Politique Paillettes - MYOP

et l’outsider étant eux-mêmes devenus des rôles standardisés dans cette grande comédie. Plus personne ne se sent repré- senté et, si certains se réfugient dans ce «désespoir tranquille» dont parlait Thoreau à propos des masses modernes, une partie non négligeable de la population commence même à ne plus vouloir être représentée. Au lieu d’élire des professionnels de la politique dans le ciel lointain des institutions et des gou- vernements, on préfère, ici et là, s’investir dans des organisa- tions locales, à taille humaine, pour changer les choses quand c’est possible. On redécouvre ainsi le modèle décentralisé, horizontal, de la démocratie directe, où le pouvoir est partagé entre tous. C’est donc un peu comme si les théories situationnistes étaient devenues le sens commun populaire. Dans les années 1960, Guy Debord et ses camarades affirmaient que le plus important était de libérer la vie quotidienne, « pas seulement dans les perspectives de l’histoire, mais pour nous et tout de suite ». Cette libération devait se faire contre la politique qui n’était, selon eux, que le règne du pouvoir séparé. Planant au-dessus de la vie quotidienne qu’il prétend surpasser par « le geste ou le mot “historiques”, la “grandeur” des diri- geants, le mystère des spécialisations », le pouvoir est ce dont les citoyens ont été dépossédés, une chose que l’on contemple de loin et à laquelle on n’est associé que le temps d’une élection. La politique ne devrait donc pas être un domaine spécialisé, avec ses professionnels et ses experts, mais un registre de l’activité fondu dans tous les moments de la vie quotidienne qui nécessitent des choix collectifs. En ce sens, pour les situationnistes, le principe de représentation,

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