Finances News Hebdo N° 979 2

23

ECONOMIE JEUDI 23 ET VENDREDI 24 AVRIL 2020 FINANCES NEWS HEBDO

www.fnh.ma

Marché du travail

◆ Le contexte actuel marqué par la progression du coronavirus est particulièrement défavorable au marché de l’emploi. ◆ Le quasi arrêt de l’activité économique mènerait à l’explosion du taux du sous-emploi en 2020, qui est déjà supérieur à 1 million d’individus. Le spectre du chômage de masse L a pandémie du coronavi- rus qui sévit au Maroc sur le plan sanitaire, a porté un sacré coup à l’écono- Par M. Diao Pour 2020, le FMI prévoit une hausse du taux de

chômage qui devrait tour- ner autour de 12,5%.

mie. A l’échelle nationale, les sec- teurs d’activité les plus pourvoyeurs d’emplois sont dans une situation de quasi arrêt. Les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI) tenant compte de l’impact du coronavi- rus sur l’économie nationale, légi- timent amplement de s’intéresser au niveau du taux de chômage pour l’année en cours. En effet, l’institution de Bretton Woods prévoit un repli de 3,7% du PIB et un taux de chômage de 12,5% en 2020. Sachant que le taux de chômage se situait à 9,2% au niveau national d’après le haut- commissariat au Plan (HCP). Au-delà de ces chiffres, d’autres indicateurs allant dans le sens de la détérioration du marché du tra- vail dans ce contexte en proie à la progression du Covid-19 (plus de 840.000 salariés déclarés au chô- mage partiel), ainsi que d’autres faisceaux d’indices (hausse des défaillances d’entreprises) incitent à se poser la question de savoir si le Maroc ne risque pas de connaître un chômage de masse en 2020 à cause de cette crise dévastatrice. Laquelle a contraint les pouvoirs

publics, avec l’aide du secteur privé, à mettre sur pied une bat- terie de mesures pour atténuer ses conséquences sur le front écono- mique. Risque d’explosion du sous-emploi Mehdi Lahlou, économiste, versé sur les questions du marché du travail, est formel : «La récession au Maroc risque d’être plus impor- tante que les chiffres annoncés concernant le recul du PIB. Même des pays développés à l’instar des USA et de la France qui utilisent des outils statistiques performants,

prévoient une baisse de leur PIB de l’ordre de 8 à 10%», fait-il remar- quer. Et d’ajouter : « On ne peut guère parler de chômage de masse pour l’année 2020 au Maroc, car après la période du confinement, les activités reprendront, y com- pris l’informel. Par contre, il fau- dra s’attendre à une explosion du taux du sous-emploi, communé- ment appelé chômage déguisé» . L’économiste situe le taux de chô- mage pour l’année en cours autour de 13 à 14%. Rappelons qu’avant la crise liée à la progression du coronavirus, la population sous-employée au

Maroc était déjà assez importante au regard des données du HCP relatives au marché du travail en 2019. L’effectif de la population en situation de sous-emploi a été de 1.001.000 personnes l’année dernière portant ainsi le taux de sous-emploi à 9,2% au niveau national. Sachant que le secteur du BTP reste le plus touché par le phénomène avec une incidence de 15,9%. Pour l’heure, la pérennité des entre- prises de ce secteur qui emploie plus d’1 million de personnes au Maroc est réellement menacée. Pour preuve, 90% des chantiers ainsi que 90% des ventes des entreprises de la branche du BTP sont à l’arrêt. Les autres secteurs représenta- tifs en termes de sous-emploi au Maroc traversent également une grave crise en raison de leur activité qui tourne au ralenti ou à l’arrêt (agriculture, services, industrie et artisanat). Incertitudes sur le secteur automobile L’arrêt temporaire de l’activité de

PSA au Maroc et celle de Renault (qui a annoncé récemment une reprise d’activité progressive), constitue un risque pour les 180.000 postes de travail de l’éco- système automobile qui compte plus de 250 équipementiers. «Les deux constructeurs français qui ont également annoncé l’arrêt de leur production de véhicules dans l’Hexagone, vont s’atteler dans un premier temps à écouler les stocks produits avant la crise du coronavi- rus, avant de s’intéresser au volet production. Sachant qu’après la crise du coronavirus, l’achat de véhicules ne sera pas la première priorité des ménages aussi bien en Europe qu’au Maroc», soutient Mehdi Lahlou. ◆ Il faudra s’attendre à l’explosion du chômage déguisé en 2020.

Contacté par nos soins sur les perspectives d’emplois du secteur pour 2020, Mohammed Boubouh, président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (Amith) a fait montre d’optimisme. «Même si les 170.000 employés du secteur sont pour l’heure confinés chez eux, je suis per- suadé qu’après la crise, l’activité reprendra de plus belle», confie-t-il, tout en insistant sur l’éventuelle hausse des recrutements du secteur après la crise. «Nous sommes en contact permanent avec les donneurs d’ordre étrangers impatients de reprendre l’activité avec les acteurs de notre secteur», révèle-t-il. Les opérateurs du textile restent optimistes

Made with FlippingBook flipbook maker