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SAM ALLONS

03 | 2021

Des personnes en détresse Un problème du quotidien p. 9

Quand Dieu nous étonne Confiants malgré tout p. 13

Quand la langue n’est pas une barrière Elle est un pont p. 17

envoyés!

ÉDITORIAL

SOMMAIRE

02 Éditorial

Luisa Vonarburg Responsable de la rédaction SAM Allons

Luisa Vonarburg

03 Pris sur le vif Andreas G. 04 Pas de hâte Martha G. 06 Un appel sans frontières Jürg Pfister 07 La foi dans la tempête Abel 08 De la précision suisse – à la fonctionnalité guinéenne Sämi W. 09 Des personnes en détresse – un problème du quotidien (ou pas) Luisa Vonarburg mit Tabea Oppliger 11 Réconcilié avec mes frontières Andreas Boppart 12 Recette de cuisine Beat Roggensinger 13 Quand Dieu nous étonne Naemi S. 13 Confiants malgré tout Priska M.

Il y a quelques semaines, je suis allée au supermarché du coin. Avec mon masque de protection sur la bouche et le nez, mes lunettes étaient plus un écran de buée qu’une aide visuelle. Néanmoins, j’ai remarqué une dame à l’en- trée, qui vendait des magazines en faveur des sans-abri. Puis, en faisant mes achats, j’ai réalisé à quel point j’étais bénie. Avoir des revenus suffisants ne va pas de soi, sur- tout pendant la pandémie de coronavirus. Et c’est alors que l’image brumeuse est réapparue : celle de la femme à l’entrée. Une décision Dans la vie, nous avons souvent l’occasion de prendre des décisions. Il y a le pour et le contre, ce qui est facile à choisir et ce qui l’est moins, ce qui a des limites et ce qui n’en a pas. Beaucoup de nos collaborateurs à l’étranger sont constam- ment confrontés à ces deux mondes. D’une part, les op- tions sont limitées, la pauvreté peut être accablante et il n’y a pas toujours les ressources nécessaires pour aider partout. D’autre part, la foi en un Dieu pour lequel rien n’est impossible fait disparaître les frontières. Une vue claire Pendant que je payais mes courses, ma vision s’est éclaircie. Pas à travers mes lunettes, mais dans mon cœur. J’avais la nette impression que je devais faire plaisir à cette femme et la « voir » réellement. J’ai pris la décision de remarquer l’évidence et d’agir. J’ai acheté des fleurs et je les lui ai of- fertes. Ses yeux ont brillé ! Elle n’a pas hésité et m’a don- né un de ses magazines. Bien que nous ne nous connais- sions pas et que nous venions de mondes complètement différents, nous avons toutes deux franchi une frontière et fait un pas vers l’autre. Dans les articles qui suivent, nous vous donnons l’occa- sion d’être inspiré. Inspiré par des personnes qui ont sur- monté des frontières, qui sont (pour l’instant) retenues par des limites, et par des histoires où des miracles et des percées ont déjà eu lieu.

Luisa Vonarburg, Communication

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PRIS SUR LE VIF

14 Un esprit d’ouverture et d’amour Aimée M. 15 Un programme radio qui a des effets Isac S. 16 Sans frontières ? envoyés ! Paroles de nos collaborateurs 17 Quand la langue n’est pas une barrière Cédric Ch. 18 « Ce souci ne m’appartient pas ! » Helen M. 19 #be sent Travailler chez SAM global 22 Pouls financier Peter Röthlisberger

Je suis enseignant de l’école secondaire à la retraite. J’ai passé neuf semaines à enseigner la « méthodologie géné- rale » au séminaire pédagogique de l’église évangélique du Tchad. Pendant deux semaines, j’ai pu accompagner les étudiants dans leur stage pratique, ce qui n’était pas prévu au départ mais qui s’est révélé utile, nous permet- tant une expérience commune. Voici un aperçu de mes expériences : • J’étais donc face à 19 étudiants qui avaient tous sui- vi douze ans de scolarité en français et qui le parlaient mieux que moi-même. J’ai pensé que cela allait être amu- sant, et les étudiants probablement aussi ! • J’étais censé prier au début et aussi à la fin de la leçon et je n’ai pas tardé à être réprimandé parce que j’ou- bliais souvent la prière finale. Plusieurs aspirent à trans- mettre la Bonne Nouvelle à l’école. La Bible est recon- nue comme autorité suprême. • En enseignant les mathématiques, j’ai pris conscience que mes anciens élèves de sixième en Suisse n’étaient pas si mauvais, après tout. Ici, la plupart de mes étu- diants, même bacheliers, affichaient de moins bonnes prestations. • La température de la salle de classe atteignait les 44 degrés les après-midis. Un étudiant affirmait à titre de consolation qu’elle aurait pu dépasser les 50 degrés ! • Aucun étudiant n’avait jamais utilisé de compas, aussi ont-ils apprécié que je leur en donne. Ils en ont improvi- sé un dans le sable au moyen d’une ficelle de 10 mètres de long, une idée très pratique et concrète. • On m’a demandé comment j’enseignerais une classe de 70 écoliers. J’y avais déjà réfléchi et j’ai pu leur mon- trer un concept correspondant à une classe regroupant plusieurs niveaux. Ils ont étonnamment bien accueilli mes explications. • Le plus beau moment de cet enseignement : quatre étu- diants chantent devant le groupe et moi je me mets à danser. Je ne sais pas si ma femme se serait autant ré- jouie que les étudiants. L’engagement a-t-il valu la peine ? En estimant que la moi- tié des participants en retire quelque chose, et par consé- quent aussi leurs 55 élèves (effectif moyen au Tchad), cela fait 550 enfants par année. Je trouve alors que mon travail et l’effort de surmonter des limites en valaient la peine !

Page titre : Sämi W. a travaillé comme court-terme en Guinée. Plongez dans son histoire en page 8.

Andreas G. Enseignant retraité Engagement de spécialiste au Tchad

Pour des raisons de sécurité, nous ne mentionnons pas les noms de famille de nos collaborateurs à l’étranger.

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Martha et Madame S.

Madame S. et sa mère

Madame S. dans son village

Madame S. avec son pasteur

Madame S. sur un tricycle

PAS DE HÂTE Pendant trente ans, je me suis investie pour les ma- lades de la lèpre à Macenta en Guinée. Des per- sonnes méprisées et marginalisées ont repris courage et retrouvé leur dignité. Les paroles d’un chant allemandme viennent spontanément en mémoire : « Oser marcher en comptant sur un bon chemin ». D’innombrables fois dans ma vie, cette phrase s’est avérée être une vérité digne de confiance. Quand j’osais écouter Dieu et agir selon Ses paroles, je réalisais comment les frontières que je m’étais fixées éclataient. Pendant ces trente ans àMacenta, j’ai vécu de très nombreuses situations qui m’ont amenée à m’émerveiller. Je pense en par- ticulier aux années durant lesquelles j’ai dirigé avec mes amis guinéens le projet de réinsertion des malades de la lèpre han- dicapés mais guéris. Dans mes idées limitées j’hésitais souvent à considérer les choses courageusement selon la perspective de Dieu, et d’agir en conséquence. Je suis très reconnaissante au Seigneur d’avoir mis à mes côtés des collaborateurs pleins de patience. Ensemble nous avons régulièrement vu que pour Dieu rien n’est impossible (Luc 1.37). Et cela en dépit de mes (et de nos) limites relatives à tant de choses. Dieu ne vient jamais trop tard Je m’en souviens encore très bien : Madame S. vend de pe- tits objets au marché. Pour cela, elle est assise par terre sur

une vieille natte. Comme elle est mutilée aux mains et aux pieds, elle se protège du regard des gens avec des tissus. En passant, mon collaborateur lui adresse la parole. Elle nous regarde très timidement et avec réticence. Il l’encourage à ne pas avoir peur de nous. Nous trouvons un endroit pro- tégé où nous parlons longtemps avec elle. À aucun moment elle ne nous montre ses pieds. À ses mains sans doigts nous voyons bien qu’elle a eu la lèpre. Nous lui promettons de re- venir malgré les 170 kilomètres de distance. Lors de la deuxième visite elle parvient à surmonter sa honte et nous montre ses pieds pleins de plaies : une triste vision. Une relation de confiance grandit, elle ose venir au CHRS de Macenta et rencontre d’autres personnes touchées par la lèpre. Dans les années qui suivent nous faisons la connais- sance de sa famille. Sa confiance en elle et sa joie de vivre augmentent. Nous sommes même témoins qu’elle se confie en Jésus, devient une femme rayonnante et retourne parmi les siens. La bonté de Dieu est sans limites Pour les malades de la lèpre comme madame S., la misère, la pauvreté, la souffrance, le désespoir et la peur du rejet font souvent partie du quotidien. Quelle joie quand ils découvrent que les vérités divines sont valables pour eux aussi : aide, joie, courage, espérance, bonté et bienveillance. Mais il faut sou- vent beaucoup de temps et de persévérance.

04

Le chauffeur Samuel, avec lequel j’ai parcouru des milliers de kilomètres, a dit lors de ma fête d’adieu : « J’ai un autre nom pour Martha. Elle se nomme Soma – l’intrépide. Elle ose des pas où d’autres reculent. Elle dort sur des paillasses incon- fortables. Elle est inébranlable quand il s’agit de se rendre à pied chez les anciens malades dans les villages éloignés, là où aucune voiture ne peut plus aller. » Durant ces trente ans, je me suis rendu compte du fait sui- vant : « Les frontières ne peuvent parfois pas être franchies à la hâte. »

Martha G. Ancienne collaboratrice Macenta, Guinée

Patients lèpre dans la région forestière, Guinée 1982 – 2020

3500

3000

2500

Neue Patient/innen Patient/innen Ende Jahr ouveaux patients s à la fin de l’ nnée

2000

1500

1000

500

0

Année

Aperçu du travail contre la lèpre en Guinée depuis plus de 38 ans : les succès sont visibles. (source : données de SAM global – Stefan Strahm, 2021)

Madame S. fait partie des milliers de malades de la lèpre qui ont été traités grâce à l’action de SAM global, expérimentant un peu d’attention et d’amour. Les premiers collaborateurs de SAM global, arrivés fin 1981 à Macenta, ont commencé peu après le traitement de ces personnes, initialement dans le seul Centre Médical (appelé maintenant CHRS). Dès 1987, ce travail s’est étendu à toute la région forestière de Guinée, en collaboration avec le Ministère guinéen de la santé. Il en a résulté une forte augmentation des patients nouvellement diagnostiqués et de ceux enregistrés à la fin de l’année. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS)

avait prévu pour l’an 2000 « l’élimination de la lèpre en tant que problème de santé publique », ce qui a provoqué une nouvelle croissance des cas nouvellement diagnostiqués dans les années autour de 1997. Le but d’avoir moins de 1 malade de la lèpre par 10 000 habitants a été atteint fin 2002 pour la région forestière, mais on continue à trouver de nouvelles personnes atteintes, qui n’ont jamais été soignées et ont besoin de thérapie. Le travail n’est pas encore fini.

Après des débuts qui semblaient peu prometteurs, on peut discerner rétrospectivement l’action de Dieu.

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DE LA PRÉCISION SUISSE – À LA FONCTIONNALITÉ GUINÉENNE

que le clignotant, qu’on ne mange pas du riz seulement à midi, mais également pour le petit-déjeuner et qu’on ne peut passer les postes de contrôles militaires qu’avec le bon dosage de palabre et d’humour. Ces choses-là ont également légèrement déplacé les limites de ma ca- pacité d’imagination. Si par exemple vous vous étonnez de croiser une voi- ture transportant une chèvre sur le toit, la suivante transportera sûrement une vache. En plus d’une chèvre. Rien n’est impossible Avec le temps, toutes ces impressions qui poussaient mon raisonnement suisse à ses limites sont devenues nor- males. Ce n’est que lorsque j’ai com- mencé à comprendre qu’en matière de chargement de voiture, de propreté et de bien d’autres choses, je devais être le seul dans ce pays pour lequel il exis- tait des limites, que j’ai réussi à m’y habituer. Il semblerait donc que j’aie abandon- né toutes mes frontières et que la voie soit libre pour aller sauver le monde. Mais pour cela, il manque actuellement

encore deux choses : d’une part, les routes sont beaucoup trop mauvaises pour avoir la voie libre. D’autre part, après quelques kilomètres seulement, on se trouve déjà face à la limite sui- vante à surmonter. Angles droits Je vis cela très personnellement. La grande frontière évidente et compré- hensible pour chacun de la culture inha- bituelle ne représente actuellement plus mon défi le plus important. Je constate bien davantage que dans mon travail quotidien, je me retrouve sans cesse face à des limites. C’est un grand défi pour moi que de trouver une juste mesure entre la précision suisse et la fonction- nalité guinéenne. Les sentiments décrits au début représentent tant de situations de mon quotidien dans lesquelles je me retrouve face à des limites. Il peut s’agir d’une bonne idée que je saurais parfai- tement mettre en pratique, mais soit je n’ai pas les vis nécessaires, soit elles sont déjà usées. Il manque si peu. Rien qu’une vis, mais elle manque. Les frustrations du début étaient pro- bablement nécessaires sur la route sou- vent si difficile vers le but, mais en Gui- née, on trouve une solution pour tout. La découvrir en collaboration avec de jeunes Guinéens motivés est plus im- portant pour moi que n’importe quel angle droit.

Lorsqu’on commence à rêver à des vis de qualité durant la nuit, il se pourrait bien qu’on travaille dans un atelier guinéen. Laissez-moi vous parler de limites que j’ai sur- montées avec un marteau, et pour lesquelles une chèvre est venue à mon aide. Quand j’ai vu pour la première fois la « réserve de vis » de mon nouveau lieu de travail en Guinée, j’ai su à quelle sauce j’allais être mangé. Dit honora- blement, l’assortiment est visible en un seul coup d’œil. Je m’y attendais, mais je n’avais pas imaginé qu’il puisse exis- ter une qualité aussi déplorable. Vrai- ment pas. De nombreuses vis qu’on peut obtenir ici voient exactement deux fois un outil au cours de leur vie : la pre- mière fois lorsqu’on les serre, la deu- xième fois lorsqu’on retire l’écrou du filetage usé. Avec un marteau. Et non sans violence.

Mon nouveau chez-moi Depuis quelques mois, la Guinée est mon nouveau chez-moi. Extérieure- ment, ma vie a complètement changé. Pas étonnant lorsque pour conduire une voiture, on utilise plus souvent le klaxon

Sämi W. Ancien court-terme ProTIM 2-2-2 Kissidougou, Guinée

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Le chargement : un art guinéen sans frontières

DES PERSONNES EN DÉTRESSE – UN PROBLÈME DU QUOTIDIEN (OU PAS)

les facteurs déterminants. « Si je veux savoir ce qui manque à mes enfants, je me mets à genoux, à leur hauteur, et je de- mande. C’est tout aussi simple avec des étrangers en détresse. » « Tu ne peux pas plus que ce que tu peux », ajoute-t-elle. Agir différemment Lorsque l’idée de créer une entreprise sociale a commencé à faire son chemin il y a sept ans, Tabea ne possédait qu’une petite partie du puzzle. Elle avait le choix de faire de ce puzzle une image complète, ou de le laisser en l’état. Au dé- but, la peur a pris le dessus. Mais Tabea a approfondi le su- jet toujours plus, a réuni des éléments et a refusé en toute conscience ses craintes de contact. C’est ainsi qu’elle a pu faire le premier pas. Aujourd’hui encore, Tabea désire aller là où personne d’autre ne va, pour voir ce que peu ont envie de voir. A la question de savoir comment cela est possible, elle répond : « Seule- ment si, comme Jésus, nous prenons chaque matin un temps de silence pour L’écouter. » Durant ces moments, Tabea re- çoit des « choses » dans son cœur, qu’elle emmène ensuite dans son quotidien pour les mettre en pratique autant que possible. Il est ainsi plus facile pour elle de ne pas se précipi- ter et passer à côté de personnes en détresse. Ce que beaucoup ne savent pas Il n’est pas nécessaire de connaître toutes les réponses et on peut et doit chercher de l’aide. Il est normal de s’en tenir à ses propres limites. Rencontrer des gens sans poser de condi- tions et les aimer, c’est un processus. C’est en forgeant que l’on devient forgeron. Commettre des erreurs, ce n’est pas un échec, mais un apprentissage. Tabea le sait par sa propre expérience. « Utilise tes dons, ouvre les yeux et la bouche, mais il ne s’agit pas de toi. La question est d’aimer son voi- sin ou sa voisine comme soi-même, pour dépasser les fron- tières et transformer des vies. »

Avec son entreprise sociale, Tabea Oppliger a don- né une deuxième chance à de nombreuses personnes. Certaines vies ont été transformées, elle a fait preuve de courage et des frontières ont été dépassées. En tant que « femme d’action », cela semble lui être venu natu- rellement. Comment il devient possible de dépasser les limites et comment nous pouvons aller à la rencontre de personnes en détresse au quotidien : entretien entre Tabea Oppliger et Luisa Vonarburg. Pour Tabea, la franchise et l’amour du prochain sont la quin- tessence du quotidien. Chez ses parents déjà, il y avait tou- jours une place à table pour l’étranger. « Il n’y avait guère de repas sans invité » dit la mère de trois enfants. L’exemple vécu d’un amour du prochain authentique a transformé de nombreuses vies. « C’était une inspiration et un privilège de grandir ainsi. J’ai reçu quelque chose et je le transmets main- tenant plus loin. » Tabea en est convaincue : « Lorsque quelqu’un débute quelque chose, beaucoup suivent l’exemple. Il faut simplement qu’une personne commence. » Pour aller au-delà des limites, il suf- fit de demander aux gens de quoi ils ont besoin. C’est déjà le premier obstacle pour beaucoup : « Les gens sont trop occupés et tellement concentrés sur eux-mêmes qu’ils ne voient pas la détresse des autres. » Pour elle, il est encourageant qu’on n’ait pas besoin de connaître quelque chose particulièrement bien ou d’avoir quelque chose pour donner aux autres. Pour aller au-delà des frontières invisibles de la misère, il faut selon elle du courage, des yeux ouverts et un ego pas trop grand pour « N’attendez pas d’être prêt, ou vous passerez le reste de votre vie à attendre. » Tabea Oppliger a grandi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où ses parents travaillaient. Elle a ensuite vécu en Suisse pendant vingt ans, a poursuivi sa carrière professionnelle, a épousé Matthias et est devenue mère de trois enfants. Dans son combat inlassable pour la justice et la liberté, elle a fondé l’entreprise sociale « KitePride » et « Glowba- lAct », une organisation caritative dédiée à l’abolition de l’esclavage moderne et à la lutte contre la traite des êtres humains. Elle vit à Tel Aviv avec sa famille depuis août 2014. Source : Fontis

Luisa Vonarburg Responsable de la rédaction SAM Allons

Tabea Oppliger Fondatrice

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RÉCONCILIÉ AVEC

vie d’un œil critique, moins elle est un impressionnant royaume humain, elle ressemble plutôt à un petit mini-duché d’un ordre de grandeur de celui du Lil- liput de Gulliver. Mais d’une certaine manière, c’est aussi tout à fait bien comme cela. Je suis en effet d’autant plus impressionné que le Dieu sans li- mites veuille habiter en moi et dans mon royaume, et qu’Il semble y trou- ver place quelque part. Ainsi, ma vie limitée entre en contact avec toute la charge saturée de divinité illimitée, et alors cela commence à cré- piter de manière fascinante. Mon hori- zon personnel éclate par la présence de Dieu, à qui tout est possible. Saine naïveté David Ben Gurion a dit : « Celui qui ne croit pas aux miracles n’est pas réa- liste ». C’est exactement ce que j’ai vécu

constamment toutes les frontières pour être proche de nous autres humains. Jésus le frontalier Cette caractéristique s’est aussi mani- festée intensément chez Jésus. Ainsi, Il a sans cesse défoncé les conventions culturelles dominantes pour s’appro- cher des gens. Cela se voit avec la Sa- maritaine rejetée au puits, en passant par la visite chez le collecteur d’impôts Zachée, jusqu’à l’homme malade de la lèpre qu’Il n’a pas tenu à distance mais qu’Il a touché. Jésus a dépassé chaque frontière imagi- nable pour rencontrer les gens. Il a fait éclater et défié les limites des modes de pensée prédominants de l’époque. Par Sa résurrection Il a démoli la frontière de la relation avec Dieu et le Royaume de Dieu, et rendu possible un chemin.

J’aime probablement autant les li- mites que l’absence de limites. Chez moi, le premier élan émo- tionnel va clairement à cette der- nière. « Sans frontières » éveille en moi comme une sorte de nostal- gie, amène une saveur de liberté sur le bout de ma langue et fait vi- brer une corde quelque part dans mon âme. Peut-être est-ce ainsi parce que dans la vie, à mesure qu’on avance dans ce pèlerinage fantastique, on se voit confronté à ses propres limites : tout de moi et en moi est limité. En contraste à mes limites se situe Dieu, qui est sans limites. Cela fait pourtant déjà un certain temps que j’ai laissé der- rière moi la phase de jeunesse eupho- rique de ma vie, où j’avançais en tré- buchant avec la pensée fausse que rien ne m’était impossible et tout était at- teignable. L’ensemble des expériences de ma vie me fait sentir qu’il existe des choses qui portent un écriteau « jamais » ou « plus jamais ». J’ai fait une fois ma dernière cabriole dans l’herbe, et j’ai très vraisemblablement laissé der- rière moi la période de fonder ma fa- mille. Mon petit doigt reste définiti- vement courbé après un accident de volley-ball et le nombre de mes che- veux gris a tendance à augmenter plu- tôt qu’à diminuer. Quand je considère ma vie comme un domaine dont Dieu m’a confié l’entretien, je me vois tou- jours plus confronté aux frontières de ce royaume humain. Mon corps – un miroir C’est toujours mon corps qui reflète cela en premier. Par exemple, je ne suis plus capable de faire le nombre d’appuis fa- ciaux que j’effectuais à vingt ans avec une facilité déconcertante. Je termine plutôt cet exercice avec une prière de remerciement secrète si j’arrive seule- ment à me relever. Plus je considère ma

comme en- fant lorsque les limites de mon corps, qui m’au- raient sans doute accom- pagné toute

Dieu existe aussi en de- hors de mon petit univers.

la vie, ont disparu par les prières de mes parents, de manière inexplicable même pour les médecins. Il est probable que c’est pour cela que je porte en moi une si grande fascination pour la nature sans limites de Dieu. Cependant, j’ai décidé de ne pas faire dépendre ma foi de ces miracles, de ce que Dieu fait ou ne fait pas. Je transformerais donc la phrase de M. Ben Gurion en la complétant ainsi : « Celui qui croit seulement sur la base des miracles est un opportuniste. » Cela est alors de nouveau presque une ab- surdité, car ainsi la grandeur de Dieu fluctue continuellement dans ma foi. Pourtant Sa dimension ne dépend pas de mes expériences. Dieu existe aussi en dehors de mon petit univers et devient un « frontalier » quand Il outrepasse

Une promesse qui a des suites Il est probable que si je suis tellement fasciné par l’absence de limites c’est parce qu’elle est offerte par Dieu à nous autres humains. Cependant, au quo- tidien nous ressentons cette tension, peut-être quelquefois désagréable à soutenir, qui apparaît toujours là où la divinité rencontre l’humanité. Dans la vie, être là où le « déjà là » du fu- tur Royaume des cieux se heurte et se mélange à la réalité du « pas encore », la tension est prévisible. A l’époque, ma mère était aussi confrontée à une tension, c’est pour cela qu’elle a prié : « Seigneur, si tu ne guéris pas mon fils je l’accepterai à partir de maintenant.

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MES FRONTIÈRES Par contre si tu le guéris, toute sa vie t’appartiendra. » Une prière qui a don- né à ma vie un important changement de direction, mais une prière qui révèle aussi la tension et la question qui lui est liée : quand est-ce que j’assiège le trône de Dieu, et quand est-ce que j’ac- cepte les choses comme elles sont et es- saie d’en tirer le meilleur étant donné les circonstances ? Sans cesse solliciter Dieu et croire que pendant cette vie tout doit être encore transformé par Lui, comporte deux faces. D’une part cela semble montrer une foi forte, mais cela peut être aussi juste de l’ignorance em- ballée dans des rengaines pieuses. C’est méconnaître l’histoire des croyants qui ont vécu avant nous et dont les prières n’ont pas été exaucées sans restrictions, depuis les disciples jusqu’aux innom- brables martyrs anonymes. Développement à travers les limites bâtir une co- h a b i t a t i o n saine et vivre des relations équi l ibrées . Même dans les plus petites choses comme le sommeil j’ai besoin de frontières ; j’aime par exemple sentir la limite de mon matelas. L’âme humaine et notre personnalité ne peuvent se développer sainement qu’à l’intérieur de limites saines.

où je restais fixé avec an- xiété ou lé- thargie dans des limites bri- colées moi- même, tan- dis que dehors un nouveau champ plein de vie m’atten-

dait pourtant. Ensemencer et cultiver mon champ ne porte souvent pas de fruit, c’est pourquoi il est écrit : « Dé- frichez-vous un champ nouveau et ne semez pas parmi les ronces ! » (Jr 4.3) Je peux apprendre à respecter joyeu- sement les limites que Dieu a fixées à mon royaume humain et à m’y établir. En même temps, je peux courageuse- ment me mettre en route pour étendre ou même abattre mes barrières dans des domaines précis de ma vie, à élar- gir mon horizon, à suivre Jésus là où Il m’a déjà précédé. Ma tendance in- térieure ne m’attire plus comme autre- fois dans la direction de vivre sans li- mites. Mon désir est de vivre réconcilié sans limites.

Notre préférence personnelle pour l’ab- sence de limites ou pour leur existence, est probablement fortement due à notre histoire individuelle et notre profil de personnalité. Réfléchir honnêtement aux limites qui me sont données consti- tue une clé essentielle pour une vie de contentement et de plénitude. Je fais bien de me mettre à la recherche des li- mites que Dieu a mises à mon domaine et de m’orienter selon ce cadre. Mais je devrais aussi découvrir où Il me pousse et m’encourage à me mettre en route vers de nouveaux horizons. Dans ma vie, j’ai rencontré deux dynamiques : l’une où je voulais des choses que Dieu ne m’avait pas du tout destinées, l’autre

En fin de compte, les limites ne sont pas uniquement mauvaises. Je crois que l’âme humaine et notre personnalité ne peuvent se développer sainement qu’à l’intérieur de limites saines. Les limites sont nécessaires afin que nous puissions

Andreas Boppart

Andreas « Boppi» Boppart, master en théologie pratique et enseignant secon- daire math-sciences, a grandi dans la vallée du Rhin, près de St-Gall (Suisse) et vit actuellement à Wil (Zurich). Marié à Tamara, ils ont quatre enfants. Depuis novembre 2013, il dirige le mouvement indépendant de mission et de formation Campus pour Christ en Suisse allemande, basé à Zurich.

Andreas Boppart aime travailler avec d’autres personnes pour apporter l’amour de Dieu de manière holistique dans le monde, afin que les gens puissent Le rencontrer et faire l’expérience de Son pouvoir de transformation. Source : www.cfc.ch

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SAM global est une organisation sans but lucratif, fondée en 1889. Avec de nombreux collaborateurs européens et locaux, SAM global fournit un travail de développement durable dans onze pays : Angola, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Ca- meroun, Chine, Guinée, Inde, Né- pal, Sri Lanka et Tchad. SAM glo- bal travaille dans le monde entier en collaboration avec des églises pro- testantes-évangéliques, des orga- nisations partenaires locales et des œuvres de bienfaisance. De nom- breux bénévoles s’engagent aussi pour ce travail. SAM signifie Serve And Multiply (servir et multiplier) : nous désirons servir des gens de différentes cultures et religions dans leur intégralité, se- lon l’exemple que nous a laissé Jé- sus-Christ, afin qu’ils puissent faire l’expérience pratique de l’amour de Dieu, et la partager avec d’autres. Le siège principal se trouve à Winter- thour (Suisse). Il existe des représen- tations de SAM global à Ecublens/ FR (Suisse), en France et en Belgique.

IMPRESSUM Rédaction Luisa Vonarburg, Madeleine Deriaz, Christophe Reifsteck Graphisme SAM global Luisa Vonarburg Impression Jordi SA, Belp Traduction A. Bolliger, C. Dentan, M. Deriaz, R. Gindroz, J-P. Habegger, J. Klinger, C. Reifsteck, J-M. Tapernoux Siège central SAM global, Wolfensbergstrasse 47, CH-8400 Winterthur Tél +41(0)52 269 04 69 CCP : 84-1706-5 IBAN : CH58 0900 0000 8400 1706 5 BIC : POFICHBEXXX Secrétariat romand SAM global, Impasse de Grangery 1, CH-1673 Ecublens Tél +41(0)24 420 33 23 Tél portable : + 41(0)76 565 81 20 ecublens@sam-global.org www.sam-global.org/fr Diffusion du SAM Allons 2 300 exemplaires / 4x par année Banques d’images Archives de SAM global unsplash.com Belgique SAM global, Rue Chapelle Emmanuel

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