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ECONOMIE
JEUDI 25 MAI 2023 FINANCES NEWS HEBDO
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◆ Depuis la crise financière de 2008, il y a un débat mondial sur le PIB. L’indicateur macroéconomique majeur qui mesure la croissance et le développement économique ne fait plus l’unanimité. ◆ L'OCDE, la Banque mondiale et la Commission européenne se sont même lancés dans la recherche de nouveaux indices pour mesurer le progrès des sociétés autrement qu'à travers le prisme du PIB. Il y a quelques jours, la question a été à nouveau soulevée au sein de l’UE. Qu’en est-il au Maroc ? ◆ Eclairages du professeur Ahmed Azirar, chercheur à l’Institut marocain d’intelligence stratégique. «Le PIB marocain est sous-estimé à cause de certaines activités informelles, voire illégales…» Agrégats macroéconomiques
mulation par Simon Kuznets, jusqu’à son adoption officielle par les instances interna- tionales, dont l’ONU. Le PIB a été alors au centre des débats sur le développement ! On pourrait même dire que les instances internationales domi- nantes l’avaient adopté comme étalon de mesure du «développement» pour contrer les théories structurelles du développement qui étaient en vogue à cette époque-là. La confusion croissance-développement était popularisée, et avec, l’idée que le sous- développement est une étape du dévelop- pement, un simple retard de développe- ment. Il n'en a rien été. La croissance n’est pas le développement. La première est quanti- tative, le second est quantitatif et qualita- tif. La croissance peut même être appau- vrissante, aggravante des inégalités et au service de l’étranger dominant. Seuls les pays ayant réalisé des réformes qualitatives (éducation, gouvernance, justice, social, durabilité…) ont pu crever «les plafonds de verre» et accéder à des niveaux élevés de développement durable. Quant à la récente crise de 2008, elle a surtout mis à l’index les agences de rating qui ont mal ou sous-estimé la situation de certains pays et banques, et partant, l’immi- nence de la grave crise financière. Et pour- tant, il y a les normes financières du FMI, des normes comptables pour le secteur privé (IFRS…) et des normes prudentielles pour les banques et assurances (Basle…). S’agissant du nouvel intérêt récemment porté à la question par le gotha financier et politique international, c’est en fait un intérêt récurrent. La toute récente couche est liée aux alertes sérieuses dont le sys-
tème bancaire et financier mondial a fait l’objet ces derniers mois avec les faillites et difficultés de certaines banques aux USA et ailleurs. S’agissant du Maroc, comme tous les éco- nomistes, les Marocains s’intéressent à la question dans plusieurs directions. Nous avons la chance d’avoir un système de comptabilité nationale performant, malgré certaines lacunes. Le suivi des indicateurs macroéconomiques majeurs que sont le PIB, le taux d’inflation, le taux de chômage et l’équilibre financier interne et externe, est le point de départ de toute l’analyse macro- économique. Ce suivi est d’abord comp- table avant d’être analytique. L’économétrie fait de cette question statistico-comptable sa préoccupation constante. Le suivi est ensuite plus qualitatif. Des aspects comme l’informel, le pouvoir d’achat, les structures du tissu économique national, appréciées par le TES (Tableau des entrées-sorties)… sont des problématiques majeures que les économistes étudient en partant des sta- tistiques existantes ou d’enquêtes qu’ils réalisent eux-mêmes. L’économiste est un maitre-artisan dont l’input majeur est la statistique. Son pre- mier souci est de disposer d’une statis- tique crédible, indépendante, qui lui permet d’exercer ses talents d’analyste et de pour- voyeur de recommandations utiles. Il est constamment sur le qui-vive concernant la qualité des chiffres qu’il analyse, en particu- lier lorsqu’il s’agit d’analyses de benchmar- king et de comparaisons internationales. D’ailleurs, l’économiste ne peut prétendre à la «scientificité» s’il ne maîtrise pas lui- même la science statistique, la comptabi- lité, l’informatique et les NTIC, qui révolu-
Propos recueillis par A. Diouf
Finances News Hebdo : Depuis la crise financière de 2008, le PIB (Produit intérieur brut) n'a plus la cote. La question de son change- ment a été encore récemment abor- dée par la Commission européenne. Les économistes marocains réflé- chissent-ils aussi au sujet ? Ahmed Azirar : C'est un sujet très ancien. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis l’adoption de cet agrégat à la base «physiocrate», comme outil de mesure et de classement des économies, et ce juste après la dépression de 1930 et sa for-
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