Politique Paillettes - MYOP

167 et une démonstration de force politiques, qui ne soient pas le fruit d’une esthétique, même si on a toujours pu s’y donner en spectacle. Dès lors, deux questions se posent : → Qu’est-ce qui a rendu possible un tel déploiement émotionnel et esthétique de la vie politique et transformé les citoyens en spectateurs politiques? → S’il existe bien une manière de devenir «spectateur de la poli- tique», distanciée, critique, ouverte sur un autre avenir, par quels processus les «spectateurs politiques» peuvent-ils devenir, eux aussi, des «spectateurs de la politique»?

Une inquiétude légitime

Certains commentateurs utilisent ces expressions «citoyen spectateur» ou «spectateur politique» pour désigner et critiquer les modalités de la vie politique actuelle, en l’occurrence de ses impasses. Ils se répandent dans la presse écrite, dans les médias de l’image, en opposant, catégoriquement, deux «classes» de citoyens : les citoyens décidément spectateurs et consomma- teurs, voués à la passivité et au formatage, et les «vrais» citoyens qui agissent et s’engagent dans des activités civiques. Ces expressions révèlent une inquiétude liée à uncertainhéritage théorique concernant la notion de citoyen-actif et à l’idée d’une politique qui exclurait l’esthétique parce qu’elle devrait procéder de la raison. La politique actuelle ne jouerait plus qu’avec le vieux couplage«démagogue-hystérisation»,moteurdudéchaînement des foules et de leur mimétisme. Le meeting politique se rappro- cherait du spectacle, pensé en termes d’aliénation, de perte, de

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