C IULTURE
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JEUDI 25 MAI 2023 FINANCES NEWS HEBDO
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◆ Le film «Reines», réalisé par Yasmine Benkiran, est accessible au grand public depuis le 17 mai dans les salles de cinéma du Royaume. ◆ Salué par la critique, ce film vise à offrir de nouvelles représentations de la femme au cinéma. Il réunit à l'écran trois actrices, avec Nisrine Erradi en tête, qui embarquent les spectateurs dans une aventure à bord d'un camion, traversant Casablanca jusqu'à Tan-Tan… La réalisatrice dit tout ! «Reines s’inscrit dans une tradition de road movies pour la plupart américains» Cinéma
Par R. K. Houdaïfa
Finances News Hebdo : Comment l’idée de Reines est-elle venue ? Yasmine Benkiran : Au tout début de l’écriture, il y avait l’image prégnante de femmes au volant d’un camion - un désir de proposer d’autres représentations de femmes marocaines - et la volonté de réaliser un film en darija qui prenne ses distances avec le réel. J’ai grandi à Rabat avec l’impression d’avoir eu comme choix, d’une part, des films où les étrangers vivaient des aven- tures extraordinaires, et d’autre part, des drames sociaux où les Arabes avaient des problèmes. Comme si parce que nous étions Marocaines, nous n’avions pas le droit au romanesque, à la science-fiction, à l’aventure, au fantastique : à la fiction avec un grand F. Faire «Reines», c’était réaliser le film qui m’avait manqué. F.N.H. : Comment définiriez-vous le genre du film ? Y. B. : J'ai écrit «Reines» avec la volonté de mettre au centre le plaisir de specta- teur. Quand je dis plaisir, ça n’est pas for- cément agréable, ça peut être douloureux. J’aime être surprise au cinéma et je n’aime pas l’idée de se cantonner à une émotion, comme je n’aime pas l’idée de se canton- ner à un genre. «Reines» est protéiforme. Il commence comme un film ludique puis bifurque vers le drame, en passant par l’action et le fantastique. S’il fallait le défi- nir, je dirais que c’est un conte d’aventure. Ce qui est sûr, c’est que le genre m’inté-
J’aime être surprise au cinéma et je n’aime pas l’idée de se cantonner à une émotion, comme je n’aime pas l’idée de se cantonner à un genre.
resse particulièrement, car comme les contes ou les mythes et légendes, il per- met, en s’éloignant du réel, de manier les symboles et de proposer de nouveaux motifs, de nouvelles représentations. Je crois que le cinéma ainsi que toutes les formes de récit participent à fabri- quer un imaginaire collectif qui forge la société. Pour citer la philosophe Teresa de Lauretes «Représenter le genre, c’est le construire». Je suis convaincue que nous
devons aujourd’hui proposer de nouveaux récits pour façonner un imaginaire plus inclusif. F.N.H. : Quelle est la place des hommes dans «Reines» ? Y. B. : Retravailler les représentations des femmes dans la fiction va de pair avec celle de retravailler celles des hommes, comme on dit, celles de la masculinité. Dans «Reines», il y a les personnages à
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