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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 23 FÉVRIER 2023
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avec l’UE. Cela appelle deux lec- tures. Sous le prisme politique, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une ingérence dans les affaires internes de l’Espagne, qui définit librement et de façon souveraine les orienta- tions de sa politique étrangère. D’un point de vue économique, il faut voir en cette posture du régime algérien un chantage à peine voilé. Malgré cela, depuis juin dernier, l’UE calme le jeu, se contentant juste de déclarations d’intention. Pourquoi ? Parce qu’elle ne veut pas se fâcher avec l’Algérie. L’UE s’approvisionne en effet de plus en plus en gaz algérien, et ce à un moment où elle tend à réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe depuis l’invasion de l’Ukraine. En 2021, le gaz algérien représentait 13% des importations européennes totales, soit environ 18 milliards de m 3 . En 2022, le total des livraisons en gaz naturel vers l’UE a atteint les 32 milliards de mètres cubes. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune veut d’ailleurs intensifier la cadence des exportations, pour atteindre, cette année, «une produc- tion de 100 mds de m 3 de gaz des- tinée exclusivement à l'exportation» . L’UE gagne-t-elle au change en passant de la Russie à l’Algérie ? A-t-elle raison de rester passive face à la «violation de l’Accord d’as- sociation UE-Algérie» dénoncée par le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la poli- tique de sécurité, Josep Borrell, et le vice-président exécutif de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis ? Pas sûr. Rappelons- le encore une fois : à la tête de ce pays opèrent des individus peu fiables, très contestés en interne, qui multiplient les signes d’hostilité à l’égard de leurs voisins dans la région et qui peuvent se dédire du jour au lendemain en cas de désac- cord politique. L’Espagne en sait quelque chose. La France aussi. Une forte dépendance de l’UE au gaz algérien, c’est forcément prendre le risque d’être exposé à un chantage plus prononcé de la part de dirigeants peu scrupuleux. Plusieurs observateurs ont tiré la sonnette d’alarme à ce propos. Dès novembre 2021, juste après l’an-
nonce par l’Algérie de sa décision de ne pas reconduire l'accord sur le gazoduc Maghreb-Europe (GME), l'eurodéputé tchèque, Tomáš Zdechovský est monté au créneau. «Cette décision unilatérale prise dans un contexte de hausse des prix de l'énergie vise à manipuler les prix du gaz. L'UE ne doit pas céder à ce
chantage» , avait-il averti. En juin 2022, un document confi- dentiel de l’OTAN stipulait que «comme la Russie, l’Algérie utilise l’approvisionnement en gaz comme moyen de pression politique» , quali- fiant notamment l’Algérie de «risque pour la sécurité de l’Europe». En décembre dernier, Susana Solís
Pérez, eurodéputée espagnole, est revenue à la charge, estimant que «dans le contexte de la guerre de Poutine en Ukraine, l'utilisation par l'Algérie de l'approvisionnement énergétique comme arme politique a des conséquences directes pour les citoyens de l'UE». Voilà qui est dit. ◆
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