Politique Paillettes - MYOP

171 À supposer que ce processus devienne effectif, que le «spectateur politique» devienne «spectateur de la politique», que la politique soit pensée à partir de son rapport à l’esthétique, il n’en reste pasmoins vrai qu’il est difficile d’assumer pleinement la position de «spectateur de la politique». Concernant les images les plus typiques des meetings-spectacles – citoyens affublés de chapeaux et drapeaux, applaudissements et vociférations, l’estrade vue comme une scène,masques et ber- gamasques, etc. –, le photographe doit être considéré lui aussi comme un déclencheur de la situation. Non seulement sa pré- sence au meeting est prévue par les organisateurs, mais elle in- duit des attitudes de la part des participants.Ce n’est qu’à partir du moment où il cadre particulièrement ses images,parfois à partir du corpus des images politiques historiques, qu’il peut aussi s’écarter de ce que les politiques professionnels, les experts et les commu- nicants veulent lui «vendre». Où l’on voit bien que les expressions de «citoyen spectateur» et de «spectateur politique» n’ont pas vocation «naturelle» à servir de support à des propos politiques, sinon réactifs et nos- talgiques, rarement promoteurs. Elles ne renvoient pas à des essences ou des identités. Elles désignent des attitudes typées (passif ouactif, inattentif ou sérieux,pétrifiéou réfléchissant,etc.) de manière caricaturale. Or penser les formes de subjectivation politique permet de mieux comprendre comment se déploient des acteurs et des spectateurs de la politique. Cela est néces- saire pour nous éviter de regarder le monde contemporain sous un angle crépusculaire.

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