Carillon_2016_06_10

Le Chat d’attaque une dernière fois

chance au titre, a-t-il expliqué. Ce n'est pas moi qui ai décidé ça, c'est ma santé qui l'a fait. Depuis 1981, je prends un excès de protéines et cela affecte mes reins, qui filtrent comme ceux d'un petit vieux de 70 ans. J'ai aussi un cancer de la peau qui est sorti et ils m'ont découvert des kystes au foie. Ça faisait longtemps que je nem’étais pas fait examiner par le médecin et quand j'ai recommencé ma diète l'été passé, je vomissais à chaque semaine. Je sais bien qu'à 51 ans, j'ai des effets secondaires de mes années d'entraînement et qu'à un moment donné, ça te pète dans la face. » Au fil des décennies, Richard Lalonde a vu lemonde du culturisme se transformer, tout comme les athlètes sur scène. Le sport est devenu une science, tant dans le gym que dans le laboratoire. L'utilisation ciblée des stéroïdes anabolisants et des hormones peptidiques a changé la donne et la per- ception grand public du sport, même si les

produits dopants étaient monnaie courante dans les années 1960 et 1970, le supposé âge d'or du culturisme. « Je m'assume et je le dis que je prends des hormones, j'en ai pris toutema vie, a dit le culturiste. Et oui, mon foie peut avoir été affecté par cela. L'entraînement, la diète et tout ce que ça demande, le corps n'est pas fait pour cela. » Un sport 24 sur 24 C'est avec l'épaule gauche piquée à la

cortisone que Le Chat attaque ses dernières semaines de préparation, mais tout bon culturiste sait que la douleur fait partie du jeu. À l'entraînement six jours par semaine et au moins deux heures chaque jour, l'atteinte de la perfection musculaire est une quête sans fin, mais valorisante pour l'athlète. Que ce soit avec les haltères, la fourchette et même l'arme du repos, essen- tielle pour lamasse et l'esprit, le culturisme bâtit son corps.

STÉPHANE LAJOIE stephane.lajoie@eap.on.ca

Le 23 juillet prochain, Richard « Le Chat » Lalonde montera sur scène une dernière fois lors du Championnat canadien de la Canadian Bodybuilding Federation (CBBF) à Winnipeg, la dernière pose pour le cultu- riste de 51 ans. Pour celui qui a remporté le titre de Monsieur Prescott-Russell en 1981, la retraite n'est pas une finalité et le gym demeurera son sanctuaire pour encore longtemps. Mais les années d'entraînement à l'extrême ont été dures sur le corps et c'est quelque peumeurtri que Le Chat complète ses dernières semaines de préparation. « Quand j'ai décidé de ne pas compé- titionner en 2015 pour me préparer pour le Championnat canadien, je ne pensais pas que ça serait cette année ma dernière

« Les gens ne savent pas tout ce que ça demande et les sacrifices, a-t-il dit. Ce que l'on vit, c'est mental. Mon épaule, c'est juste de l'inflammation à force de travailler. Ce n'est pas une blessure, je n'ai rien de déchiré. C'est plate finir de même, mais c'est ça le sport, ce n'est pas éternel. » Un dernier trophée avant une retraite active Même s'il se retirera de la compétition après le Championnat canadien, Richard Lalonde n'a pas l'intention de rester les bras croisés. Il veut continuer l'entraîne- ment pour une vie saine, aider ceux qui ont l'oeil du tigre dans le gymet même prendre le temps de renouer avec les chevaux et l'élevage canin. Mais il reste encore quelques semaines pour repousser les limites et y aller à fond. Avant Winnipeg, il fera un arrêt à Laval le 16 juillet, pour le championnat provincial, une compétition où il a pris le deuxième rang chez les 50 ans et plus en 2015. Malgré la douleur et les sacrifices qui affectent son corps, son humeur et même son entou- rage, Le Chat n'a pas l'intention de quit- ter la scène sans exécuter ses poses avec

panache. Parti de 220 livres, il est maintenant à 195 livres avec un taux de gras de 6,3 % et vise un 4 % pour l'ultime compétition. « Mon but a toujours été de remporter le titre canadien une fois dans ma vie, avant d'arrêter tout cela, a-t-il conclu. Ce qui me trotte dans la tête, c'est que je ne sais pas si je vais l'atteindre mon but. Mais il faut aussi que je pense à ma santé. Ma vie, ce n'est pas juste la compétition et j'ai déjà arrêté d’en faire pendant 25 ans, question de faire autres choses. Mais le titre canadien, ça serait quelque chose de l'avoir et je fais tout pour y arriver. »

Richard Lalonde s'entraîne pour sa dernière compétition de culturisme, qui aura lieu à Winnipeg en juillet. —photo Stéphane Lajoie

Le Carillon, Hawkesbury ON.

18

Le vendredi 10 juin 2016

Made with FlippingBook - Online catalogs