Finances News Hebdo N° 979 2

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ECONOMIE

JEUDI 23 ET VENDREDI 24 AVRIL 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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Nouveau modèle de développement

◆ Il faut capitaliser sur l’image du Maroc à l’international pour séduire les investisseurs. ◆ La place du digital est prépondérante, permettant de distribuer les aides et de maintenir en activité plusieurs secteurs. Quels enseignements tirés de la crise du Covid-19 ? L e Maroc aspire à mettre en place un nouveau modèle de dévelop- pement (NMD). Après Par C. Jaidani Le télétravail a permis de réduire les accidents de la

circulation, la pollution et la facture pétro- lière.

avoir rencontré tous les acteurs socioéconomiques majeurs du Royaume, les ONG et les repré- sentants de la société civile, la commission dédiée présidée par Chakib Benmoussa était sur le point de dévoiler son rapport et le présenter au Roi Mohammed VI pour approbation avant de passer à la phase de la mise en place des orientations décidées. La crise sanitaire a tout cham- boulé, mettant le projet en stand by, ce qui a contraint la commis- sion Benmoussa à repousser ses activités à une date ultérieure, probablement jusqu’à la fin du confinement. Toutefois, force est de constater que la crise sanitaire a mis à nu certaines défaillances majeures, mais aussi quelques points positifs sur lesquels il faudra capitaliser. Mohamed Aoujar, l’ex-ministre de la Justice et membre du bureau politique du RNI, estime qu’ «il faut tirer profit de cette crise et faire la promotion du Maroc dans la scène internationale afin de ren- forcer l’image du pays comme une destination sûre pour les investis- seurs étrangers».

Indispensable digitali- sation La crise sanitaire a aussi mon- tré l’importance de la digitalisa- tion notamment dans les services publics. Sans la dématérialisation, il était difficile pour le gouverne- ment de distribuer avec fluidité les différentes aides pécuniaires à la population cible. Les plateformes dont disposaient la CNSS, les départements des Finances, de l’Intérieur ou le sec- teur bancaire, ont pu traiter un nombre important de dossiers dans un laps de temps réduit, ce qui a permis d’atténuer la crise sociale.

«La manière avec laquelle le Royaume a géré la crise est citée en exemple dans d’autres pays. Outre les mesures de lutte mises en place, l’Etat a lancé une série de dispositions pour soutenir les entreprises, préserver l’emploi et maintenir l’activité économique» , souligne-t-il. En dépit des mesures mises en place pour faire respecter le confi- nement, Aoujar observe que «les autorités ont tenu à respecter les principes de l’Etat de droit, ce qui est un signal très fort pour les citoyens et aussi les observateurs étrangers».

Ces dispositions ont montré claire- ment leur pertinence bien qu’enta- chées de quelques perturbations ayant trait à la base de données ou au choix des personnes éligibles. Pour maintenir la chaîne d’acti- vité des entreprises, le télétravail a permis à plusieurs secteurs de poursuivre leur fonctionnement. Il y a eu, certes, quelques disfonc- tionnements mais les opérateurs ont globalement su s’adapter à ce nouvel environnement. A titre exemple, les services online de la conservation foncière ou de l’enregistrement ont permis aux notaires et autres opérateurs concernés de poursuivre leur acti- vité sereinement. Toutefois, il est utile de souligner que la pénétration du digital n’est pas encore totalement générali- sée à tous les corps de métiers. La dématérialisation en est à ses premiers balbutiements chez les adouls, les avocats et les agents immobiliers qui, eux aussi, solli- citent souvent ce genre de ser- vices, ce qui limite la portée du télétravail. «Pour le NMD, il est essentiel d’en-

courager le télétravail qui a permis de réduire sensiblement le trafic routier et par ricochet les accidents de la circulation, la pollution et la facture pétrolière. A terme, il occasionnera des gains socioé- conomiques sensibles», souligne Mohamed Amrani, professeur à la Faculté de droit et d’économie de Casablanca. La fermeture des écoles a consti- tué un véritable challenge pour le département de l’enseignement qui a opté pour les cours à dis- tance ou via les chaînes de TV nationales. Bien qu’ayant montré quelques limites, cette option s’est révélée judicieuse dans la mesure où les élèves, les étudiants ou le corps enseignants ont pu suivre le programme scolaire. A l’avenir, il va falloir développer l’enseignement à distance dans les zones enclavées et le monde rural. Ce qui permettra de réduire la déperdition scolaire des jeunes, notamment des filles, ainsi que les charges engagées dans les infrastructures qui pourront être déployées dans les ressources humaines ou les équipements. ◆

Prioriser le secteur de la santé

La crise sanitaire a révélé au grand jour les insuffisances du système de santé marocain. Les ressources humaines et les dotations budgétaires allouées à ce secteur sont insuffisantes. La capacité et les conditions d’accueil des malades devront être augmentées. Les centres hospitaliers universitaires sont concentrés dans les grandes villes. Le secteur privé présente, lui aussi, différentes lacunes qu’il faut combler.

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