RÉCONCILIÉ AVEC
vie d’un œil critique, moins elle est un impressionnant royaume humain, elle ressemble plutôt à un petit mini-duché d’un ordre de grandeur de celui du Lil- liput de Gulliver. Mais d’une certaine manière, c’est aussi tout à fait bien comme cela. Je suis en effet d’autant plus impressionné que le Dieu sans li- mites veuille habiter en moi et dans mon royaume, et qu’Il semble y trou- ver place quelque part. Ainsi, ma vie limitée entre en contact avec toute la charge saturée de divinité illimitée, et alors cela commence à cré- piter de manière fascinante. Mon hori- zon personnel éclate par la présence de Dieu, à qui tout est possible. Saine naïveté David Ben Gurion a dit : « Celui qui ne croit pas aux miracles n’est pas réa- liste ». C’est exactement ce que j’ai vécu
constamment toutes les frontières pour être proche de nous autres humains. Jésus le frontalier Cette caractéristique s’est aussi mani- festée intensément chez Jésus. Ainsi, Il a sans cesse défoncé les conventions culturelles dominantes pour s’appro- cher des gens. Cela se voit avec la Sa- maritaine rejetée au puits, en passant par la visite chez le collecteur d’impôts Zachée, jusqu’à l’homme malade de la lèpre qu’Il n’a pas tenu à distance mais qu’Il a touché. Jésus a dépassé chaque frontière imagi- nable pour rencontrer les gens. Il a fait éclater et défié les limites des modes de pensée prédominants de l’époque. Par Sa résurrection Il a démoli la frontière de la relation avec Dieu et le Royaume de Dieu, et rendu possible un chemin.
J’aime probablement autant les li- mites que l’absence de limites. Chez moi, le premier élan émo- tionnel va clairement à cette der- nière. « Sans frontières » éveille en moi comme une sorte de nostal- gie, amène une saveur de liberté sur le bout de ma langue et fait vi- brer une corde quelque part dans mon âme. Peut-être est-ce ainsi parce que dans la vie, à mesure qu’on avance dans ce pèlerinage fantastique, on se voit confronté à ses propres limites : tout de moi et en moi est limité. En contraste à mes limites se situe Dieu, qui est sans limites. Cela fait pourtant déjà un certain temps que j’ai laissé der- rière moi la phase de jeunesse eupho- rique de ma vie, où j’avançais en tré- buchant avec la pensée fausse que rien ne m’était impossible et tout était at- teignable. L’ensemble des expériences de ma vie me fait sentir qu’il existe des choses qui portent un écriteau « jamais » ou « plus jamais ». J’ai fait une fois ma dernière cabriole dans l’herbe, et j’ai très vraisemblablement laissé der- rière moi la période de fonder ma fa- mille. Mon petit doigt reste définiti- vement courbé après un accident de volley-ball et le nombre de mes che- veux gris a tendance à augmenter plu- tôt qu’à diminuer. Quand je considère ma vie comme un domaine dont Dieu m’a confié l’entretien, je me vois tou- jours plus confronté aux frontières de ce royaume humain. Mon corps – un miroir C’est toujours mon corps qui reflète cela en premier. Par exemple, je ne suis plus capable de faire le nombre d’appuis fa- ciaux que j’effectuais à vingt ans avec une facilité déconcertante. Je termine plutôt cet exercice avec une prière de remerciement secrète si j’arrive seule- ment à me relever. Plus je considère ma
comme en- fant lorsque les limites de mon corps, qui m’au- raient sans doute accom- pagné toute
Dieu existe aussi en de- hors de mon petit univers.
la vie, ont disparu par les prières de mes parents, de manière inexplicable même pour les médecins. Il est probable que c’est pour cela que je porte en moi une si grande fascination pour la nature sans limites de Dieu. Cependant, j’ai décidé de ne pas faire dépendre ma foi de ces miracles, de ce que Dieu fait ou ne fait pas. Je transformerais donc la phrase de M. Ben Gurion en la complétant ainsi : « Celui qui croit seulement sur la base des miracles est un opportuniste. » Cela est alors de nouveau presque une ab- surdité, car ainsi la grandeur de Dieu fluctue continuellement dans ma foi. Pourtant Sa dimension ne dépend pas de mes expériences. Dieu existe aussi en dehors de mon petit univers et devient un « frontalier » quand Il outrepasse
Une promesse qui a des suites Il est probable que si je suis tellement fasciné par l’absence de limites c’est parce qu’elle est offerte par Dieu à nous autres humains. Cependant, au quo- tidien nous ressentons cette tension, peut-être quelquefois désagréable à soutenir, qui apparaît toujours là où la divinité rencontre l’humanité. Dans la vie, être là où le « déjà là » du fu- tur Royaume des cieux se heurte et se mélange à la réalité du « pas encore », la tension est prévisible. A l’époque, ma mère était aussi confrontée à une tension, c’est pour cela qu’elle a prié : « Seigneur, si tu ne guéris pas mon fils je l’accepterai à partir de maintenant.
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