Cornwall_2014_04_16

La passion de Marcelle Paquette  ŏđŏŏ 

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Marcelle Paquette, fondatrice du centre de généalogie et archives St- Laurent, tient près de son cœur le tout premier dictionnaire qu’elle utilisa pour desservir la population des environs.

FRANCIS RACINE francis.racine@eap.on.ca

CORNWALL | Marcelle Paquette dispara î t dans une des pièces de sa belle maison. Lorsqu’elle revient dans la cuisine, elle a un gros livre bleu sous les bras. «C’est le tout premier dictionnaire que j’avais, lorsque j’ai commencé le centre de généa- logie dans le sous-sol de la chapelle Nati- vité, explique-t-elle. Au tout début, nous n’avions même pas de chaises ou de table. C’est grâce à tous les curés que nous avons été capables d’aider tous les gens.» La da m e, qui est native de Dunvegan, e x plique qu’elle a été capable d’obtenir l’i m portant bouquin par l’entre m ise de vieilles photos. «Le départe m ent de généa- logie à l’Université de Montréal échangeait des vieilles photos pour d’autres ressources, dit-elle avec un sourire. Donc, j’avais a m as- sé plusieurs d’entre elles pour leur envo y er.» Des gens venaient donc la visiter, i m - plorant son aide, pour résoudre des my s- tères généalogiques. «Lorsque les gens ve- naient dans le sous-sol et descendaient les cinq escaliers, ils se de m andaient souvent s’ils étaient au bon endroit, se rappelle M m e Paquette tout en riant. Cela avait vrai m ent l’air d’un sous-sol, il n’ y avait pas beaucoup de lu m ière.» Co mm ençait donc une vraie aventure pour l’enseignante à la retraite, passionnée par l’histoire. «J’ai vrai m ent co mm encé à apprécier la généalogie et l’histoire quand j’étais toute jeune, e x plique M m e Paquette. Mes grands frères parlaient souvent de nos grands et arrières grands-parents. Je leur de m andais toujours de m e raconter leurs histoires.» Suite à l’ouverture du centre, plusieurs élèves de la co mm unauté de Cornwall et des environs ont visité M m e Paquette et ses bé- névoles. Des autobus re m plis venaient dé- poser des curieu x qui, grâce à la collection grandissante de l’enseignante à la retraite, en apprenait non seule m ent davantage au sujet de leurs fa m illes, m ais aussi co mm ent bien faire une recherche généalogique. «De plus en plus, nous recevions des dons de la co mm unauté, e x plique-t-elle. Nous faisions aussi beaucoup d’échanges, donc, ça ne nous coûtait pas trop cher.» M m e Paquette, qui ai m e bien rire, se souvient d’une drôle d’anecdote concer- nant des dictionnaires qu’elle avait reçus en échange avec l’Université de Montréal. «Nous avions ces vrai m ent beau x gros dic- tionnaires Drouin, puis une journée, deu x beau x ho mm es, vêtus d’habits, se sont présentés au centre, e x plique-t-elle. J’étais évide mm ent surprise. Bien, ils m ’ont dit

qu’un certain héritier à Montréal était à la recherche de dictionnaires Drouin qui avaient été donnés à l’Université de Montréal. Bien que j’avais obtenu les livres légale m ent, les deu x ho mm es m ’ont dit de les cacher car des gens vien- draient probable m ent les chercher. Le curé m ’avait donc aidé, en les cachant dans une ar m oire derri ère ses cierges.» Depuis, le centre a dé m énagé dans l’école la Nativité, pour ensuite étendre ses racines dans l’école Ste- Croi x . «Nous avons bien grandi de- puis le début, e x plique fière m ent M m e Paquette. Nous avons m ain- tenant telle m ent d’étagères et de livres.» m es petits de 1 ere année, je leur de m andais s’ils savaient ce que leurs arrières grands- parents faisaient lorsqu’ils étaient jeunes, dit-elle. Non seule m ent ils ne pouvaient m e répondre, m ais ils ne connaissaient m ê m e pas leurs no m s. Ils les appelaient tous pé- père et m é m ère.» Pour M m e Paquette, qui est titulaire d’une m a î trise en enseigne m ent, éduquer les autres se m ble être une m ission qu’elle ne cesse de poursuivre. En effet, celle-ci aurait co mm encé sa carrière d’enseignante à l’âge de 17 ans. «Il y avai t un élève dans une de m es classes qui était plus vieu x que m oi, dit-elle, tout en souriant. Il avait 18 ans. Dans ce te m ps-l à , les garçons travaillaient sur la fer m e, ils m anquaient donc souvent l’école.» Persévérante, la da m e a donc enseigné pendant plusieurs années, à travers la ré- gion. Elle dit avoir su co mm ent bien ap- prendre l’anglais au x jeunes élèves car, elle- m ê m e totale m ent bilingue, a grandi dans un endroit entouré de fer m iers écossais. «C’était re m pli de Stewart, se rappelle-t- elle tout en ricanant. Mais nous n’étions pas m alheureu x . On leur apprenait le français, puis ils nous aidaient avec notre anglais.» Bien qu’elle veuille encore aider les gens avec leurs recherches, M m e Paquette dit avoir pris une petite retraite du m onde de la généalogie à te m ps plein. «Je viens de m e faire opérer dans les deu x poignets à cause de problè m es de canal carpien, dit- elle. Mais je vais quand m ê m e au centre quelques fois. Je ne peu x si m ple m ent pas m ’arrêter, c’est plus fort que m oi!» Une vraie passionnée de généa- logie, la da m e dit espérer que chaque enfant ait les m o y ens de co m prendre l’histoire de ses ancêtres. «Lorsque j’enseignais à

C’est le tout premier dictionnaire que j’avais, lorsque j’ai commencé le centre Marcelle Paquette

Photo Francis Racine

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