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CULTURE
JEUDI 25 MAI 2023 FINANCES NEWS HEBDO
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désobéir devient un devoir. «Reines» est un film où chaque person- nage reprend le contrôle de son destin et redevient sujet. Le film interroge différentes figures fémi- nines d’une époque non révolue : rester sagement obéissante dans une effigie de vierge pure ou bien s’émanciper en connaissant une certaine forme d’op- probre ? C’est le choix que va devoir faire Asma. Un choix qui se fait dans l’urgence et qui la fait basculer de l’autre côté. Cette émancipation a un prix : elle fait d’Asma un hors-la-loi. F.N.H. : Quelles ont été vos inspira- tions pour écrire le film ? Y. B. : «Reines» s’inscrit dans une tradition de road movies pour la plupart américains. Ça n’est pas un hasard si les road movies sont souvent des récits centrés sur la notion de liberté : au volant, seuls dans des paysages immenses, le sentiment de liberté est palpable. Et ça n’est pas un hasard non plus si ce genre a fleuri
F.N.H. : Comment le casting pour trouver le trio principal s’est-il passé ? Y. B. : Pour le personnage d’Inès, j’avais en tête les grands yeux tristes d’Ana Torrent dans «Cria Cuervos» et «L’esprit de la ruche». J’ai montré une photo au direc- teur de casting. La deuxième vidéo qu’il m’a fait parvenir était celle de Rayhan, une petite fille de 10 ans qui avait répondu à une annonce sur Facebook. Rayhan avait dans le regard la profondeur que je cher- chais. J’ai immédiatement été séduite. Je savais qu’Inès, c’était elle, et je ne me suis pas trompée. Mais entre le moment où j’ai rencontré Rayhan et le moment où nous avons tourné, deux ans s’étaient passés… J’ai donc légèrement réécrit le person- nage d’Inès pour qu’il grandisse avec son interprète. Pour le personnage d’Asma, ça a été plus long. Je cherchais un physique andro- gyne, et gracile : j’aimais le contraste d’une petite silhouette au volant d’un véhi- cule massif. Le personnage d’Asma est mutique, je cherchais donc une présence forte. Lorsque j’ai vu Nisrine Benchara pour la première fois, ça a été une évi- dence. Elle pouvait à la fois être dure et extrêmement fragile. Elle tenait l’image avec intensité. C’était exactement ce que je voulais. Pour Zineb, le travail de casting a été plus long. La rencontre avec Nisrine Erradi s’est faite sur un malentendu. Nisrine est d’abord arrivée pour le rôle d’Asma. Ce n’était évidemment pas pour elle. Mais elle avait une impertinence dans le regard qui me plaisait beaucoup. J’ai senti en elle un immense potentiel. Je lui ai proposé d’essayer le rôle de Zineb. On a beaucoup discuté et travaillé. Je lui ai fait regarder «Vol au dessus d’un nid de coucou» pour le personnage de Mc Murphy interprété
par Jack Nicholson : imprévisible, toujours sur le fil, prêt à exploser à chaque instant. Nisrine a très vite compris le person- nage de Zineb. Je crois qu’au fond, elle lui ressemble un peu. Et l’interprétation qu’elle a proposée, allait au-delà de mes attentes. C’était un vrai défi : Zineb est le personnage qui insuffle au film son énergie et celui qui donne aux scènes leur tempo. Contrairement à Rayhan et Nisrine Benchara, Nisrine Erradi a une grande expérience de plateau. Elle a été d’une très grande générosité. J’ai beaucoup de chance d’avoir pu travailler avec elle. F.N.H. : Qu’est-ce qui lie Zineb, Inès et Asma ? Y. B. : Zineb est un personnage complexe. Elle est insolente, violente et terriblement attachante. Elle est sa pire ennemie. Zineb et Asma n’ont rien en commun. Mais l’énergie subversive de Zineb est contagieuse et à son contact, Asma va se libérer de ses carcans. Mais c’est surtout le sort d’Inès, qui va rapprocher les deux femmes. Je vois le trio comme une famille inespé- rée. Comme un salut auquel personne ne s’attendait. J’aime l’idée qu’on puisse se réinventer une famille. Au début du film, seule de son côté, chacune est bancale. Ensemble, loin de tout, dans les mon- tagnes, elles trouvent ensemble une har- monie. F.N.H. : Quelles sont les valeurs qui vous ont accompagnée pendant l’écriture ? Y. B. : La liberté, la puissance de l’imagi- naire et la désobéissance. Pour moi, il n’y a pas d’apprentissage sans désobéissance. Il faut toujours questionner la conformité morale. Cultiver un esprit critique et une pensée autonome. Dans certaines réalités,
Je vois le trio comme une famille inespérée. Comme un salut auquel personne ne s’attendait.
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