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BOURSE & FINANCES
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 23 FÉVRIER 2023
www.fnh.ma
◆ Dans cet exercice de transparence, nous avons soumis quelques-unes des observations des opérateurs du marché financier à la directrice du Trésor, Fouzia Zaaboul, qui y répond dans les détails. «Le financement du Trésor est un financement fondamentalement interne» Marché obligataire
Propos recueillis par A. Hlimi
Finances News Hebdo : Pour éviter les conditions de financement dif- ficiles de 2022, pourquoi le Trésor n’a-t-il pas réalisé une levée à l’international en 2021 quand les Banques centrales étrangères ont commencé à parler de hausse des taux ? Fouzia Zaaboul : Pour répondre à cette question, je pense qu’il serait utile de rap- peler les soubassements de la stratégie de financement du Trésor. Le financement du Trésor est un finance- ment fondamentalement interne. Le marché domestique des bons du Trésor demeure donc de loin la principale source de finance- ment de l’Etat. Et pour ne pas m’attarder sur cette question, je dirais seulement que c’est une aubaine pour notre économie, et cela à plusieurs points de vue, que l’on se place au niveau micro ou au niveau macroéconomique. En complément de cette source de finance- ment, il y a les emprunts mobilisés auprès de nos partenaires bilatéraux et multilaté- raux. Ces financements sont généralement assortis de conditions financières favorables. Mais au-delà, ce sont des financements qui appuient soit des réformes structurelles d’envergure, soit des projets physiques importants. Par conséquent, et par rapport à cette catégorie d’emprunt, je dirais que le retour sur investissement, même s’il n’est pas immédiat, est assuré. Après, il y a les émissions sur le MFI (mar- ché international financier). Comme vous avez pu le constater, le recours du Maroc au MFI reste modéré. Dans la mesure où notre économie est une économie ouverte, nous devons assurer une certaine présence sur ce marché pour donner la visibilité à tous ceux qui regardent le «crédit Maroc». Et
Il n’y avait pas de besoin particulier pour recourir au MFI en 2021. Nous venions juste de faire deux émis- sions en 2020, l’une en Euro et l’autre en Dollar.
c’est important aussi pour nous de jauger la qualité de notre crédit à l’international. Cela, c’est l’objectif fondamental. Après, il y a bien sûr la mobilisation des devises. Et bien évidemment, l’opportunité de ces émissions dépend de plusieurs facteurs. Pour revenir à votre question, il n’y avait pas de besoin particulier pour recourir au MFI en 2021. Tout d’abord, nous venions juste de faire deux émissions en 2020, l’une en Euro et l’autre en Dollar. Et par rapport au besoin en devises, il n’y en avait pas du tout. D’abord, la crise pandémique s’est traduite par une réduction du déficit courant de la balance des paiements suite à l’arrêt de l’activité, et en plus, nous avions procédé à des mobilisations record de ressources financières extérieures. Il y a eu, en plus des deux émissions, le tirage de la LPL et une
mobilisation record auprès de nos parte- naires. D’ailleurs, nous avions stérilisé le tirage de la LPL, et l’émission de décembre 2020 a cou- vert une partie du besoin de financement de 2021; et nous avons même procédé au rem- boursement anticipé d’une partie de la LPL. Par contre, et dès que la hausse des taux de la FED a commencé à se profiler dans un contexte de pressions inflationnistes, le Trésor a réalisé plusieurs opérations de swap, en 2021, sur des prêts initialement assortis de taux variables indexés sur le Libor USD 6 mois, portant sur un montant total de 507,3 millions USD. Ces opérations ont permis de fixer les taux de ces emprunts à des niveaux bas, réduisant ainsi notre exposition au risque de hausse des taux d’intérêt à l’international.
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