Finances News Hebdo N° 979 2

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JEUDI 23 ET VENDREDI 24 AVRIL 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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Croissance Le CMC revoit fortement à la baisse sa prévision

◆ La croissance devrait s’établir à -3,2% en 2020. ◆ L’hypothèse centrale de ce scénario considère que la crise sanitaire prendrait fin au milieu de l’année.

La contri- bution des activités des industries manufactu- rières reste- rait modeste et se situerait en deçà de 1% au terme de l’année.

Par A. Elkadiri

A près avoir pronostiqué une croissance de 0,8% au tout début de la crise sanitaire au Maroc, le Centre marocain de conjoncture (CMC) a considérablement revu à la baisse sa prévision dans sa dernière note d’information. Ainsi, pour le CMC, la croissance devrait s’établir à -3,2% en 2020. Une prévision plus proche de celle réalisée par le FMI dernièrement (-3,7%). Cette contre-performance économique devrait découler du retrait de l’en- semble des secteurs sous les effets multiples déclenchés par la maladie du Covid-19, de la psychose et de la perte de confiance, en passant par les restrictions des déplacements et le confinement pour arriver au stade de l’état d’urgence sanitaire, soutient le CMC.

Secteurs : ceux qui s’en sortent, ceux qui sombrent Dans ce contexte des plus anxiogènes, seules les branches des produits phar- maceutiques, du secteur du commerce et des services non marchands, par- viennent, tant bien que mal, à résister à la crise. Les autres secteurs subissent déjà les retombées néfastes induites par la pan- démie du Covid-19, estiment les écono- mistes du CMC. Le secteur agricole devrait afficher une diminution de sa valeur ajoutée en volume

d’environ 3% en raison des conditions climatiques «pernicieuses» enregistrées durant l’hiver. Les autres secteurs devraient pâtir des dégâts causés par le coronavirus, et ce à des degrés divers en accusant un ralentissement ou carrément une baisse de l’activité. Le secteur de l’hébergement et la restau- ration figure parmi les activités les plus touchées, sa valeur ajoutée en termes réels devant fléchir d’environ 25%, tant la reprise serait lente et difficile. Les services de transport aussi bien

aérien, ferroviaire que routier devraient marquer le pas et leur valeur ajoutée glo- bale connaitrait un fléchissement consé- quent en glissement annuel. Quant au secteur de l’industrie extractive, il devrait subir l’impact du rétrécisse- ment des marchés extérieurs induit par le mouvement dépressif de l’économie mondiale. Le rythme de sa croissance pour 2020 perdrait de son tonus et pour- rait connaître une baisse si la situation reste en l’état. Par ailleurs, la contribution des activités des industries manufacturières resterait modeste et se situerait en deçà de 1% au terme de l’année. Aujourd’hui, certaines de ces activités peinent à trouver des marchés ou sont bloquées par manque d’approvisionnement en matière pre- mière et produits intermédiaires. D’autres sont complètement à l’arrêt comme la branche principale de l’industrie automo- bile, souligne le CMC. Toutefois, insiste le Centre, évaluer les incidences de la pandémie sur l’acti- vité économique à ce stade présente d’énormes difficultés. D’une part, par manque de séries historiques pour ce genre de crises, et d’autre part, au regard de la grande incertitude qui entoure la durée de la crise sanitaire et ses éventuelles ramifications sur le territoire national. En résumé, ces prévisions sont à prendre avec des pincettes. ◆

Les hypothèses du scénario de référence

• L’hypothèse centrale considère que la crise sanitaire prendrait fin au milieu de l’année et que la reprise ne redémarrera que plus tard et d’une façon progressive. • La campagne agricole 2019-2020 assez sèche provoquerait un affaissement notable de la production céréa- lière qui ne dépasserait guère les 40 millions de quintaux. • La baisse du taux directeur de Bank Al-Maghrib d’un quart de point ne produirait aucun effet immédiat sur l’économie réelle. • La politique budgétaire largement accommodante initiée par la création du fonds spécial de gestion de la pandémie du coronavirus et la solidarité agissante des Marocains pourraient bien faire éviter la faillite à un bon nombre d’entreprises et sauver des emplois. • Redressement du prix du pétrole au milieu de l’année pour se stabiliser autour de 50 dollars après la chute qu’il a accusée atteignant presque les 20 dollars. • La parité du Dirham pencherait plutôt vers une dépréciation par rapport aux deux monnaies principales le Dollar et l’Euro. • Inflation contenue à un niveau bas.

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