FNH N° 1080

C ULTURE

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FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 13 OCTOBRE 2022

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Critique

◆ Après son exposition individuelle «Promenade solitaire» en 2020, et après avoir marqué les esprits avec sa confidentielle et intimiste série «Carnet d’un confiné», l’artiste plasticienne Sanae Arraqas prend ses quartiers à la galerie Shart et y accroche sur les cimaises la première partie de sa nouvelle série de travaux intitulée «Hedonia». ◆ Cette première partie, «Hedonia Part I», dédiée à des peintures de grands formats, se donne à voir jusqu’au 5 novembre*. Shad’Eau

attitudes et des états d'âme. Elle propose avec « Mystère », « Respiration » et « Mémoire » des scènes de baignade, presque un album de famille. Une atmosphère intime et sereine émane de l’œuvre, grâce aux plans rapprochés, l’effet de mouvement, les traits vigoureux et les touches vives. Tout se confond dans un flou énigmatique. Sanae réussit à happer notre regard, qui va se perdre dans ces peintures comme si on était à la piscine à côté de ses sujets. Ceci dit, quoique ces tableaux évoquent une situation qui suppose une présence humaine, cette dernière peut être superflue. Mais, ce qui est sûr, c'est qu'il s'agit tou- jours d'une question de regard. C'est en effet le spectateur qui devient ce personnage parce que sa situation, son action même de regarder, le place dans le tableau. Point d’écri- tures proposées, ni d’histoires racontées, mais un langage purement visuel fabriqué. Ebloui, on risque de s’y attar- der et de perdre de vue l’es- sentiel : la lumière qui se dilue dans l’espace pictural. Sanae s’évertue à extraire sa magie, « ses situations inhérentes, ses orientations, sa chaleur, ses couleurs, son effet sur l’humain et sa capacité à lui déclencher une sensation de plaisir, le bon- heur comme plaisir, une forme

d’hédonisme », lit-on dans la fiche de présentation. Dans ce continent chromatique, elle met également en avant la beauté artistique de l’eau. Et donc, son charme ! Cet élé- ment naturel, qui figure bel et bien, en majesté, lui permet d'aborder des notions telles le mouvement et les reflets. Ainsi, peindre ces deux là, c'est pou- voir aussi jouer avec cette pro- fondeur qui s'échange entre les différentes couches, les ombres et la lumière. Les 4 grandes toiles actuel- lement exposées soufflent le visiteur par leur beauté, la fran- chise des «sens» et des «sen- sations» qui s’en dégagent, le splendide feu d’artifice de cou- leurs enchevêtrées, ainsi que par l’époustouflante inventivité de Sanae, son audace radicale et son extrême sensibilité. S’il y a une exposition à ne pas manquer cet automne, c’est celle-là. Et si l’artiste a pré- féré déployer les œuvres de sa nouvelle série « Hedonia » en deux parties, c’est « pour don- ner une lecture transversale à cet ensemble réalisé récem- ment et qui nécessite deux volets pour abriter toutes les techniques voulues, croquis, dessin, peinture, reliefs... ». C’est dire que Sanae Arraqas s'amuse beaucoup à raffiner ses compositions et à embras- ser diverses techniques. ◆ *«Hedonia Part II», dédiée aux petits formats, se donnera à voir en 2023.

«Mystère» 2021, technique mixte sur toile, 160/200 cm

un enchantement lumineux.

U n grand bain de bleu bien frais, un peu japonisant, infléchi de brun et d’ocre. C’est « Hédonisme », une certaine pointe mise sur toile par Sanae Arraqas, qui accueille les visiteurs de la rafraîchissante « Hedonia Part I » à la galerie casablancaise Shart. Un cadrage frontal d’une falaise, se détachant sur le dégradé d’azur, du plus foncé au plus clair, qui compose le relief. Impossible de ne pas penser à Claude Monet, pilier des impression- nistes, avec ses plages de Normandie ou ses peintures de bord de mer déchaînée. Soit. Le reste du parcours conçu par Hassan Sefrioui, le maître de céans, est à l’avenant, Par R. K. H.

Rendre vivant ce moment presque déjà évanoui Quand le soleil cogne, l’heure est à la baignade. Vous souve- nez-vous de ces journées à la piscine, vous perdant dans le brouhaha des gens qui nagent, gazouillis des enfants jouant dans leurs bouées, ahanement de certains sur le bord de la piscine… ? Sachez que Sanae Arraqas, elle aussi connaît bien ces moments de convi- vialité, de détente, de joie ainsi que d’amusement simple, et a même eu la volonté de les immortaliser ! Elle a transfor- mé, à sa manière, ces instants éphémères en une impression durable dans le temps. L’artiste plasticienne n’étale pas seulement de la peinture, mais aussi des corps, des

Les 4 grandes toiles actuel- lement expo- sées soufflent le visiteur par leur beauté, la franchise des «sens» et des «sensa- tions» qui s’en dégagent...

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