ne prend sens que si on le restitue dans le champ plus large des luttes politiques (espace, temps, finalité, nombre, etc.). Il n’est pas exclu que le meeting présente seulement une agrégation, un ef- fet de masse destiné à impressionner le public. Mais il est pos- sible aussi qu’il donne lieu à la mise en œuvre d’une arène poli- tique dans laquelle se déploient des enjeux légitimes, des valeurs agonistiques, des dramaturgies de la rencontre et des adhésions plus organiques, des significations imaginaires positives pour les transformations de la société. Dès lors, il convient de s’attacher à penser plutôt l’émancipation toujours possible du «spectateur politique» en «spectateur de la politique». Cela revient à valoriser simultanément en chaque citoyen deux ressources : le regard actif et l’action concrète. Le citoyen peut devenir à chaque instant spectateur de la politique afin de réfléchir, de prendre une distance critique. Notre histoire démocratique en expose plusieurs versions : le citoyen specta- teur de la Révolution française, le citoyen spectateur impartial d’Adam Smith, le «spectateur de l’histoire et de la politique» d’Emmanuel Kant qui, au droit d’une action (la prise de la Bastille, la chute de lamonarchie...), se fait observateur actif des signes du progrès dans le chaos des événements humains, sans se plonger dans l’action concrète.
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