FNH N° 1080

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 13 OCTOBRE 2022

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Politique monétaire

◆ Les assemblées annuelles de la BM et du FMI se tiennent actuellement à Washington. ◆ Sur fond de chocs conjoncturels multiples, les Banques centrales durcissent leurs politiques monétaires au risque de provoquer une récession mondiale. Les Banques centrales bien embêtées

Al-Maghrib a dû notamment augmenter son taux directeur de 50 points de base à 2%, quitte à freiner une croissance économique déjà moribonde, qui devrait s’établir à moins de 1% cette année. Parce que l’argutie brandie il y a quelques mois selon laquelle l’infla- tion était exclusivement importée, ne tient plus : elle est désormais alimen- tée à la fois par des pres- sions d’origine externe, mais également interne, et se diffuse de façon «plus large» dans l’économie, recon- naît la Banque centrale. Elle a atteint 8% en août après 7,7% en juillet, et devrait s’éta- blir globalement à 6,3% sur l’ensemble de l’année, contre 1,4% en 2021. Selon Bank Al-Maghrib, il y aurait une accalmie en 2023, l’inflation devant revenir à 2,4%. Sauf que cette projection est entourée d’incertitudes. Car les pressions inflationnistes pourraient au contraire perdu- rer, voire même s’exacerber, alimentées notamment par les tensions géopolitiques interna- tionales qui risquent d’entraî- ner une nouvelle hausse des prix des produits énergétiques et alimentaires. La Banque centrale procéde- ra-t-elle alors de nouveau à un resserrement de sa poli- tique monétaire pour soutenir la stabilité des prix ? Cela n’est pas exclu. Pour les analystes d’Attijari Global Research, cette première hausse du taux directeur pourrait en effet être «le début d’un nouveau cycl e

de resserrement monétaire de la part de Bank Al-Maghrib» . D’ailleurs, pratiquement toutes les grandes Banques centrales sont sur cette ligne. Dans la zone Euro, où l’inflation a atteint 10% le mois dernier, la BCE a augmenté le taux direc- teur de 50 points de base en juillet et de 75 en septembre. Et elle promet de relever ses taux autant que nécessaire pour juguler l’inflation sous- jacente. Une nouvelle hausse de taux pourrait donc survenir lors de la prochaine réunion du Conseil, le 27 octobre courant. De son côté, la FED, qui a opéré plusieurs hausses suc- cessives de son taux directeur, promet, elle aussi, de resserrer sa politique monétaire jusqu’à ce que l’inflation revienne aux alentours de 2% (elle était de 8,3% en août). Actuellement, les institutions financières internationales s’accordent sur le fait que la hausse des taux d'intérêt et l'inflation exacerbent les diffi- cultés, surtout pour les pays en développement. Si elles estiment qu’il est impératif de «maîtriser l'inflation, soutenir les ménages de manière pré- cise et ciblée et d'équilibrer la politique monétaire et budgé- taire», elles alertent aussi sur le risque accru de récession mondiale. Le président du Groupe de la Banque Mondiale, David Malpass, et la Directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, ont d’ailleurs mis en garde, lundi à Washington, contre le risque élevé d'une

La hausse du taux directeur risque de freiner une crois- sance marocaine déjà moribonde.

provisionnement, et la double crise alimentaire et énergé- tique, l’économie mondiale tra- verse des turbulences inédites. Et comme un clin d’œil à l’ac- tualité du moment, le prix Nobel d'économie a été décerné, lundi, à Ben Bernanke, l'ancien président la Banque centrale américaine (Fed). Il partage cette distinction avec ses com- patriotes Douglas Diamond et Philip Dybvig, pour leurs tra- vaux sur les banques et leurs sauvetages nécessaires durant les crises financières. Le marteau et l’enclume La conjoncture économique mondiale actuelle a justement mis les Banques centrales sous les feux des projecteurs. Face à une inflation galopante, elles ont été pratiquement toutes contraintes de relever les taux directeurs pour résor- ber la hausse des prix. Même les plus réticentes ont finalement consenti à s’adap- ter à la conjoncture. Bank

W ashington est actuellement le point de convergence des décideurs politiques, gouverneurs des Banques centrales, écono- mistes, parlementaires, ONG et autres experts de l’écono- mie et de la finance mondiale. Pendant une semaine (10 au 16 octobre), s’y tiennent en effet les Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Cette édition a lieu toutefois dans un contexte particulier. Ou plutôt tendu, avec notamment une multiplication des chocs qui mettent à rude épreuve les économies du monde et obligent les gouvernements à prendre des mesures parfois controversées. De la Covid-19 à la guerre russo-ukrainienne, en passant par la reprise post- pandémique, qui a créé des tensions sur les chaînes d’ap- Par D. William

A l’instar de la politique monétaire prônée par les grandes Banques cen- trales à l’inter- national, il n’est pas exclu que Bank Al-Maghrib relève de nou- veau son taux directeur.

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