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BOURSE & FINANCES
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 16 DÉCEMBRE 2021
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L’intégration financière, de l’Asie à l’Afrique L a Chine serait sur le point d’interdire la cotation de ses grandes entre- prises à l’étranger. L’information, qui a fuité dans un grand média financier spécialisé, a été aussitôt démentie 7 Bourses africaines (Casablanca, Egypte, Johannesburg, Nairobi, Nigeria, Maurice, et la Bourse régionale des valeurs mobilières). Ce projet est louable, car l’intégration finan- cière va de pair avec le développement éco- nomique. Plusieurs défis se posent pour réus- sir ce projet. Commençons du plus simple au plus complexe. Par Omar Fassal *
par le régulateur chinois. Mais on sent tout de même toute la gêne suscitée à Pékin par ces cotations. Des incidents, il y en a eu. Ant Group, qui détient Alipay, la plus grande plateforme de paiement en ligne et mobile en Chine, était sur le point de réaliser l’introduction en Bourse la plus importante de l’histoire aux Etats-Unis : 35 milliards de dollars – dépassant le record de 29,4 milliards détenu par Saudi Aramco. Mais les autorités chinoises en ont décidé autrement, elles ont bloqué l’opération. Un autre exemple, celui de Didi – l’équivalent de Uber en Chine qui réalise 25 millions de courses par jour (Oui par jour !). Malgré les avertissements du régulateur chinois, Didi a insisté pour s’introduire en Bourse à New York. Quelques mois après, une enquête a été ouverte par l’administration chinoise de cyberdéfense contre Didi. Les autorités ont exigé que l’entreprise se retire de la Bourse américaine. Didi envisage d’échanger les titres détenus par les investisseurs étrangers, contre de nouveaux émis à la Bourse de Hong Kong. On l’aura compris, les autorités chinoises sont de plus en plus réticentes à laisser des fleu- rons technologiques s’introduire en Bourse à l’étranger. Pourquoi ? Car, au-delà des rivali- tés géopolitiques sino-américaines qui valsent au rythme des différentes administrations, le sujet de protection des données devient extrêmement sensible. Les entreprises technologiques chinoises qui ont réussi, détiennent des milliards de don- nées sur la vie privée des consommateurs. L’administration chinoise considère ces don- nées comme stratégiques, et perçoit dans ces introductions en Bourse un risque de fuite des données qui porterait atteinte à la sureté nationale. Désormais, l’administration de cyberdéfense chinoise requiert aux entre- prises qui détiennent des informations sur plus d’un million de clients, d’obtenir un agré- ment avant de pouvoir s’introduire en Bourse à l’étranger. Concrètement, des secteurs comme la tech- nologie sont interdits aux investisseurs étran- gers. Mais en 2000, une entreprise du nom
Il y a d’abord le défi technologique : concevoir une solution fiable, agile et robuste pour gérer les carnets d’ordres en temps réel sur plu- sieurs pays. C’est l’étape la plus simple. Il y a ensuite le défi réglementaire. Pour qu’un émetteur puisse lever des fonds sur plusieurs pays simultanément, il faudrait que la régle- mentation des émetteurs soit harmonisée sur l’ensemble des pays. Pour que des courtiers puissent intervenir de façon simultanée sur plusieurs marchés, il faudrait que les condi- tions d’agrément soient mutualisées, comme l’est le passeport européen pour les banques et les services financiers en zone Euro. Il y a ensuite un autre défi moins visible, mais qui pourrait agir comme un grain de sable et bloquer tout le mécanisme. Il s’agit de la convertibilité de change. Il faudrait que les investisseurs aient la possibilité de souscrire aux émissions en monnaie étrangère, en toute fluidité. Les zones les plus intégrées financiè- rement sont celles qui disposent d’une mon- naie commune, ce qui balaye les frictions au niveau des échanges. Enfin, le dernier défi et le plus difficile est celui qui nécessite un travail sur le long terme. L’intégration financière reste tributaire de l’intégration économique. Si les écono- mies ne sont pas fortement intégrées par des échanges solides, les entreprises ne res- sentiront pas le besoin de lever des fonds dans des pays voisins. Selon l’Africa Regional Integration Index, l’Afrique affiche une inté- gration continentale très faible au niveau commercial, et moyenne au niveau macroé- conomique. Toujours selon ce classement, l’Afrique affiche les taxes à l’importation et les barrières non douanières les plus élevées au monde. Réussir l’intégration financière néces- sitera de renforcer l’intégration économique Sud-Sud, en développant un marché harmo- nisé des biens et des services. ◆ (*) : Omar Fassal travaille à la stratégie d’une banque de la place. Il est l'auteur de trois ouvrages en finance et professeur en Ecole de commerce. Retrouvez-le sur www.fassal.net.
de Sina Corp, qui opère dans les médias, a trouvé la parade en mettant en place un mon- tage qui deviendra la norme par la suite. Une banque d’affaires crée une coquille juridique vide (nommée Variable Interest Entity ou VIE) domiciliée typiquement aux Iles Cayman ou dans les Iles Vierges britanniques, qui va recueillir les fonds des investisseurs étran- gers. Comme cette coquille ne peut pas ache- ter la compagnie chinoise, elle va signer un contrat juridique avec la cible, qui lui donne droit aux revenus et à l’usage de ses actifs. Notez bien la différence : la coquille ne détient pas les actifs chinois qui ne relèvent pas de sa propriété, elle dispose uniquement du droit de les utiliser. C’est avec ce montage de VIE, que toutes les grandes entreprises chinoises ont pu lever des fonds à l’étranger alors que cela leur était interdit. De Ali Baba, mastodonte du commerce en ligne, à Tencent, géant de l’Internet. Les autorités ont toléré cette pratique, qui a permis plus de 300 introductions étrangères portant sur 82 milliards de dollars lors de la dernière décennie. Pourquoi ? Car l’intégra- tion financière est un moteur pour le dévelop- pement. Il ne s’agit donc pas pour les auto- rités chinoises de les arrêter complètement, mais de les filtrer en raison des nouveaux impératifs de cybersécurité. Une leçon qui résonne chez nous en Afrique, à l’heure où s’est conclue à Casablanca la conférence annuelle de l’African Securities Exchanges Association (ASEA), avec une promesse phare : agir pour l’intégration de
Selon l’Africa Regional Integration Index, l’Afrique affiche une intégration continentale
très faible au niveau
commercial, et moyenne au niveau macroécono- mique.
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