Politique Paillettes - MYOP

par les sociétés libérales de techniques de gouvernement issues de l’ex-URSS. La réalité contemporaine tend à lui donner raison, où l’on voit les hommes politiques faire la navette entre les institutions publiques et les conseils d’ad- ministration des grandes entreprises, tout en empruntant aux dirigeants soviétiques de jadis la langue de bois, l’idéal de « transparence » et la désinformation. « L’État “démocra- tique” est devenu plus étrange », écrit Debord peu avant de disparaître, en 1994. Sur le fond, le spectacle politique reste identique à lui-même. Il ne connaît pas de happy end . Une fois passées les élections, comme disait Vassili Rozanov : « La représentation est terminée. Le public se lève. Il est temps d’enfiler son manteau et de rentrer à la maison. On se retourne : plus de manteau ni de maison. » Dans cette grande pièce de théâtre, il ne manque plus qu’un deus ex machina . Les commentateurs craignent que ce soit le populisme avec sa rage antiparlementaire et antipolitique. Les situationnistes l’auraient sans doute formulé ainsi : que ce soit le Front national, Podemos ou Beppe Grillo, c’est toujours l’anti- parlementarisme des futurs parlementaires, l’antipolitique des politicards. Tous n’aspirent à changer le système que pour mettre à la place leur propre petit système. Alors, de cette proximité entre le sens commun populaire et la critique portée par Debord et ses camarades, doit-on déduire que Mai 68 est de retour? Méfions-nous des rapprochements hâtifs : l’Histoire ne se répète pas, et si l’on veut infléchir son cours, il faut faire preuve d’imagination. En 1961, les situationnistes écrivaient : «La révolution est à réinventer, voilà tout.» Chiche?

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