Finances News Hebdo N° 979 2

F OCUS AGRICOLE

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JEUDI 23 ET VENDREDI 24 AVRIL 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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FO Fellahonline

Aïd Al-Adha 2020 Les éleveurs confrontés à plusieurs incertitudes ◆ La crise sanitaire et la sécheresse pèsent lourdement. ◆ Les exploitants craignent que le pouvoir d’achat des citoyens soit impacté.

Cette année, j’ai réduit l’effectif de moitié. D’une part, il est dif- ficile de maîtriser les charges en ces temps difficiles, et d’autre part, il n’y a pas assez de visi- bilité quant à l’écoulement des produits sur le marché. Le pou- voir d’achat des acheteurs pour la plupart issus de la classe populaire, est fortement impacté par la crise sanitaire. D’ici trois mois, auront-ils les moyens pour observer le rituel ?» , s’interroge Lakbir Ould Hlima, exploitant de la région des Mdakra. L’analyse du marché fait état d’un renchérissement sans pré- cédent des cours de l’aliment de bétail. Le département de l’Agri- culture a lancé un programme pour la distribution de 2,5 mil- lions de quintaux d’orge subven- tionnée concernant la période d’avril, mai et juin pour un prix fixe de 2 DH le kilo. «La dotation d’orge subvention- née que j’ai reçue ne dépasse pas les deux quintaux. Elle est nettement insuffisante pour sub- venir aux besoins de mon trou- peau. Pour l’engraissement des moutons, je dois rajouter du son facturé à 3 DH le kilo, du maïs 3,5 DH le kilo et de la paille à plus de 30 DH la botte », mar- tèle Bouazza Sakir, éleveur de la région de Benslimane. Les exploitants redoutent égale- ment la baisse de la demande. En effet, depuis que l’Aïd Al-Adha coïncide avec la période estivale, plusieurs familles préfèrent partir en vacances. ◆

Ramadan Par Charaf Jaidani

Les charges de l'aliment de bétail sont un lourd far- deau à supporter par les exploi- tants.

L e mois sacré est là. Le jeûne pen- dant le Ramadan est un précepte très suivi par les citoyens marocains. Outre l’aspect religieux marqué par l’abstinence de manger ou de boire pendant la journée, cette période est marquée également par les prières (Taraouih), la préparation de gâteaux et de mets culinaires typiquement maro- cains aux multiples saveurs. Conservateur et très attaché aux tradi- tions, le monde rural observe le rituel avec une attention particulière sur la portée et les significations intrinsèques du mois béni ainsi que ses acquis et bienfaits spirituels. Contrairement aux villes où l’activité tourne au ralenti durant tout le mois, dans les campagnes le rythme de tra- vail reste quasiment le même. Il n’y a pas de répit dans les exploitations, d’autant que le mois sacré coïncide cette année, dans sa majeure partie, avec le mois de mai, période de mois- son par excellence. Certes, la saison a été marquée par une sécheresse impitoyable, mais les fel- lah restent optimistes et ont su, au fil des ans, cohabiter avec les caprices du climat. Crise sanitaire oblige, la situation est compliquée, et les opportunités d’acti- vités alternatives à l’agriculture sont restreintes. Ce qui contraint les exploi- tants à faire face à de nouveaux défis. Et nul besoin de préciser que le Ramadan de cette année sera très difficile dans les campagnes, mais les fellahs sau- ront garder le sourire, comme à l’accou- tumée, et envisageront l’avenir avec optimisme et sérénité en attendant des jours meilleurs. ◆

l’activité, à l’Association natio- nale ovine et caprine (ANOC), on affirme que «la situation demeure globalement normale dans l’en- semble des régions du Royaume même si la sécheresse a eu un impact défavorable sur les cours de l’aliment de bétail. Le chep- tel présente une bonne condi- tion sanitaire et les prix seront quasi similaires aux précédentes années». Interrogés à ce sujet, plusieurs éleveurs n’ont pas caché leurs inquiétudes du fait que cette sai- son est très particulière et que

Par C. Jaidani

A ïd Al-Adha devrait se dérouler cette année le 30 juillet. Trois mois et dix jours nous séparent de cet événement très suivi par les citoyens marocains. La plu- part des éleveurs ont d’ores et déjà commencé les préparatifs. Ils choisissent les antenais dédiés à l’engraissement, aménagent des ateliers d’élevage et emma- gasinent l’aliment de bétail. Si la sécheresse et la crise sanitaire pèsent lourdement sur

plusieurs incertitudes planent à l’horizon. «Généralement, je pré- pare entre 400 à 450 moutons. 2,5 millions de quin- taux d’orge subven- tionnée. Le département de l’Agriculture a lancé un programme pour la distribution de

Aïd Al-Adha représente une aubaine pour les éleveurs. Cette fête sacrée leur permet de compenser le manque à gagner subi dans les autres activités agri- coles, surtout en période de sécheresse. En moyenne, pas moins de 5 millions de têtes sont sacrifiés durant cette période pour une valeur de plus de 8 mil- liards de DH. Somme qui est transférée des villes au monde rural. Un chiffre d’affaires de 8 Mds de DH

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