Politique Paillettes - MYOP

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Patrick Marcolini, philosophe

«Nos idées sont dans toutes les têtes », clamaient les situa- tionnistes à la veille de Mai 68. C’est peut-être encore plus vrai aujourd’hui qu’à l’époque. Les journalistes, les experts, les sondeurs, les dirigeants, tous désespèrent : jamais les Français n’ont aussi peu cru en leurs représentants politiques. Et pas seulement les Français : ce phénomène de «désaffection», comme disent les commentateurs, touche la plupart des habi- tants des démocraties parlementaires. Les taux d’abstention atteignent des sommets, comme pour réaliser le vœu jadis formulé par Octave Mirbeau d’une «grève des électeurs ». Nombre de citoyens dénoncent un monde politique coupé des réalités et jugent illégitimes les dirigeants qui parlent en leur nom, c’est-à-dire à leur place. Les partis n’apparaissent plus comme des structures centrales de la vie démocratique mais au contraire comme des machines à propagande, où les militants sont réduits au rôle d’exécutants. La consangui- nité entre élites politiques et élites économiques, de même que les scandales politico-financiers, ne font que confirmer chaque jour un peu plus que nous vivons bien dans un monde où l’argent règne en maître. Les politiciens, devenus objets de marketing, sont tous calqués sur le même modèle – y com- pris ceux qui jouent aux rebelles ou aux outsiders, le rebelle

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