P OLITIQUE
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JEUDI 4 MARS 2021 FINANCES NEWS HEBDO
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Crise politique Rififi dans la maison PJD !
◆ A coups de démissions, les cadres portent sur la place publique les dissensions profondes au sein du parti. ◆ A 7 mois des législatives, Saad Eddine El Otmani est dans une bien mauvaise posture.
Mustafa Ramid t f i
Saad Eddine El Otmani
Driss El Azami
ses fondements. Ces démissions successives tra- duisent-elles un profond malaise au sein du PJD ? Répondre par la néga- tive serait faire preuve de déni. Même si Mustafa Ramid, qui est reve- nu sur sa décision suite à «un appel du Roi», a justifié sa démission par le fait qu’il soit malade, ces deux coups d’éclat révèlent globalement les dis- sensions profondes qui existent au sein des islamistes depuis plusieurs mois déjà. En effet, les frondes au sein du PJD ne datent pas de main- tenant. C’est la crise sanitaire, qui a mobilisé toutes les énergies et foca- lisé tous les débats, qui a fait taire les esprits rebelles. De l’élection de El Otmani à la légalisation du cannabis Les premières tensions sont appa- rues avec la nomination de Saad Eddine El Otmani en tant que chef de gouvernement, en remplacement de Abdelilah Benkirane, incapable de former une majorité gouverne- mentale. Le parti de la lampe s’est
dès lors divisé en deux camps : les pro-Benkirane et les pro-El Otmani. Les premiers remettaient en cause la légitimité de El Otmani, voire le comparaient presque à un usurpateur de fonction, tandis que les seconds reprochaient à Benkirane un entête- ment coupable qui a plongé le Maroc dans une profonde crise politique. Malgré une éviction qu’il n’a pas digé- rée, Benkirane n’a pas pour autant baissé les bras. Très rancunier, il a fait des réseaux sociaux sa caisse de résonnance pour s’ériger en oppo- sant virulent de son «camarade» de parti. C’est un truisme d’affirmer qu’il a essayé, depuis qu’il a été écarté, de torpiller le mandat du chef du gouver- nement, auquel on savonne la route même au sein de la majorité qu’il a formée au forceps. Il faut aussi dire que les dossiers à controverse sont nombreux au sein de la formation de la lampe. Rappelons-nous la loi-cadre relative au système d’éducation, notamment l’enseignement des matières scien- tifiques en langues étrangères, par-
Par D. William
L e Parti de la justice et du développement est-il en train d’imploser ? En l’es- pace d’une journée, deux ténors du parti de la lampe ont posé sur la table leur démis- sion. Le vendredi 26 février, c’est le ministre d’Etat chargé des Droits de l’Homme et des Relations avec le Parlement, Mustafa Ramid, qui a choisi de quitter le gouvernement, pour des raisons de santé. Le même jour, la démission de Driss El Azami est portée sur la place publique. Le maire de Fès et député à la Chambre des représentants a en effet démis- sionné de la présidence du Conseil national du PJD et quitté le secréta- riat général de la formation politique. Parmi les arguments présentés par El Azami pour justifier son départ soudain, on peut lire en filigrane la trajectoire que prend désormais le parti, contraire à ses principes, ses références idéologiques, mais aussi
Saad Eddine El Otmani a déjà com- mencé à courtiser El Azami afin qu’il revienne sur sa déci- sion.
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