FNH 985

F OCUS AGRICOLE

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DU 4/5/6/7/8/9 ET 10 JUIN 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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FO Fellahonline

Campagne 2020/2021 Une saison difficile en vue ◆ Si la sécheresse persiste, ce sera la catastrophe. ◆ Avec la crise, l’Etat maintiendra-t-il son soutien au secteur ?

Dans le cas contraire, la trésorerie des fellahs est mise à rude épreuve surtout ceux qui pra- tiquent l’élevage. Dans les moments difficiles, soit ils s’endettent pour continuer à exercer soit ils réduisent leur bétail pour pouvoir supporter les charges. Dans les deux cas, ils sont pénalisés» , affirme Hicham Ait Lhouss, ingénieur en génie rural. Les exploitants, quant à eux, avancent d’autres élé- ments tout aussi redou- tés. «Après une vague de sécheresse, les prix de tous les intrants et de l’aliment de bétail sont tirés vers le haut, attei- gnant parfois des niveaux insupportables, comme c’est le cas actuellement. La situation deviendra encore plus inquiétante si à l’automne prochain la pluie fait défaut» , souligne Abderrahmane Bentaki, président d’une coopé- rative céréalière dans la région de Médiouna. Dans tous les cas de figure, l’Etat sera fortement solli- cité pour venir en aide aux agriculteurs, notamment les petits d’entre eux. Mais avec les contraintes de la crise sanitaire qui a entraî- né une crise économique sans précédent, le gouver- nement sera-t-il capable d’honorer tous ses enga- gements ? ■

Le taux de remplissage des barrages dépasse à réserves en eau seront- elles suffi- santes pour répondre aux différents besoins lors de la pro- chaine cam- pagne ? peine les 50%. Les

Par Charaf Jaidani

Visibilité

L a pandémie de la covid-19 est source de nombreuses incertitudes dans divers sec- teurs, y compris ceux de l’éle- vage. A l’approche de Aïd Al-Adha, les exploitants spé- cialisés dans la préparation et la commercialisation des bêtes évoluent dans un flou total, amplifié par des rumeurs fai- sant état de l’annulation de ce rituel pour cause sanitaire. Pour dissiper ces inquié- tudes, une déclaration de Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, s’imposait. En effet, en réponse à une ques- tion orale devant la Chambre des députés, il a rassuré les exploitants et aussi les citoyens marocains quant au maintien de cette fête très suivie dans le Royaume. Cette déclaration a eu un effet rapide sur le secteur de l’éle- vage puisque les antenais destinés à l’engraissement ont vu leur prix grimper. Une dynamique hors pair marque actuellement les échanges dans le monde rural, et ce malgré la fermeture des souks hebdomadaires. Les éleveurs mènent une course contre la montre pour rattraper le retard occasionné. Toutefois, des interrogations restent en suspens concernant la distri- bution et la commercialisation des bêtes. ◆

pour trouver un tel phéno- mène. Une situation qui, à l’époque, avait fortement impacté le Maroc, le pous- sant à adopter le fameux programme d’ajustement structurel (PAS). Selon les météorologues, un tel cycle se répète tous les 40 ans et le risque d’une troisième saison sèche, après celles de 2018/2019 et 2019/2020 n’est pas à écarter. Devant la Chambre des

députés en réponse à des questions orales, Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, n’a pas caché ses inquiétudes pour la prochaine campagne, sans en donner plus de détails. Interrogés à ce sujet, des experts et des exploitants estiment que le ministre redoute une campagne 2020/2021 difficile. «Une bonne campagne assure un bon démarrage pour la saison suivante.

S i au fil des ans les exploitants agricoles maro- cains ont pu s’adapter à l’alternance des années humides et des saisons de sécheresse, ils ont néanmoins rarement été confrontés à deux années successives de déficit plu- viométrique. Il faut remon- ter au début des années 80 Par C. Jaidani

Le secteur de l’élevage sera le plus impacté en cas de persistance de la séche- resse. Les parcours naturels sont déjà appauvris et les exploitants sont contraints d’acheter l’aliment de bétail pour répondre au besoin de leur cheptel. La flambée des prix des produits risque de perdurer davantage pouvant atteindre des seuils insupportables. La distribution de l’orge subventionné serait insuffisante pour soutenir l’activité, il faut investir d’autres pistes. Des incertitudes pour les éleveurs

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