FNH N° 1015 (1)

JEUDI 18 MARS 2021 / FINANCES NEWS HEBDO

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SPÉCIAL DÉVELOPPEMENT DURABLE

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◆ Plusieurs textes de loi ont été promulgués pour favoriser l’efficacité énergétique. ◆ L’écoconstruction engendre des surcoûts, mais elle séduit certains acquéreurs. La fibre écologique gagne lentement du terrain Construction durable

L e BTP est l’un des sec- teurs les plus dynamiques de l’économie nationale. Aujourd’hui, le gouverne- ment et les opérateurs du secteur veulent renforcer l’aspect écologique dans la construction à travers des textes de loi et des règle- ments en phase avec ce qui est admis à l’international. La fibre écolo- gique fait de plus en plus son chemin auprès des professionnels et elle est exigée par les donneurs d’ordre et les acquéreurs. Il faut noter que la dynamique que connait le secteur est une occasion pour introduire de nouveaux process de construction durable et d’effica- cité énergétique. Mais, en pratique, des contraintes freinent la réalisation des objectifs assignés. «L’Administration marocaine est sen- sible au volet écologique. Mais actuel- lement, il n’existe pas de dispositifs ou d’incitations comme le font certains pays. Pour respecter les normes de durabilité, il faut supporter un surcoût par rapport à la construction conven- tionnelle, qui est imputé sur le prix final. Excepté les bâtiments de haut standing, il est difficile de convaincre l’acquéreur de cette hausse de prix» , souligne Rachid Khayatey Houssaini, président de l’Association marocaine de la construction durable (AMCOD) et vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). Il propose une classification des bâti- ments et une taxation urbaine en fonction de leur déperdition énergé- tique. Le respect de l’environnement est un enjeu de première importance pour les architectes. Du fait qu’ils sont les maîtres-d‘œuvre du projet, ils choi- sissent les plans et les matériaux Par C. Jaidani

Les opé- rateurs du secteur ont un rôle pour promou- voir l’éco- construction, notamment au niveau de l’architecture et du choix des maté- riaux.

utilisés. Par leur approche globale et leur capacité d’intégrer plusieurs paramètres, ils sont capables d’inci- ter tous les acteurs du BTP à opter pour l’écoconstruction. «Notre secteur est un levier majeur pour concilier les aspirations des individus avec les contraintes col- lectives dans un cadre qui prend en considération l’intérêt des géné- rations futures» , souligne Mohamed Karim Saï, président de l’Ordre des architectes de la région du Grand Casablanca. «Construire durable, ce n’est pas seu- lement ériger un bâtiment énergé- tiquement performant. Il s’agit de le concevoir dans une démarche globale de respect de l’environne-

ment. La conception architecturale doit être pensée de façon à réduire les consommations d’énergie et répondre aux besoins des usagers» , ajoute-t-il. Le bâtiment s’accapare au total 36% de la consommation d’énergie natio- nale. Il est donc primordial de pro- mouvoir l’efficacité énergétique dans la construction. Dans ce cadre, le Royaume a réa- lisé d’importantes avancées en la matière, mais reste toutefois en deçà des normes internationales, notam- ment pour ce qui est de l’intégration des préoccupations énergétiques et écologiques en amont de la concep- tion de projets urbains et de villes nouvelles. ◆

L’Administration marocaine est sensible au volet écologique. Mais en pratique, il n’existe pas de dispositifs ou d’incitations comme le font certains pays.

Des projets labellisés écologiques sont de plus en plus présentés sur lemarché. L’écocité de Zenata en est le parfait exemple. Conçue pour accueillir 300.000 habitants, la ville a adopté un concept qui a fait ses preuves dans plusieurs métropoles étrangères. Les projets sont réalisés selon un cahier des charges bien précis. Les résidences sont situées dans un environnement organisé selon les principes traditionnels desmédinasmarocains. Il faut dire que l’aspect écologique est un argu- ment commercial vendeurmalgré son coût élevé. Il est véhiculé par plusieurs promoteurs, notam- ment dans le pôle urbain d’Anfa ou dans certains projets touristiques de grande envergure. Les projets labellisés ont la cote

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