P UBLI - RÉDACTIONNEL
Creditinfo «La réforme des BIC permettra de faire un grand pas vers l’inclusion fi nancière»
F. N. H. : Quelles sont les priorités de Creditinfo Group au Maroc et en Afrique de l’Ouest à court moyen termes ? S. A. : Avec plus de 30 bureaux de crédit en activité, Creditinfo jouit aujourd’hui de la plus forte présence mondiale dans ce secteur. Depuis plus de 25 ans, nous fournissons des solutions de bureaux de crédit et de gestion des risques ainsi qu’une information commerciale fiable à certains des plus grands prêteurs, gouvernements et Banques centrales du monde. L’objectif étant d’accroître l’inclusion financière et de générer de la croissance économique, en permettant l’accès au crédit aux PME et particuliers. En Afrique, Creditinfo est le leader du secteur avec une présence dans 18 pays. Présence qui continue d’être renforcée avec 2 nouvelles acquisitions datant d’un mois à peine, en Ouganda et en Namibie. F. N. H. : Checkinfo, délégataire de Bank Al-Maghrib pour la gestion du service de cen- tralisation des chèques irréguliers, a démarré ses activités en avril 2021. Quel retour d’expé- rience en faites-vous à ce jour ? S. A. : Après deux ans d’activité, et selon les retours de nos usagers, on peut dire que Checkinfo a un impact positif significatif sur leur trésorerie et les tracasseries liées au recouvrement. En effet, il faut savoir qu’à 84%, les chèques vérifiés et affichés en irrégularité sont issus de comptes en interdit bancaire. Ce sont donc des per- sonnes qui sont déjà en irrégularité ban- caire à cause de chèques sans provision ou autres, et qui continuent d’émettre des chèques qui, bien sûr, seront retour- nés impayés. Aujourd’hui, Checkinfo permet à ses usagers de se prémunir contre ces fraudes. D’ailleurs, le taux d’efficacité du service est de 99,6%. Aussi, il faut savoir que sur l’ensemble des chèques qui sont vérifiés, 13% sont irréguliers. On ne peut donc que recommander à tout professionnel qui travaille avec le chèque de souscrire à Checkinfo et ainsi se prémunir contre les impayés.
Réforme des BIC, impact de l’inflation sur la solvabilité, retour d’expérience du service Checkinfo…Tour d’horizon avec Sidimohamed Abouchikhi, Directeur Régional Afrique Francophone de Creditinfo Group, et directeur du Conseil d’administration de Checkinfo.
maîtrisée. À ce jour, l’évolution des impayés en nombre est plus marquée chez les par- ticuliers, alors qu’en termes d’encours, la grande partie est chez les entre- prises. Somme toute, nous sommes sur un retour aux niveaux normatifs des impayés. Pas au même niveau que 2019, mais en amélioration par rapport à 2020 et 2021. F. N. H. : Après une longue attente, le gouverne- ment a finalement adopté le projet de loi dédié aux Bureaux d’information sur le crédit. Quels sont les principaux apports de cette réforme ? S. A. : Très attendue, la réforme des Bureaux d’information sur le crédit (BIC) permettra une meilleure maîtrise des risques systémiques et une meil- leure accessibilité au financement. Elle permettra aussi de faire un grand pas vers l’inclusion financière et assurera aux BIC de collecter d’autres sources d’information, autres que les données classiques. Ces données dites alterna- tives, provenant des grands facturiers tels que les opérateurs télécoms, les fournisseurs d’eau et d’électricité, les compagnies d’assurances ou autres, permettront de combler l’absence d’his- toriques d’informations pour les clients non bancarisés. La disponibilité de ce type d’informations donnera la possibi- lité aux établissements de financement de s’ouvrir, avec moins d’appréhension, sur une nouvelle clientèle (particuliers et TPME) ne disposant pas d’historique bancaire, mais justifiant de bonnes habitudes de paiement. Et ce, tout en réduisant le recours aux garanties. Je rappelle que sur les 53% de la popula- tion qui ont un compte bancaire, moins de 30% ont accès au crédit. L’idée de cette réforme est donc d’élargir l’accès au financement à cette population hors circuit.
Finances News Hebdo : Dans ce contexte infla- tionniste, quelle appréciation faites-vous des risques d’insolvabilité des particuliers et des entreprises ? Sidimohamed Abouchikhi : L’inflation a d’abord eu un impact sur la distribu- tion des crédits, après les hausses suc- cessives du taux directeur (+150 pbs), répercutées partiellement sur les taux d’intérêt appliqués par les établisse- ments de crédit (+53 pbs). Si l’on com- pare les 6 premiers mois de l’année 2023, nous constatons une quasi-sta- gnation des demandes d’octroi de cré- dit, alors qu’habituellement, nous avons une augmentation entre 5 et 8% (mini- mum), voire plus de la part des particu- liers. Pour les entreprises, la baisse de la demande est atténuée quand on intègre les programmes d’appui du gouverne- ment. Pour revenir à votre question, l’inflation induit naturellement une réduction du pouvoir d’achat et impacte les habi- tudes de paiement. Nous le constatons avec la hausse des impayés qui est certes importante, mais moins que celle obser- vée au niveau international. Je pense qu’au Maroc, l’évolution des impayés ou du défaut en général est plutôt
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