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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

MARDI 31 MARS 2020

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C’est désormais chose faite avec la nouvelle loi sur la Bourse qui est devenue opérationnelle l’été dernier, et qui accorde une plus grande flexibilité à la société gestionnaire. Nous avons aujourd’hui un compartiment alternatif dédié aux PME, un compartiment réservé aux investisseurs qualifiés, la possibilité de coter des fonds et d’offrir des services de négociation pour des instruments non cotés à la Bourse. Nous travaillons avec le régulateur et l’autorité de tutelle pour lever les derniers freins réglementaires afin de pou- voir coter des fonds indiciels ou des fonds immobiliers. Cet enrichissement de l’offre ne pouvait se faire sans la mise en place d’un écosystème, notamment à travers le programme Elite, comprenant émetteurs potentiels, investisseurs, opérateurs, conseillers…, permettant d’œuvrer ensemble pour faciliter l’accès au marché boursier. S’agissant des investisseurs, plusieurs initiatives ont été engagées afin de contribuer à leur éducation et à leur information : le développement du «e-learning» en fran- çais et en arabe, l’organisation des «championnats de la Bourse», le lancement d’une application mobile, l’offre de nombreux séminaires sur des thèmes d’actualité, le par- tenariat avec de nombreuses universités pour promouvoir la culture boursière. Au plan international, la Bourse de Casablanca a rejoint dès 2011 la Fédération mondiale des bourses (WFE), a organisé la Conférence des Bourses africaines en 2012, travaille sur le rapprochement avec d’autres marchés africains (partenariats bilatéraux, projet Linkage…) et contribue à améliorer la visibilité des émetteurs auprès des investisseurs internationaux à travers les «Morocco Capital Market Days» organisés chaque année depuis 2017 au London Stock Exchange, ou à travers la pré- sence des flux de la Bourse chez les plus importants rediffuseurs et investisseurs internationaux. Cette période a également été marquée par le processus de démutualisation de la Bourse, la mise en place d’un nouveau cahier des charges permettant à la Bourse de devenir un groupe boursier, rassemblant marché cash, des dérivés, CCP…Et là encore, face aux défis ren- contrés pour mettre en place un marché à terme, défis liés au coût rédhibitoire d’acquisition d’une solution de

compensation et à l’impossibilité légale de sous-traiter la partie informatique à une CCP 1 étrangère, nous avons décidé de développer, avec l’appui de notre Conseil, notre propre solution de compensation qui progresse de manière très satisfaisante. Je tiens à saluer ici le travail remarquable et le dévoue- ment des équipes de la Bourse, sans lesquelles nous n’aurions pu relever tous ces défis. F.N.H. : Comment se sont comportées les finances de la Bourse de Casablanca durant cette période ? K. H. : Malgré la chute importante des volumes que nous avons connue après la crise financière de 2008 et les événements qui ont perturbé notre région en 2011, la Bourse n’a pas connu un seul exercice déficitaire. Les fonds propres de la Bourse se sont même considé- rablement accrus depuis 2008, passant de 510 MDH en 2008 à plus de 700 MDH en 2019, malgré une distribu- tion exceptionnelle de réserves de 400 MDH en 2016. Cette réalisation doit beaucoup à la discipline budgétaire que nous avons mise en place, mais aussi à la diversifica- tion des revenus. En 2019, ce sont ainsi près de 20 MDH de revenus de la Bourse qui sont devenus indépendants des commissions de Bourse contre 2,2 MDH seulement en 2008, ce qui renforce la résilience de notre institution face à des crises comme celle que nous avons vécue en 2008 ou celle que nous vivons aujourd’hui. F.N.H. : Votre action s’est très vite heurtée à une certaine culture de faible transparence des chefs d’entreprises familiales réticents à rejoindre la Bourse. Le programme Elite a-t-il permis de contourner cet obstacle ? K. H. : Face à cette réticence qui est réelle, nous avons lancé, en partenariat avec le London Stock Exchange Group, le programme Elite, première initiative de ce genre en Afrique. Ce programme, qui vise à renforcer les capacités des PME pour les accompagner dans une nouvelle étape de leur croissance, a été un véritable succès opérationnel, avec 12 cohortes entre le Maroc et l’Afrique de l’Ouest et plus de 120 entreprises.

Plusieurs entreprises Elite avaient annoncé leur intention de s’introduire en Bourse en 2019 et des dossiers sont entre les mains de banques d’affaires. Nous sommes convaincus que plusieurs d’entre elles franchiront le pas de la cotation dans les années à venir. F.N.H. : Les trois dernières années ont été mar- quées par l’ouverture de la Bourse sur l’Afrique subsaharienne. Parlez-nous de ces expériences. K. H. : En effet, le rayonnement régional de la Bourse de Casablanca a été particulièrement visible durant ces trois dernières années, avec une contribution active de notre institution aux objectifs de l’Association des Bourses africaines (ASEA), dont nous avons assumé la présidence depuis novembre 2018. Afin d’améliorer la liquidité des marchés boursiers africains, l’ASEA a lancé une initia- tive, soutenue par la BAD, de connexion des 7 Bourses les plus importantes du continent. Enfin, une étude de l’ASEA, financée par la SFI, démontre l’apport des pri- vatisations au renforcement de la liquidité des Bourses africaines. Cette étude sera partagée avec les autorités de chaque pays. Nous avons aussi lancé avec succès le programme Elite en Afrique de l’Ouest, qui compte désormais 3 cohortes et une trentaine d’entreprises de la région dans le programme qui est géré en partenariat avec la Bourse de Casablanca. F.N.H. : Si vous aviez des suggestions à faire à votre successeur pour développer la Bourse de Casablanca, quelles seraient-elles ? K. H. : Mon successeur, Tarik Senhaji, connaît très bien les marchés de capitaux pour y avoir travaillé pendant plus de 20 ans, notamment à Londres. Je lui souhaite la bienvenue à la Bourse de Casablanca et ne peut que lui suggérer, dans le contexte actuel, de s’appuyer sur les équipes de la Bourse et de travailler étroitement avec les partenaires du marché pour préparer la prochaine étape de développement après la sortie de crise. ◆ (1) : Contrepartie centrale : infrastructure de marché qui s’inter- pose entre les acheteurs et les vendeurs sur le marché des capi- taux en devenant l’acheteur face aux vendeurs et le vendeur face aux acheteurs, permettant de réduire le risque de contrepartie.

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