Finances News Hebdo N° 979 2

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ECONOMIE

JEUDI 23 ET VENDREDI 24 AVRIL 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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Aéronautique

◆ Le ralentissement de l’activité des constructeurs internationaux impacte la chaîne de production mondiale. ◆ Le niveau d’activité enregistré au Maroc durant les dernières années ne sera retrouvé qu’en 2023, estiment les professionnels. ◆ L’objectif majeur du secteur est de préserver les emplois. Le secteur subit la fermeture d’usines à l’étranger L a crise sanitaire liée au Coronavirus (Covid-19) a mis à mal l’économie mondiale tout entière, Par B. Chaou Les per- turbations attribuables à

la pandémie de Covid-19 pourraient réduire le taux d’occupation de la capa- cité installée au Maroc de 30%voire 50%.

ralentissant l’activité de plu- sieurs secteurs dont celui de l’aéronautique. Les usines des grands donneurs d’ordre ont connu plusieurs jours d’arrêt, impactant une grande partie de la chaîne de production inter- nationale. Les choses ne semblent pas s’améliorer, puisque Airbus a décidé de mettre 3.000 de ses collaborateurs en France en chômage partiel, dans des usines dédiées à la produc- tion d’avions commerciaux et a baissé sa production de 40%, peut-on lire dans la presse internationale. Le constructeur a décidé aussi de ne pas ver- ser de dividendes pour l’exer- cice 2019, dans le souci de préserver la liquidité dans ses comptes. Egalement touché par le ralen- tissement de la cadence de pro- duction, Boeing a été contraint d’arrêter l’activité de ses sites industriels à Seattle pour trois semaines, avant d’annoncer leurs remises en service ven- dredi dernier. Toutefois, les activités de l’industriel améri- cain en Caroline du Sud, où sont fabriqués notamment les gros porteurs 787 Dreamliner, demeurent suspendues jusqu’à nouvel ordre. Le ralentissement de l’acti- vité des grands constructeurs internationaux a ainsi fortement impacté l’écosystème de la chaîne de production mondiale surtout celle des équipemen- tiers, y compris au Maroc.

Vers un recul de l’activité

plus de 38% de taux d’inté- gration, selon les chiffres du GIMAS. Annoncé en novembre 2016, le partenariat stratégique avec le ministère de l’Industrie, renforcé par la signature d'un Plan d'ac- célération industrielle, a permis à cette industrie de s'enga- ger dans sa nouvelle phase de développement avec des objec- tifs ambitieux à l'horizon 2020: tripler le nombre d'employés pour atteindre 30.000, doubler le nombre d'entreprises à 200, et réaliser 42% d'intégration locale. De plus en plus d'entreprises montrant un grand intérêt pour le Maroc ont commencé à s'y implanter, mais cette embellie risque de connaître une mau- vaise «passe», du moins pour certaines branches d’activités. Selon le Gimas, «les perturba- tions attribuables à la pandémie de Covid-19 pourraient réduire le taux d’occupation de la capa- cité installée au Maroc de 30% voire 50% pour certaines activi-

tés telles que le MRO (mainte- nance, réparations et entretien) et l’ingénierie». Le groupement explique éga- lement que le niveau d’activité risque de s’affaisser «compte tenu du manque de visibilité des grands donneurs d’ordre mondiaux sur l’avenir et le cycle long de l’aéronautique, le fort niveau d’activités enregistré ces dernières années ne sera retrouvé qu’en 2023».

Opérant dans une configuration de Supply Chain mondialisée, le secteur aéronautique au Royaume est ainsi directement impacté par la crise des opéra- teurs de l’aviation, entre autres les compagnies aériennes, avionneurs et équipementiers. «Malgré le taux d’intégra- tion locale de 38%, plusieurs acteurs majeurs de l’aéro- nautique au Maroc subissent directement ou indirectement les décisions de fermeture d’usines à l’étranger» , explique le Groupement des industries aéronautiques et spatiales (GIMAS). Cette crise tombe au moment où le secteur au Maroc évo- luait dans une bonne tendance, et laissait présager de beaux jours devant lui. De 2000 à 2019, plus de 142 entreprises opérant dans l'industrie aéros- patiale se sont implantées au Maroc, représentant 1,9 mil- liard de dollars à l’export avec

marocain a été réalisé en un temps record. Ce transfert de savoir-faire a pour but de réduire l’impact de la crise sur les opérateurs et surtout de préserver les emplois, explique le GIMAS. «Nos objectifs sont clairs : social en préservant le maxi- mum d’emplois, économique à travers la survie et le déve- loppement de nos membres, et partage du savoir-faire et de la technologie. Nous comptons sur le soutien de l’Etat pour atteindre ces objectifs». ◆ Cette crise tombe au moment où le secteur au Maroc évoluait dans une bonne tendance.

Les emplois avant tout

Devant affronter la crise, le sec- teur a dû faire preuve de réac- tivité. Le Gimas a ainsi mobilisé ses membres pour participer au développement de la création de respirateurs pour les patients atteints du Covid-19. En partenariat avec le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Économie verte et numé- rique et la collaboration de nombreux partenaires techno- logiques et le corps médical, le premier respirateur 100%

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