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TRIBUNE LIBRE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 16 DÉCEMBRE 2021
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cès à la vaccination. L’organisation estime que le vaccin est vendu actuellement à un prix qui varie de 4 à 24 fois plus qu'il ne pourrait l'être. D’après l’alliance, la position de monopole exercée et défendue farouchement par le lobby pharmaceutique a favorisé l’émer- gence de cinq nouveaux milliardaires, avec une accumulation de richesse de 35,1 mil- liards de dollars. D’après Maaza Seyoum, de la People’s Vaccine Alliance Africa, «il est obscène que seules quelques entreprises réalisent des millions de dollars de bénéfices chaque heure alors que seulement 2%des habitants des pays les plus pauvres ont été complè- tement vaccinés contre le coronavirus». Le rapport d’Oxfam 2021 indique que les trois sociétés ont reçu un financement public de plus de 8 milliards de dollars, mais refusent toujours de concéder aux pays pauvres et en voie de développement le transfert technologique et le savoir-faire pour la pro- duction locale des vaccins. Albert Bourla, le PDG de Pfizer, a refusé les appels de par- tage et a considéré la doléance de l’OMS comme un «non-sens dangereux». Tous ces faits révèlent que la théorie du ruissellement qui stipule que les avantages fiscaux concédés aux plus riches favori- seront les investissements et la création d’emploi pour les pauvres n’est en effet qu’un leurre. Arnaud Parienty (2018), professeur de sciences économiques et sociales, indique dans son livre intitulé «le mythe de la théo- rie du ruissellement», que cette théorie n’a jamais fait l’objet d’un fondement ou de vérification de validité. Il affirme que l’ex- pression Trickle Down Effect a été initiée en 1932 par l’humoriste Américain Will Rogers pour critiquer la mesure fiscale du pré- sident George Hoover, qui voulait défendre l’application d’avantages fiscaux pour les riches. Les faits économiques le prouvent, le ruissellement n’opère pas et la suppres- sion de l’impôt sur la fortune augmente les inégalités et ne permet pas de relancer la croissance. D’après une étude réalisée en 2015 par le Fonds monétaire international, une aug- mentation de +1% des revenus des 20% les plus riches induit une croissance négative de -0.08%. Cependant, quand on augmente de +1% les 20% plus pauvres cela conduit à une croissance de +0.38%. Et dans le rap- port «Fiscal Monotor» publié en avril 2021, le directeur du département des finances publiques du FMI, Vitor Gaspar, appelle à une taxation provisoire des fortunes et des
Les disparités de revenus et de patrimoine dans le monde en 2021
80 %
76 %
70 %
60 %
52 %
50 %
76 % du bas 40 % du milieu 10 % du haut
39,5 %
40 %
30 %
22 %
20 %
8,5 %
10 %
2 %
0 %
Patrimoines
Revenus
Source : rapport sur les inégalités du monde 2022, World Inequality Lab
L’augmentation du patrimoine privé et la diminution du patrimoine public dans les pays les plus riches
1000 %
800 %
Patrimoine privé
Espagne Etats-Unis
France Japon Royaume-Uni Allemagne
600 %
400 %
200 %
Patrimoine public
0 %
-200 %
1980
1990
2000
2010
2020
1970
Source : rapport sur les inégalités du monde 2022, World Inequality Lab
multinationales qui ont prospéré pendant la crise, notamment les secteurs numérique et pharmaceutique. Il s’agit d’une taxe de solidarité payée par ceux qui se sont gavés pendant la crise pour réduire les inégalités et les fractures sociales. Le rapport salue la mesure proposée par les États-Unis qui recommandent d’adopter le taux de 21% comme un niveau minimum d’imposition des entreprises à l’internatio- nal. Mais finalement, ce taux a été revu à la baisse lors du sommet du G7 en juin dernier pour s’établir à 15%. Par ailleurs, les pays doivent s’accorder sur l’application d’une fiscalité commune et équitable en taxant les entreprises tentacu- laires dans tous les pays où elles exercent une activité réelle. La taxation unitaire
constitue à ce titre une technique plébisci- tée par plusieurs experts et organisations de lutte contre l’évasion fiscale. Elle consiste d’abord à considérer la multinationale et ses nombreuses filiales comme une seule entité pour le calcul du bénéfice global. Ensuite, il s’agit de répartir ce bénéfice sur les diffé- rents pays dans lesquels la multinationale réalise une activité réelle en utilisant des clés de répartition économique comme le volume des ventes, la masse salariale et la valeur des actifs immobilisés. Enfin, le profit réalisé par pays fera l’objet d’une taxation au taux national dans un total respect de la souveraineté fiscale des États. ◆
(*) Enseignante-chercheuse à l’Université Hassan II (Casablanca)
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