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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 23 JUIN 2022
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Au Maroc, la pandémie a accéléré beaucoup de chantiers qui, par le passé, traînaient dans les agendas des différents gou- vernements. Je peux citer celui de l’assurance maladie qui est mis sur les rails. Le système de distribution des aides directes à la population démunie a pris beaucoup de retard. Il permettra de réduire quelque peu les inégalités sociales et sera un outil efficace pour lutter contre la déperdition scolaire, car l’aide accordée doit être liée à la pour- suite des études et le respect de certains éléments pour favoriser le développement humain. Il faut se focaliser sur le monde rural et les régions défavorisées où les déficits sociaux sont très importants. F.N.H. : Qu’en est-il du nouveau modèle de développement ? M. A. : Le programme du gouvernement comporte la mise en œuvre du nouveau plan de développement (NMD). Plusieurs ministres de ce cabinet ont siégé à la com- mission de Chakib Benmoussa pour l’élabo- rer. Ils connaissent parfaitement les dossiers et les chantiers sur lesquels ils doivent travailler. La commission travaille sur la base des acquis que le pays a cumulés durant les 23 ans du nouveau règne, comme les grandes réformes institutionnelles ou sec- torielles. L’Etat devrait déployer les moyens nécessaires pour la réalisation des axes stratégiques afin de garantir aux citoyens le plein et égal exercice de leurs droits fonda- mentaux économiques, sociaux, culturels et environnementaux, au même titre que leurs droits civils et politiques. Il est question aussi de garantir une offre de soins de santé de qualité couvrant l’en- semble du territoire et profitant à tous les citoyens. Il s’agit également de sécuriser leurs droits à une justice probe, fiable et protectrice de la dignité, des libertés et des droits fondamentaux des justiciables. Le NMD préconise d’assurer le droit aux citoyens à un service de transport collectif étendu, sûr et de qualité, de garantir l’accès à un logement décent et un cadre de vie digne et d’ériger l’accès à la culture et aux sports en causes prioritaires, en investissant dans les infrastructures, les équipements et la valorisation des talents. F.N.H. : Les projections fixées par les institutions nationales et internatio- nales sont-elles réalistes et réali- sables ? M. A. : Nous traversons une conjoncture très difficile marquée par beaucoup d'incer-
Le trend haussier de l’infla- tion devrait se poursuivre tant que les tensions géos- tratégiques sont maintenues dans une région réputée comme principale produc- trice des produits pétroliers et alimentaires.
titudes. Effectivement, tous les organismes marocains concernés par les prévisions, notamment le ministère des Finances, Bank Al-Maghrib et le haut- commissariat au Plan (HCP) ont été à plusieurs reprises contraints de réviser leurs hypothèses, le plus souvent à la baisse. C'est le cas aussi des institutions internationales comme la Banque mondiale et le FMI. Cette révision constante des projections impose de recouper les modèles utilisés dans de pareilles circonstances avec d'autres élé- ments déterminants pour pouvoir arriver à des chiffres proches de la réalité. Depuis le déclenchement de la crise sanitaire qui s'est traduite par une crise économique dans un environnement international flou, nous avons constaté que les prévisions sont devenues très fluctuantes par manque de visibilité. F.N.H. : Qu’en est-il de l’inflation ? M. A. : Si l’on se réfère aux chiffres officiels, l’inflation au Maroc se situe aux alentours de 5%. Elle est nettement inférieure à ce qui existe dans d’autres pays. La moyenne mondiale tourne autour de 9%. Elle est deux fois supérieure par rapport à l’année der- nière. Elle s’établit à 7,8% aux États-Unis et 7,2% dans la zone Euro qui sont nos grands partenaires. Le trend haussier de l’inflation a commencé juste après la pandémie et il s’est accentué avec la guerre en Ukraine. Il devrait se pour- suivre tant que les tensions géostratégiques sont maintenues dans une région réputée comme principale productrice des produits pétroliers et alimentaires. Ce conflit a infligé un choc majeur aux mar- chés des produits de base, perturbant les structures mondiales du commerce, de la production et de la consommation d'une
manière qui devrait maintenir les prix à des niveaux élevés dans les mois à venir, voire l’année prochaine. Selon les données relatives au marché mon- dial des produits de base, le blé et le pétrole sont actuellement tous deux environ 65% plus chers qu'il y a un an. Les prix des autres céréales sont également en hausse. Pour les pays importateurs, ces hausses de prix constituent un obstacle important à la crois- sance économique et aux moyens de sub- sistance, et peuvent susciter des tensions sociales et politiques. Net importateur des hydrocarbures et des produits alimentaires, notamment les céréales, le Maroc a été directement impac- té. L’inflation est nourrie par ces facteurs exogènes. F.N.H. : Quelles sont les marges de manœuvre du Maroc pour absorber le choc ? M. A. : Le plus important est d’assurer un stock stratégique avec des quantités suf- fisantes pour répondre à la demande. Que ce soit pour les produits pétroliers ou les céréales, il faut renforcer les réserves, diver- sifier ses fournisseurs et bien négocier les contrats pour faire face aux différents aléas. Pour le pétrole, il faut trouver une solution à la Samir. Notre pays a besoin d’un raffineur national. Les hydrocarbures sont achetés au prix fort dans le marché international. Si la Samir était opérationnelle, notre pays aurait pu épargner le coût du raffinage qui est estimé entre 10 et 20% du prix du carbu- rant, sans compter les avoir en devises, les emplois créés et les effets d’entraînement générés sur plusieurs activités. La Samir avait également un rôle important en matière de stockage et de stabilisation des prix. ◆
Si la Samir était opé- rationnelle, notre pays aurait pu épargner le coût du raffi- nage qui est estimé entre 10 et 20% du prix du car- burant.
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