FNH N° 1092

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JEUDI 19 JANVIER 2023

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irritabilité récurrente, même avec leurs proches, ainsi que des sautes d’humeur». Sur le long terme, Dr. Abouelfaraj souligne que le divorce peut être à l’origine de comporte- ments violents ou turbulents de la part de l’enfant, ou d’une tendance à la rébellion, ce qui pourrait même nécessiter une thérapie. «Dans cer- tains cas, il est important de solliciter l'intervention d'un spécialiste pour faire une évaluation clinique et garantir une prise en charge adaptée en fonc- tion de l’état clinique, notamment une thérapie de soutien ou une thérapie spé- cifique», note-t-il. In fine, la psychiatre insiste sur la nécessité de prendre le pro- blème à la source et de faire en sorte que la séparation se déroule dans les meilleures conditions, soulignant que trois facteurs semblent aider les enfants à s’adapter à la situa- tion, à savoir le maintien de liens solides avec les deux parents, la préservation de la capacité parentale ainsi qu’une exposi- tion minimale au conflit. ◆

Les enfants idéa- lisent la relation entre leurs parents et peuvent se sentir totalement désem- parés quand ces derniers décident de divorcer.

pair», insiste maître El Amrani, précisant que ces dispositions sont aujourd’hui «complète- ment caduques» et ont montré leurs «défaillances civiques et civiles». Notons par ailleurs qu’une mère divorcée ne peut obtenir la tutelle légale de son enfant que dans trois cas, à savoir le décès du père, son absence ou son incapacité. Encore faut-il que ce dernier n’ait pas dési- gné un tuteur testamentaire, car comme l’indique l’article 237 du Code de la famille, le père a le droit de nommer, par testament, un tuteur légal pour ses enfants, autre que la mère. La psychologie des enfants à l’épreuve Le divorce des parents fait de la vie des enfants un chemin semé d'embûches, surtout quand le cadre législatif peut les priver de plusieurs droits, ce qui par conséquent provoque souvent des effets délétères, notam- ment sur la santé mentale. C’est d’ailleurs ce que confirme Dr. Hafsa Abouelfaraj, psychiatre et psychothérapeute : «Lorsque les parents se séparent, la désil- lusion est un sentiment souvent ressenti. Les enfants idéalisent en effet la relation entre leurs parents et peuvent se sentir

totalement désemparés quand ces derniers décident de divor- cer. Cela remet en question leur schéma familial et toutes leurs habitudes au quotidien». Selon cette praticienne, le divorce peut rapidement pro- voquer de l’anxiété chez les enfants, particulièrement chez les plus jeunes, ce qui impacte leur parcours scolaire. «Les

petits sont de vraies éponges qui absorbent tous les senti- ments négatifs observés dans leur entourage. Stress, anxié- té, dépression, manque de confiance en soi, toutes ces conséquences directes du divorce peuvent ensuite entraî- ner un échec scolaire de l’en- fant. Les enfants de divorcés peuvent aussi représenter une

En 2004, le législateur n’avait pas le recul néces- saire pour constater que les incidences législatives et judiciaires du

Pour une Moudawana respectueuse de la parité

Dans son plaidoyer présenté le 15 juin 2022 au Parlement suite à une demande du Parti du progrès et du socialisme (PPS), l’avo- cate et présidente de l’association W-lady, Khadija El Amrani, propose, entre autres : • En ce qui concerne la garde, de permettre au père, au cas où son ex-conjointe se remarie, de demander la garde partagée afin de ne pas déchoir la mère de ce droit.

divorce sur les enfants

• Dans le cadre de la demande de divorce, d’accorder au père le droit de demander la garde partagée même lorsqu’il s’agit d’un Chiqaq, parce que l’enfant a besoin de ses deux parents et que les deux doivent s’investir dans son éducation. • Les articles 183, 184 et 185 de la Moudawana doivent être abrogés et remplacés par des articles logiques, qui reconnaissent le principe de la parité homme-femme. • Concernant le tutorat légal, cette institution doit également être partagée entre les deux parents. En cas de désaccord, c’est au parent chargé de la garde de trancher afin d’éviter les situations d’abus de patriarcat. • Pour ce qui est de la pension alimentaire, il est essentiel de soumettre le dossier d’évalua- tion de la pension à un expert qui, lui, convoque les deux parents et s’assure de leurs revenus et de leur patrimoine, afin d’établir un rapport d’expertise qui va déterminer les besoins de l’enfant. • Par rapport au droit de visite, celui-ci doit être prorogé pour le papa, parce qu’actuellement un père qui divorce a uniquement le droit de visite du dimanche, ce qui est complètement insuffisant.

peuvent être très préjudi- ciables et qu’il aurait donc fallu prévoir une législation moderniste.

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