Cornwall_2014_01_29

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Marc Bisson, la francophonie à fleur de peau

lucratif existait depuis à peine deux ans. «J’ai été gagné par la vitalité de cette communauté-là. C’était stimulant aussi parce que le Centre commençait à peine à se développer. C’était tout petit à l’époque. Il y avait une quinzaine d’employés, aujourd’hui il y en a environ 80. Le service à Alexandria venait juste de s’ajouter. Comme organisateur communautaire, j’avais un poste assez hybride. Je travaillais pour les jardins communautaires, je servais de lien pour les programmes de prévention du Centre, pour développer des approches de soutien aux groupes communautaires de la région. Il s’agissait de faire le lien entre la communauté et la santé.» En somme, ce n’était pas tellement différent de ses expériences précédentes alors qu’il œuvrait à mettre sur pied des infrastructures pour améliorer la qualité de vie des gens. «Avec l’influence du travail à l’étranger, j’avais l’impression que je pouvais me rendre utile, que je pouvais aider les gens à s’aider plutôt que juste aider.» On lui confiera bientôt de nouvelles responsabilités. «Probablement à cause de ma grande gueule», dira-t-il sur un ton d’excuse. Marc Bisson pouvait s’appuyer, entreautres,sursescompétencesengestion, acquises à l’Écolenationaled’administration publique. Il avait, auparavant, complété un baccalauréat en histoire. En 2002, il succède à Roland Beaulieu à la direction générale de l’organisme. «Je suis devenu directeur général mais j’ai toujours dit quemon passé communautaire allait toujours être important et que ça allait certainement servir le Centre. Les gens me connaissent parce que je m’implique dans les causes qui me tiennent à cœur et le Centre de santé me donne cette opportunité-là.» Ainsi, le Centre de santé communautaire de l’Estrie, dont le mandat est d’outiller les communautés francophones des cinq comtés de l’est en matière de santé mentale et physique, a fait boule de neige. Après

Cornwall et Alexandria, trois autres points de services ont vu le jour, l’un à Crysler, l’autre à Bourget et le dernier à Embrun en 2008. Sur chaque site, on mise beaucoup sur l’information et la prévention pour garder la communauté en santé. «C’est complémentaire à l’hôpital et la prévention permet au système de santé de respirer un peu plus.» Alimentation, diabète, obésité ou problèmes de santé mentale, entre autres, y sont abordés sous un même toit, par une équipe multidisciplinaire. À l’époque c’était du jamais vu. Le Centre a tout autant

millions $ aujourd’hui. Je pense que pour la communauté francophone de notre région c’est une histoire à succès.» M. Bisson est aussi engagé au niveau provincial, comme membre du Réseau des directeurs généraux des Centres de santé communautaire de l’Ontario, en siégeant sur le conseil d’administration du Réseau des Services de santé en français de l’est et en apportant son concours au Conseil consultatif de la ministre de la Santé sur les Services de santé en français. «Au niveau provincial, c’est important que notre profil soit bien saisi et bien

CHANTAL QUIRION chantal.quirion@eap.on.ca

CORNWALL | Il devait y séjourner quelques mois. Marc Bisson a finalement pris racine à Cornwall où il vit depuis plus de 20 ans. Directeur général du Centre de santé communautaire de l’Estrie, ce Franco-Ontarien d’adoption met un point d’honneur à défendre les intérêts de la communauté qui l’a si bien accueilli. «J’étais venu pour un emploi qui devait durer six mois. Disons que mon six mois s’est éternisé.» Encore aujourd’hui, on sent son passé de travailleur humanitaire refaire surface dans sa façon d’aborder la vie. Habitué de faire beaucoup avec peu, l’homme a toujours fait preuve d’un grand optimisme lorsqu’il s’agit de mettre en place les bases de services pour mieux répondre aux besoins des populations. Il est particulièrement sensible aux besoins des francophones à Cornwall, et de partout en Ontario. Il est originaire de Québec et a travaillé pendant près de quatre ans à l’étranger, au Mali, au Rwanda et en Bolivie dans une ville de 100 000 habitants, dont il revenait après un séjour de deux ans avant de mettre les pieds à Cornwall. Son épouse, Lucie Perron, travaillait à ses côtés. «À notre retour au pays, il fallait se retremper pour recharger nos batteries avant de repartir vers d’autres horizons. On nous avait offert quelque chose au Niger mais on n’était pas nécessairement prêts à repartir tout de suite. C’est là qu’on a vu l’annonce dans le journal Le Soleil. Lucie m’a dit que ça pourrait être intéressant. On n’avait jamais entendu parler de Cornwall mais le fait que ce soit en français a piqué notre curiosité.» C’est d’abord comme organisateur communautaire que M. Bisson fait son entrée au Centre de santé communautaire de l’Estrie en 1993. L’organisme à but non

Photos fournies

fait figure de pionnier par l’embauche d’infirmières praticiennes. «Il a fallu se doter de structures mais sans la volonté de la communauté, tout cela n’aurait pas été possible. Moi, comme administrateur, j’ai un rôle à jouer mais la recette de base c’est une communauté qui est mobilisée. Il faut vraiment que les gens qui ont des besoins fassent la quête auprès despoliticiens.Onaréussiàgagnerlerespect et la reconnaissance des gouvernements en place et j’en suis très heureux. On a un excellent conseil d’administration avec 12 membres qui sont très à l’affût de ce qui se passe. En 20 ans, le Centre est passé d’un budget d’à peine 1 millions $ à plus de 9

compris. À chaque fois que je m’implique c’est pour m’assurer que les francophones ont leur juste part ou qu’ils ne sont pas désavantagés.» Son travail le garde bien occupé mais il trouve le temps de faire du bénévolat au sein de l’Association de hockey mineur où ses deux fils, Victor et Adrien, âgés de 16 et 15 ans, évoluent. «Disons qu’avec deux garçons, le temps passe vite. Ma famille, c’est ma fierté numéro un. Ensuite, c’est la francophonie et je suis prêt à travailler pour sa survie et sa croissance. Nous, on s’efforce que nos garçons poursuivent cette tradition francophone.»

Ci-haut, Marc Bisson au Bungwe, Rwanda en 1990. (Droite) Le voici en Bolivie en 1992.

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