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Martha et Madame S.

Madame S. et sa mère

Madame S. dans son village

Madame S. avec son pasteur

Madame S. sur un tricycle

PAS DE HÂTE Pendant trente ans, je me suis investie pour les ma- lades de la lèpre à Macenta en Guinée. Des per- sonnes méprisées et marginalisées ont repris courage et retrouvé leur dignité. Les paroles d’un chant allemandme viennent spontanément en mémoire : « Oser marcher en comptant sur un bon chemin ». D’innombrables fois dans ma vie, cette phrase s’est avérée être une vérité digne de confiance. Quand j’osais écouter Dieu et agir selon Ses paroles, je réalisais comment les frontières que je m’étais fixées éclataient. Pendant ces trente ans àMacenta, j’ai vécu de très nombreuses situations qui m’ont amenée à m’émerveiller. Je pense en par- ticulier aux années durant lesquelles j’ai dirigé avec mes amis guinéens le projet de réinsertion des malades de la lèpre han- dicapés mais guéris. Dans mes idées limitées j’hésitais souvent à considérer les choses courageusement selon la perspective de Dieu, et d’agir en conséquence. Je suis très reconnaissante au Seigneur d’avoir mis à mes côtés des collaborateurs pleins de patience. Ensemble nous avons régulièrement vu que pour Dieu rien n’est impossible (Luc 1.37). Et cela en dépit de mes (et de nos) limites relatives à tant de choses. Dieu ne vient jamais trop tard Je m’en souviens encore très bien : Madame S. vend de pe- tits objets au marché. Pour cela, elle est assise par terre sur

une vieille natte. Comme elle est mutilée aux mains et aux pieds, elle se protège du regard des gens avec des tissus. En passant, mon collaborateur lui adresse la parole. Elle nous regarde très timidement et avec réticence. Il l’encourage à ne pas avoir peur de nous. Nous trouvons un endroit pro- tégé où nous parlons longtemps avec elle. À aucun moment elle ne nous montre ses pieds. À ses mains sans doigts nous voyons bien qu’elle a eu la lèpre. Nous lui promettons de re- venir malgré les 170 kilomètres de distance. Lors de la deuxième visite elle parvient à surmonter sa honte et nous montre ses pieds pleins de plaies : une triste vision. Une relation de confiance grandit, elle ose venir au CHRS de Macenta et rencontre d’autres personnes touchées par la lèpre. Dans les années qui suivent nous faisons la connais- sance de sa famille. Sa confiance en elle et sa joie de vivre augmentent. Nous sommes même témoins qu’elle se confie en Jésus, devient une femme rayonnante et retourne parmi les siens. La bonté de Dieu est sans limites Pour les malades de la lèpre comme madame S., la misère, la pauvreté, la souffrance, le désespoir et la peur du rejet font souvent partie du quotidien. Quelle joie quand ils découvrent que les vérités divines sont valables pour eux aussi : aide, joie, courage, espérance, bonté et bienveillance. Mais il faut sou- vent beaucoup de temps et de persévérance.

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