une satisfaction d’Européens : c’est le score qui est re- commandé par la Société Européenne de Cardiologie puisqu’il avait été pro- posé principalement par des équipes européennes. Une information impor- tante est la reconnaissance des types de cancers pour lequel il y a le plus de risques d’hémorragies (hémopathies : leucémie, myélome ou lymphome mais également cancer du foie, cancer du pancréas). Une nouvelle fois, nous n’avons pas de conduite à tenir mais il faut peut-être être plus attentif chez ces patients quand on a des scores HAS- BLED élevés. Les données qui nous manquent sont les limites de cette base de données : nous n’avons pas les traitements donc pas la certitude que les scores fonc- tionnent aussi bien chez les gens an- ticoagulés que non anticoagulés. On peut imaginer qu’une majorité de ces patients sont anticoagulés mais cela reste quand même quelque chose à mieux préciser. 

les deux incluent l’anémie (qui n’est pas dans HAS-BLED) avec des coefficients différents et l’insuffi- sance rénale. Vous voyez encore à nouveau beaucoup de chiffres. On voit que tous les scores de risques marchent de manière satisfaisante pour dépister les différents types de saignements. Je m’arrêterai plus spécifiquement sur les saigne- ments intracrâniens, plus graves. Vous voyez, on a l’impression que le score HAS-BLED est celui qui a la meilleure surface sous la courbe (plus on est près de 1, plus la va- leur de performance diagnostique est bonne). Si l’on se fixe une limite de score HAS-BLED au-delà de 3, pour fixer un haut risque hémorra- gique, on obtient un score de 0,70 qui est plutôt satisfaisant et qui est un peu meilleur que les autres scores. Cela apparaît également pour l’hémorragie intracrânienne. On voit là à chaque niveau de risque quel score est le plus performant. Chaque point un petit peu au-des- sus de la ligne verte correspond à du bénéfice net. C’est le nombre de patients qui sont mieux classés avec le score HAS-BLED. On voit que, là encore, pour les hémorragies in- tracrâniennes, le score HAS-BLED tire assez bien son épingle du jeu. Si on veut aller dans le détail pour chaque type de cancer, je vous ai mis en rouge les marques les plus impor- tantes : pour le score HAS-BLED, on a l’impression que quel que soit le type de cancer, le score marche de manière satisfaisante : on retrouve le 0.70 dont je vous parlais à l’instant. Il marche vraiment de manière très satisfaisante en cas de cancer du sein (0,75), peut-être un peu moins bien dans le cancer du foie mais il faut ad- mettre que le cancer du foie est une pathologie complexe à plus d’un titre

(TP abaissé, médicaments métabo- lisés de manière différente avec une performance moindre). Malgré tout, ces scores fonctionnent de manière satisfaisante. Voilà les principaux ré- sultats. Cela fait beaucoup de chiffres mais permet d’avoir une image en France du risque hémorragique et de la possibilité d’utiliser des scores.     Merci beaucoup Laurent pour cette présentation très claire et didactique. Beaucoup de chiffres effectivement mais des chiffres plutôt rassurants sur la validité de ces scores que l’on peut utiliser en pratique courante. Est-ce que tu pourrais nous faire un résumé des points forts et des points faibles de cette étude ?      Oui, bien sûr. Cette étude reflète les pratiques en France. C’est une photo- graphie qui a une valeur d’exhausti- vité. Bien sûr, le recueil est observa- tionnel mais a l’avantage, par rapport à d’autres registres, d’avoir une valeur d’exhaustivité. Au-delà même de notre point de vue de spécialistes, c’est vrai- ment la pratique en médecine générale dans les hôpitaux, y compris dans les services hors cardiologiques. L’étude permet d’évaluer ces scores, même s’ils ne sont pas calculés individuellement, sur des malades qui ne sont pas ceux des essais randomisés, qui ont plein de comorbidités (le cancer en particulier).

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