ystème bancaire S
Banques participatives
Quel bilan après un an d’activité ?
Voilà déjà plus d’une année que l’activité bancaire, sous sa forme participative, est à l’épreuve du marché au Maroc. Les clients désireux de financer un projet d’acquisition (immobilier, automobile...) ont désormais le choix entre un financement conventionnel et un autre participatif.
M algré l’absence de l’assurance Takaful, élé- ment néces- saire au déve- loppement de la finance par- ticipative, les banques accueillent les clients et octroient d’ores et déjà les premiers financements «halal». Le bilan d’étape dressé par Bank Al-Maghrib, à fin juin 2018, est plu- tôt satisfaisant. Ainsi, au niveau du réseau, BAM recense 82 agences opération- nelles sur tout le Royaume, en indiquant que ces dernières se multiplient. En face, la Banque centrale fait état d’une produc- tion de financements s’élevant à 2,2 milliards de DH, à tra- vers trois produits : Mourabaha immobilière, Mourabaha auto et Mourabaha équipement. «Les gens s’intéressent de plus en plus à la Mourabaha immobilière et même à la Mourabaha automobile», avait d’ailleurs affirmé le wali, lors du point-presse post-Conseil monétaire du deuxième trimestre. Toujours à fin juin, 43.000 comptes ont été ouverts, tandis que les dépôts de la clientèle totalisent 1,1 milliard de DH.
Les banques manquent déjà de ressources Malgré cette embellie apparente et ces chiffres plutôt rassurants, les banques sont confrontées à un tarissement des ressources, ne parvenant pas à suivre le déve- loppement relativement rapide de l’activité. Les observateurs les plus avertis l’ont constaté à l’occasion des publications annuelles de ces banques, où les ressources clien- tèle sont ressorties limitées, alors que les banques font face à une forte demande de financements, freinant ainsi leur capacité de transformation. A la demande de financement de la clientèle, s’ajoutent les inves- tissements de départ relativement lourds. Certains établissements se sont dotés de sièges sociaux et doivent tous investir dans le
réseau et les systèmes d’infor- mation. Tout cela se finance par fonds propres. Les professionnels ne s’en cachent pas d’ailleurs. Mohamed Maârouf, Directeur général de BTI Bank, estime que ces banques peuvent financer le double de leurs dépôts. Mais, pour cela, les instruments de refinance- ment sont nécessaires. Même son de cloche de la part de Youssef Baghdadi, DG de Bank Assafa, qui soulève un risque de dépôts qui peut peser sur la compétitivité des banques participatives. Pour lui, ces établissements peuvent perdre en compétitivité si la collecte gra- tuite ne se développe pas rapi- dement, surtout que les banques conventionnelles ont appris à maî- triser le coût de leurs ressources. Le Takaful et les Sukuks se font encore attendre Au-delà de ce problème de res- sources, plusieurs chaînons manquent encore à l’écosystème participatif. La mise en place de financements participatifs, notam- ment Mourabaha et Ijara, suppose la disponibilité de produits d’assu- rances conformes à la Sharia. A ce jour, aucun produit de ce genre n’existe sur le marché. Même les entreprises d’assurances ne sont
Les banques sont confrontées à un tarissement des ressources, ne parvenant pas à suivre le développement relativement rapide de l’activité.
80 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]
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