Cannabis

ENQUÊTE CANNABIS

quatre ans de diagnostic rural participatif. A travers les plans communaux de développement, nous avons sou- tenu chaque commune pour lancer son propre plan de développement. Nous avons investi dans ce cadre 130 MDH sur quatre ans. Dans les communes enclavées, la présence de l’Etat est très faible. Il était donc question de remédier à cette lacune», rapporte Benomar. Pour piloter tout le programme, l’APDN dispose d’une équipe de 25 personnes, au niveau central, et il y en a d’autres dans chaque province, qui font le diagnos- tic local pour proposer des solutions sur-mesure, en concertation avec les élus et les acteurs locaux. «Cela a créé une dynamique nouvelle et qui marquait une nette rupture avec l’ancienne méthode», souligne Benomar. La nouvelle stratégie de l’APDN a mobilisé 2 Mds de DH sur la période 2013-2017. Cette enveloppe reste certes en deçà des besoins réels qui sont estimés à 30 Mds de DH, mais c’est déjà un pas de géant qui a été posé. Lutte contre la culture du cannabis : un his- torique et des enseignements

Khalid Benomar, directeur stratégie et planification à l’APDN.

Il y a eu trois phases en matière de traite- ment de la question du cannabis par l’APDN. De 2002 à 2005, c’était la phase de recon- naissance. Auparavant, il y avait une insuf- fisance de données chiffrées. Au cours de la même période, l’APDN a lancé une enquête sociologique sur le cannabis, notamment le mode vie des exploitants, leur revenu, et l’impact positif ou négatif sur la population. A partir de 2006, un programme pilote a été lancé dans les provinces de Larache et Taounate qui ne se sont mises que récem-

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et diversifiés. Cela nous rappelle une visite guidée de l’APDN en 2004, dans les provinces du Nord. A l’époque, tous les cadres rencontrés étaient issus de l’administration. La plupart d’entre eux étaient détachés d’autres ministères. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, et c’est tant mieux. Khalid Benomar, directeur stratégie et planification à l’APDN, nous a accueilli tout sourire dans les locaux de l’agence,

En 2005, on rapporte que le kif s’appro- chait de Moulay Bousselham, à une heure et demi de la capi- tale administra- tive.

à Tanger. Il était à l’heure précise avec son staff pour nous rencontrer. Sans langue de bois, ces personnes ont répondu à nos questions, d’une façon claire et précise. Benomar a, dès le départ, souligné qu’«il y a un dépha- sage de développement important entre le monde urbain et rural. A partir de 2009, les différents programmes lancés se sont focalisés en priorité sur le monde rural».

ment à la culture de cannabis. Les zones de culture du kif ont été divisées en trois catégories. Il y a les zones historiques, en l’occurrence Ketama, où le kif a une présence de plusieurs siècles, et où les exploitants sont en possession d’un dahir autorisant cette activité. Il y a des zones qui ont à leur actif moins de 50 ans d’activité dans le kif. En enfin, il y a les zones nouvelles qui ont moins de 20 ans. Il était donc urgent de bloquer la propagation des cultures, car le kif menace les autres filières agricoles ou le domaine forestier. En 2005, on rapporte que le kif s’approchait de Moulay Bousselham, c’est-à-dire à moins d’une heure et demi de la capitale administra- tive. L’APDN a ainsi lancé une étude, en partenariat avec la CDG, qui présente des businessplans pour une vingtaine de filières comme l’arboriculture ou le petit élevage. Il s’agit de proposer des cultures alternatives au kif ; des cultures à forte valeur ajoutée, pouvant

L’approche participative et locale est privilégiée

En effet, le revenu moyen des villes de Tanger ou Tétouan a atteint la moyenne nationale, alors que d’autres régions sont classées parmi les zones les plus pauvres du Royaume. C’est le cas des communes rurales proches de Taza, Guercif ou Taounate, qui ont le PIB par habitant parmi les plus faibles du Royaume. Il a fallu mettre à jour tous les programmes ruraux. «Auparavant, ils étaient faits dans le cadre d’une vision stratégique interministérielle. A partir de 2010, on a privilégié les approches participatives du terrain. Nous avons fait

14 I FINANCES NEWS HEBDO [ ENQUÊTE ]

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