fourchettes de prix suivantes : 2 dollars par kg pour l’hydrogène gris, 5 à 30 $ / kg pour l’hydrogène vert et moins de 1 $ / kg pour l’hydrogène blanc. Ces fourchettes de prix s’améliorent au fur et à mesure que la taille du marché hydrogène se développe à travers le monde. F. N. H. : Justement, face à la crise écologique, l’hydrogène dit blanc, naturel ou encore natif (H2) peut-il constituer une bonne alternative aux énergies fossiles ? A. G. : L’hydrogène naturel, à condition que les recherches nous démontrent qu’il existe dans la nature dans des quan- tités suffisantes, est la réponse parfaite à la transition énergétique. Il y a, d’un côté, l’urgence climatique qui impose la réduction des émissions de CO2 et, de l’autre, la rareté des res- sources pétrolières qui nous met devant le fait accompli de rechercher des alter- natives énergétiques concrètes. En résumé, l’hydrogène s’inscrit inéluc- tablement dans le mix énergétique com- plexe que connaîtra la planète dans les années à venir. F. N. H. : La plupart des pays européens ont décidé de miser sur l’hydrogène pour décarboner leur mix énergétique. Qu’en est-il du Maroc ? A. G. : Au-delà de la feuille de route hydrogène produite par le Royaume, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a donné ses instructions et a ouvert la voie pour un secteur hydrogène marocain fort et complet. Cette vision royale jette les bases solides pour une filière hydrogène marocaine s’inscrivant dans des coali- tions régionales et mondiales. Notre proximité du continent européen
en lançant le «West African Big Green Deal», afin de répondre à la fois à la transition énergétique et au changement climatique. F. N. H. : Le Maroc a-t-il le potentiel pour emprun- ter le même chemin que le Mali ou est-ce plutôt une question de volonté politique ? A. G. : Des discussions sont lancées à tra- vers l’AMHYD afin de faire bénéficier le Maroc de cette dynamique de West African Big Green Deal, lancée par nos confrères maliens sur le continent afri- cain et à l’international. La géologie du Royaume du Maroc et ses couches terrestres permettent de croire à un avenir H2 naturel verdoyant. F. N. H. : Vous avez travaillé avec l’une des sommi- tés en la matière. Quels sont les grands enseigne- ments à retenir ? A. G. : J’ai eu effectivement la chance de travailler avec le professeur Alain Prinzhofer, géochimiste spécialiste de l’hydrogène naturel, et ayant une ving- taine d’années à l’Institut français du pétrole et des énergies nouvelles (IFPEN). Alain Prinzhofer est actuellement direc- teur scientifique d’une entreprise basée au Brésil dans le secteur de l’exploration du gaz naturel. Il est aussi professeur affilié à l’Institut de physique du globe de Paris et au Laboratoire interdisciplinaire des énergies de demain à l’université Paris 7. A l’occasion d’un déplacement au Maroc, nous avons pu travailler sur le sujet de l’hydrogène naturel au Maroc, et Alain a confirmé le potentiel fort probable de l’existence de l’hydrogène naturel en tant que source d’énergie non-fossile.
nous donne la chance de démarrer, sans délais, la production de l’hydro- gène pour alimenter le marché H2 qui a déjà démarré en Europe, et préparer un marché marocain, voire africain dans les années à venir. F. N. H. : L’hydrogène blanc est l’énergie que personne n’attendait; le Mali est précurseur en la matière depuis 2011. Un village malien a été entièrement électrifié à l’hydrogène naturel. Parlez-nous des perspectives qu’offre cette source d’énergie ? A. G. : L’expérience vécue par le village de Bourakébougou, qui se trouve à une soixantaine de kilomètres de la capitale Bamako, au Mali, est extraordinaire. La totalité du village a été gratuitement électrifiée depuis 2012, grâce à la décou- verte de l’hydrogène naturel et la mise en place d’une unité pilote expérimen- tale de génération de l’électricité sans émettre de CO2. Jusqu’en 2019, l’hydrogène naturel était transformé par combustion en énergie électrique. Depuis, une pile à combus- tible a été installée afin de transformer chimiquement, sans combustion, l’hy- drogène naturel en énergie électrique sans émission de carbone. F. N. H. : Pour l’Afrique, quels sont les avantages à tirer de l’expérience malienne ? A. G. : Le Mali est le premier pays au monde à produire, à la taille d’un village, de l’électricité en partant directement d’hydrogène naturel. La voie est par conséquent ouverte pour les autres pays africains. D’abord en Afrique de l’Ouest où nos confrères maliens ont déployé une filière ouest-africaine d’hydrogène
L’hydrogène naturel est la réponse parfaite à la transition énergétique, à condition que les recherches nous démontrent qu’il existe dans la nature des quantités suffisantes.
93 HORS-SÉRIE N°45 / FINANCES NEWS HEBDO
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