Cannabis

ENQUÊTE CANNABIS

intéresser les agriculteurs. «Ce plan de cultures alternatives était très intéressant, mais sa mise en œuvre n’a pas abouti, pour plusieurs considérations. Il était plus politique pour justifier l’éra- dication du kif», souligne Benomar. Un autre programme intégré a vu le jour, et il concerne la période 2009-2011. Il a nécessité la contribution de dix départements ministériels ou administrations. Il a mobilisé 1 milliard de DH pour 600 projets ciblant quatre axes : les activités génératrices de revenu, l‘environnement, l’infrastructure et le soutien socioé- ducatif. L’évaluation des anciens programmes a poussé l’APDN a changé complètement d’approche. «Nous avons remarqué que toutes les approches initiées auparavant étaient verticales, ce qui voue à l’échec toutes les tentatives de reconversion. Il est difficile d’imposer par le haut le remplacement du cannabis par une culture vivrière», explique Benomar. La nouvelle approche de l’APDN se base désormais sur les filières porteurs au nord, en se basant notamment sur deux logiques : l’approche participative et la formulation locale des projets. L’initiative de la reconversion doit émaner des populations elles-mêmes. Les plans de développement provinciaux, arrêtés en concertation avec les autorités locales, notamment les gouverneurs, sont aujourd’hui opérationnels dans 11

provinces. Les résultats positifs mettront du temps à se dessiner, mais c’est le prix à payer pour aboutir à des solutions durables pour les paysans, qui ne demandent qu’une seule chose : vivre dans la dignité.  Moncef Amezane, cadre au département stratégie et planification de l’APDN.

Priorisation des projets les plus urgents Pour plus d’efficacité, l’Agence a eu besoin de rationaliser ses choix budgétaires et de prioriser les projets. Pour répondre aux besoins, l’APDN a sollicité les partenaires. Ce qui lui a permis de mobiliser 11 Mds de DH et de couvrir des objectifs encore plus ambitieux, conformément aux besoins de la population locale. Mais pour proposer des solutions, il est primordial de diagnostiquer les problèmes. A cet égard, l ’APDN a dégagé trois problématiques essentielles qui perturbent le développement du Rif. Il y a d’abord des zones qui ont besoin d’un désenclavement prioritaire. Cela concerne 17 communes rurales, comme celle de Béni Mansour, dans la province de Chaouen, qui ne dispose d’aucune route bitumée, ou Bouiblane,

essentiellement le recensement des besoins en matière d’infrastructures de base comme les routes, les dispensaires ou les écoles. La part de l’agence dans ce programme est de 500 MDH; celle des partenaires s’élève à 1,5 Md de DH», souligne Benomar. L’APDN a également remarqué qu’il y a des déficits sectoriels qui varient d’une province à l’autre. A Taza, par exemple, le retard se situe au niveau des écoles, notamment du fait que le terrain est accidenté. Dans cette région, la déperdition scolaire atteint des niveaux alarmants. Par ailleurs, les lacunes au niveau de la santé sont criantes. L’hôpital provincial de Taounate n’arrive pas à répondre à tous les besoins des habitants de la région. Il ne dispose pas de toutes les spécialités. Les habitants doivent se déplacer

Siège de l’APDN à Tanger.

vers Al-Hoceima ou Fès pour se soigner, avec parfois des trajets de 200 km. Dès lors, l’agence s’efforce de rattraper le déficit pour se rapprocher de la moyenne nationale, en mobilisant 2 Mds de DH pour ce programme.

dans la région de Taza, qui est inaccessible et ne dispose ni d’eau ni d’électricité. «Nous avons lancé le programme de mise à niveau territorial prioritaire qui traite exclusivement le désenclavement de ces zones ; un programme qui concerne

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