FNH N° 1032 ook

JEUDI 29 & VENDREDI 30 JUILLET 2021 / FINANCES NEWS HEBDO

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SPÉCIAL MRE

Bien sûr, je n'ai pas eu l'occasion de voir et d'enseigner dans toutes les univer- sités. Mais de ma modeste expérience dans certains domaines, certaines filières, personnellement je ne vois pas l'intérêt pour certains étudiants de continuer leurs études à l'étranger. F.N.H. : Comment trouvez-vous l’état d’esprit des futurs diplômés, leurs motivations et ambitions ? K. B. : En général, ce sont des jeunes ambitieux qui ont une forte envie de réus- sir financièrement et professionnellement. Bien sûr, la société dans laquelle nous vivons actuellement fait que la réussite financière est importante et ils l'ont très bien compris. Il m'est souvent arrivé de discuter avec eux, concernant la suite de leurs cursus. C'est du 50-50 : certains veulent continuer au Maroc et d'autres à l'étranger. D'ailleurs, je suis en contact avec pas mal d'étudiants, et surtout ceux qui ont décidé de continuer leurs études en France, car j'ai pu conseiller certains sur les villes et le choix des universités. C'est là où la double nationalité est une richesse : c'est de mettre mon réseau français au service de mes concitoyens et vice versa. F.N.H. : Les soft skills font partie des matières que vous enseignez aux étudiants pour développer leurs compétences. Quelle diffé- rence y a-t-il au niveau de l’ap- prentissage entre les soft skills et les hard skills ? K. B. : Les soft skills sont les compétences humaines et les hard skills les compé- tences techniques. L'un ne va pas sans l'autre pour une réussite professionnelle. Les deux compétences sont demandées aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle les soft skills sont enseignés aujourd'hui dans l'enseignement supérieur. Ce qui prouve que l'enseignement au Maroc évolue, et j'ai cette chance, comme je le disais auparavant, de faire partie d'un tel projet qui aide au développement du pays. Nous sommes au début de ce projet et il va falloir s'armer de patience, car les fruits de notre travail ne seront visibles que d'ici quelques années avec ces jeunes étudiants qui deviendront à l'avenir de vrais leaders. De plus, c'est une matière qui plaît beau- coup aux étudiants, car les séances sortent de l'ordinaire et leur sont aussi bénéfiques dans leur vie personnelle. J'espère dans un avenir proche que toutes

En France, par exemple, l'enseigne- ment est gra- tuit contrai- rement au Maroc. Pour les familles nombreuses, il faut forcé- ment prévoir un budget.

les universités proposeront les soft skills dans leur programme, car c'est tout aussi important que les hard skills. F.N.H. : Vous avez créé votre entre- prise et offrez votre savoir-faire aux cabinets de consulting. Comment cette expérience se déroule-t-elle ? K. B. : C’est tout nouveau pour moi. Je me suis lancé dans cette nouvelle aventure il y a à peine quelques mois. C'est très dif- férent de l'enseignement supérieur et j'ai dû m'adapter, innover et développer les séances en fonction du public. Cette nouvelle aventure est pour moi une nouvelle étape dans ma carrière et je prends les choses très au sérieux. Je suis redevable à toutes les entreprises et cabinets qui ont fait appel à mes ser- vices. C’est une motivation pour redoubler d’effort, travailler davantage et améliorer aussi les services offerts, car la concur- rence est rude. Cette première expérience est très enri- chissante pour moi; j'ai découvert un milieu différent de ce que je connaissais. C'est avec motivation que j'attends les prochains défis qui me seront proposés. F.N.H. : Quelles sont les appré- hensions des Marocains rési- dant à l’étranger pour investir au Maroc et s'y installer ? Vous, par exemple, quels sont les obstacles que vous avez rencontrés ? K. B. : En général, les appréhensions sont les mêmes pour tout le monde. L'une d'elle est de savoir si l’on va pouvoir s'adapter à la mentalité, car lorsque l'on

quitte sa zone de confort, que ce soit pour le Maroc ou un autre pays, il faut faire preuve de caractère, changer ses habitudes, être flexible, s'adapter. Cela, malheureusement, n'est pas donné à tout le monde (d'où l'importance de faire des formations Soft skills). Ensuite, il y a aussi l'éducation des enfants qui revient souvent. En France, par exemple, l'enseignement est gratuit contrairement au Maroc et, forcément, pour les familles nombreuses, il faut pré- voir un budget. Pour les investisseurs, leurs craintes résident au niveau de l'entourage, à savoir trouver les bonnes personnes qui vont vous accompagner, vous aider à dévelop- per votre projet. En général, nous sommes un peu livrés à nous-mêmes. Ce fut mon cas lors de mon arrivée; j'ai dû développer mon réseau par moi-même. Heureusement, aujourd'hui, il y a plusieurs groupes sur les réseaux sociaux notamment, qui aident et facilitent l'arrivée et l'investissement des Franco- marocains. C'est une très bonne initiative. La problématique que j'ai rencontrée se situe au niveau de la langue. Je pense que beaucoup sont dans mon cas. En effet, je ne maîtrise pas très bien la darija et cela peut être parfois contraignant. C'est un retour à la réalité, car c'est à ce moment-là que l'on se rend compte que nous sommes franco-marocains. Les discussions sont limitées, on a du mal à s'exprimer, donc forcément la commu- nication est difficile. Cette problématique est de notre faute, mais heureusement nous finissons toujours par nous com- prendre, ce qui est le plus important. ◆

Les fruits de notre travail ne seront visibles que d'ici quelques années avec ces jeunes étudiants qui deviendront à l'avenir de vrais leaders.

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